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Mallette Pédagogique Patrimoine du Gers

LES VILLAGES FORTIFIÉS DU GERS

L’organisation du territoire au Moyen Âge, un exemple en région Occitanie.

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Nous sommes en 1250, sous le règne du roi Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis. Tandis que ce roi très pieux participe à la septième croisade pour défendre la foi chrétienne, la paix règne sur la région après la croisade des Albigeois (1209-1229). Le roi de France a bien quelques possessions en Gascogne, tout comme le roi d’Angleterre, mais ce sont surtout les puissants comtes d’Astarac et d’Armagnac qui dominent ce vaste territoire. 

Dans le Gers comme dans une grande partie de l'Europe occidentale, le milieu du 13e siècle est une période de relative prospérité économique et démographique qui rend possible le début d’une phase de grands travaux qui durera jusqu’aux années 1330 : des villages sont fortifiés, on agrandit les églises, on construit, des halles pour les marchés, des villes neuves…

Les seigneurs voient d’un bon œil le développement de foires et marchés, qui les enrichissent. Aussi, pour attirer de nouveaux habitants et développer le commerce, les seigneurs accordent des chartes de franchises : ces documents octroient plus de libertés et de droits à ceux qui s’installent dans ces villes nouvelles. Ces chartes peuvent autoriser le fait de ne pas payer certains impôts, de choisir ses représentants, ou de rendre justice localement ; on les retrouve dans la plupart des agglomérations. 

Au 13e siècle, le système féodal disparaît au profit d’un régime seigneurial, où le pouvoir est partagé entre plusieurs niveaux de seigneurs selon un système très hiérarchisé. Peu à peu, les villes dirigées par des « bourgeois » (marchands, artisans), commencent à acquérir du pouvoir face aux seigneurs locaux. C’est un tournant majeur dans l’organisation du territoire.

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Vue de Lectoure depuis le clocher de la cathédrale. Poitou, Philippe (c) Inventaire général Région Occitanie

 

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La majorité des villages du Gers se sont développés au Moyen Âge. Seules trois villes médiévales sont d’origine antique : Auch, Eauze et Lectoure.

Certains villages naissent à proximité de bâtiments religieux, près d’églises paroissiales, de monastères ou d’abbayes. Cette première vague de constructions émerge en parallèle de la création de villages-châteaux : un seigneur local (plus rarement un comte) construit un château qui attire les populations alentours pour la protection offerte. Appelés castelnaux, ces villages constituent la grosse majorité des constructions médiévales du Gers. Ils sont implantés en hauteur, sur des reliefs stratégiques (un éperon rocheux, un plateau), près du château qui occupe la position la plus haute. Parfois le château est placé au centre du village avec un habitat organisé en cercles concentriques, comme à Larressingle ou Fourcès.

Au milieu du 13e siècle, un nouveau modèle de construction de villages se met en place : ce sont les bastides, créées autour de places de marché. En Gascogne, elles sont souvent fortifiées pour protéger le commerce qui y est favorisé. Outre cette logique économique, ce nouveau modèle a également une finalité politique : en attirant des habitants, en organisant des habitats et lieux d’échanges, le seigneur contrôle populations et territoires.
Fait remarquable : l’organisation générale des villages et des bourgs gersois des 13e-14e siècles est encore bien visible aujourd’hui, bien qu’ils aient connu, comme ailleurs, quelques transformations et reconstructions.

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Exemple du village de La Romieu construit autour de la collégiale. Maugendre David (c) Inventaire général Région Occitanie

 

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Au milieu du 13e siècle, émergent les bastides, un modèle de construction de villes bien particulier, très présent dans le Gers et le Sud-Ouest, qui témoigne d’une nouvelle vision de l’organisation des territoires.

Ce sont des villes neuves à vocation marchande. Toutes sont fondées sur un même modèle : une place du marché autour de laquelle s’organise une ville savamment quadrillée, aux rues rectilignes qui se coupent à angle droit, aux maison mitoyennes. Toutes ont des droits accordés par le seigneur et une charte de franchise et de coutumes pour garantir plus de libertés et attirer des nouvelles populations. Les halles et les maisons à couverts, qui sont construites autour de la place, complètent ce modèle mais plus tard, au début du 14e siècle.  

Cologne, fondée en 1284, conserve une magnifique halle dans son centre et des fortifications en partie préservées. Le plan des bastides est pensé pour organiser le village : ici, 4 rues principales divisent le village en 9 îlots réguliers, avec la place dans l’îlot central, particulièrement vaste. On peut y observer combien les habitants se sont progressivement accaparés un peu d’espace public en construisant sur la place, mais aussi dans les rues secondaires des « couverts ». Les couverts ou arcades, accueillaient et protégeaient les étalages des magasins situés au rez-de-chaussée. (attente réponse)

On notera que les fondateurs de bastides ont parfois donné des noms de grandes villes européennes florissantes à certaines (Fleurance, Valence, Grenade, Barcelone, Cologne…), pour insister sur leur vocation commerciale et les placer sous une bonne étoile !
 

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Montréal-du-Gers. Maugendre David (c) Inventaire général Région Occitanie

 

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Les routes du Moyen Âge

Il s’agissait de chemins, pas toujours bien entretenus ! Pour certains, on peut parler de grandes routes quand ils sont empruntés par des flux intenses de populations. Ces chemins-là étaient souvent positionnés sur d’anciennes voies romaines, ayant été elles-mêmes de grands axes de circulation entre les grandes villes de l’empire romain. 

La « grande route » génère donc un fort trafic qui dépend d’un grand nombre de facteurs : l’état de la voie, la possibilité de franchissements (gués, ponts, bacs sur une rivière…), la présence d’hébergements, de points commerciaux névralgiques sur l’itinéraire… Les péages, des zones d’insécurité ou des rumeurs d’épidémie pouvaient au contraire faire fuir les passants ! Les voies de communication étaient ainsi en perpétuel changement, un réseau vivant en quelque sorte…

Une destination renommée

Le pèlerinage de Compostelle atteint son apogée entre les 12e et 14e siècles ; il devient le troisième pèlerinage majeur de la chrétienté, avec Rome et Jérusalem. La pratique du pèlerinage est alors intense. Au 13e siècle, l’insécurité liée aux croisades détourne les pèlerins de Jérusalem vers Compostelle qui connait dès lors un essor marquant.

Les routes vers Compostelle

Il n’existait pas de routes spécifiques pour les pèlerins qui partaient pour l’Espagne : ils empruntaient les grandes voies de circulation, les plus sûres, celles où trouver un équipement hôtelier et hospitalier, où bénéficier de la protection de murailles la nuit venue, où demander l’aumône si nécessaire. La visite de sanctuaires renommés ou de reliques miraculeuses pouvant inciter aux détours.

Dans le Gers, deux grandes routes étaient possibles : au Nord, passant par Lectoure et Condom, la via Podiensis (depuis Le Puy-en-Velay), et plus au centre, passant par Auch, la via Tolosana (depuis Arles).

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Pèlerins sur une portion de chemin. Prost Gaëlle (c) Ville de Lectoure ; (c) Inventaire général Région Occitanie

 

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Courageux Jacquet !

Pas de trails au Moyen Âge ! Mais ceux qui s’engagent sur les chemins de Compostelle sont sportifs, car c’est une épreuve d’endurance qui les attend. Ces marcheurs partaient pour plusieurs mois ; une véritable aventure vers l’inconnu, sans GPS ou panneaux pour se repérer. Aussi, rejoignaient-ils les grandes routes très fréquentées, parsemées de monuments, véritables repères pour avancer d’étapes en étapes. Depuis 1998, trois monuments du Gers sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, au titre des Chemins de-Saint-Jacques-de-Compostelle en France :

Le pont d'Artigue, 13e siècle

L’origine de ce pont remonte au 13e siècle, au moment du transfert d’une des voies du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle de Mouchan vers le nord. Une commanderie de l’ordre espagnol de Santiago se trouvait à proximité du pont, comprenant notamment une église et un hôpital pour les pèlerins. Le pont a été reconstruit au 18e siècle.

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Pont d'Artigue. Boyer, Amélie (c) Inventaire général Région Occitanie

La collégiale de La Romieu, 14e siècle

L’ensemble collégial Saint-Pierre est l’œuvre d’Arnaud d’Aux de Lescout, fils d’un riche seigneur du village, devenu au fil du temps, et sous la protection de son cousin le pape Clément V, un cardinal très influent de la cour pontificale. Il fit édifier sa collégiale et le palais qui l’accompagnait en seulement 6 ans, de 1312 à 1318. La collégiale est un magnifique exemple du mécénat exercé par des dignitaires de la cour papale d’Avignon et dont la France méridionale fut la principale bénéficiaire.

L’histoire de La Romieu est par ailleurs liée au pèlerinage : le village se trouve à la jonction de la Voie Podiensis, qui vient du Puy-en-Velay, et du chemin qui arrive du sanctuaire Notre-Dame-de-Rocamadour. En 1062, deux moines pèlerins en provenance de Rome prolongent leur pèlerinage jusqu’à Compostelle. Ils font étape dans un petit bourg et décident de s’y arrêter pour fonder un prieuré, une sauveté et un hôpital. Les gascons du village les appellent les « Roumious », les pèlerins de Rome. Ils laisseront leur surnom à la postérité pour désigner ce village d’étape.

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Collégiale de La Romieu. Maugendre David (c) Inventaire général Région Occitanie

La cathédrale d’Auch, 15e – 17e siècles

La cathédrale Sainte-Marie s'élève sur l'emplacement d'une ancienne église romane du 1e siècle. Sa construction a duré 200 ans (1489 - 1680), ce qui explique la variété des styles : Gothique Flamboyant pour l'ensemble de l'œuvre, et Renaissance pour la façade encadrée de 2 tours d'une hauteur de 44 m. De dimensions surprenantes (100 m de long et 40 m de large), cette cathédrale est une des dernières cathédrales gothiques de France et l’une des plus riches. Ce monument impressionnant témoigne du rayonnement de la capitale historique de la Gascogne et de la puissance de son archevêché dont l'autorité allait des Pyrénées aux portes de Bordeaux.

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Cathédrale Sainte-Marie d'Auch. Boyer, Amélie (c) Inventaire général Région Occitanie

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Vue de la ville d'Auch. Boyer, Amélie (c) Inventaire général Région Occitanie

 

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