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Le plafond peint du palais vieux des archevêques

à Narbonne
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L’aile orientale du palais vieux des archevêques de Narbonne.

L’aile orientale du palais vieux des archevêques de Narbonne renferme, au premier étage, un plafond peint daté par dendrochronologie de la deuxième moitié des années 1210.

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Plan du palais vieux des archevêques de Narbonne.

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Elévation principale de l'archevêché vue depuis la place. Kérignard Marc (c) Inventaire général Région Occitanie

Cette période correspond à l’archiépiscopat d’Arnaud Amalric (1212-1225), plus connu pour ses faits de guerre lors de la croisade dite des Albigeois que pour ses qualités de bâtisseur. Pourtant, il fut à l’initiative d’importants remaniements architecturaux, transformant les bâtiments en un véritable palais à la mode du début du XIIIe siècle.

 

 

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Extrait d'un manuscrit conservé à la bibliothèque nationale de République Tchèque.

L'aula du premier étage

La pièce du premier étage de l’aile orientale a une superficie de 85 m².C’était l’aula du palais d’Arnaud Amalric, c’est-à-dire la salle de réception de l’archevêque. Elle devait être accessible par un escalier prestigieux desservant une grande porte (aujourd’hui bouchée) au nord-est de la salle.Dans l’angle sud-ouest, à l’opposé de la porte principale, une autre porte communiquait avec une galerie en bois, du côté de la cour de la Madeleine. Le plafond de la galerie devait être le prolongement du plafond intérieur et recevait probablement des décors peints.

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Escalier qui mène à l'aula.

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Galerie en bois du côté de la cour de la Madeleine.

Le mur ouest de la salle recevait des aménagements disposés de façon symétrique. Au centre, se trouvait une cheminée monumentale. Désormais détruite, il ne reste que son négatif intégré à la maçonnerie. De part et d’autre s’ouvraient deux grandes fenêtres géminées. Elles ont été en grande partie reconstruites dans les années 1950. De petits jours oblongs près des fenêtres assuraient un complément d’éclairage. Il fait peu de doutes que les murs devaient être recouverts d’enduits peints de différents motifs.

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Mur ouest de la salle de réception.

Le plafond peint

Le plafond est à une hauteur de 6 m. Il est constitué de 33 poutres en sapin disposées entre les murs est et ouest de la salle, déchargés par des consoles en bois. Deux rangs de closoirs (planchettes fermant un espace vide entre deux poutres) se superposent entre les consoles (en partie inférieure) et entre les poutres (en partie supérieure).

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Vue d'ensemble du plafond peint.

Les 126 closoirs sont le support principal du décor figuratif, mais 56 d’entre eux ont été entièrement repeints de façon maladroite dans les années 1950.

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Exemples de closoirs repeints dans les années 1950.

Bien qu’il s’agisse de l’aula du palais archiépiscopal, aucune peinture n’a de motif ayant une évidente signification religieuse. Il n’y a pas non plus de signe héraldique, devenant plus courant à la fin du XIIIe siècle : à Narbonne, Pierre de Montbrun (1272-1286) est le premier archevêque à apposer ses armes sur ses réalisations. Le décor a pour objectif de rendre la salle ostentatoire.
Le monde animal est représenté par d’abondants oiseaux, mais aussi par des lions affrontés et autres animaux exotiques.

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Exemples de closoirs d'origine qui représentent des figures animales.

En revanche, le thème végétal n'est représenté sous forme d'arbres que dans deux closoirs. Les poutres sont toutefois abondamment décorées de fleurs répétitives.

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Un closoir d'origine représentant un arbre.

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Comme souvent au Moyen Âge, quelques hybrides sont présents, entremêlant parties d'animaux et d'humains.

Plusieurs closoirs reçoivent des motifs géométriques ou des entrelacs.

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Exemples de closoirs originaux qui représentent des figures géométriques.

La représentation d’un éléphant avec une tour sur le dos, dirigé par deux cornacs, ainsi que la représentation d’une machine de guerre (mangonneau), peints peut-être après coup sur les poutres, semblent avoir un caractère commémoratif des exploits des archevêques. Les scènes de guerre violentes qui se distribuent sur les closoirs, comme ce guerrier en cotte de mailles qui tranche avec son épée la jambe d’un autre, semblent,elles aussi, avoir un caractère thuriféraire flatteur et allusif aux exploits guerriers des archevêques narbonnais de la première moitié du XIIIe siècle.

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Scène de guerre sur un des closoir d'origine.

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Éléphant avec tour sur le dos.

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Machine de guerre.

Crédits :

  • Textes : Julien Foltran et Georges Puchal
  • Photographies : RCCPM, Julien Foltran (c) Hadès, Marc Kérignard (c)Inventaire général Région Occitanie
  • Conception et carte : Christelle Parville, Direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie

Bibliographie

  • Bourin M., Puchal G. (dir.), Plafonds peints de Narbonne, Montpellier : Direction régionale des affaires culturelles du Languedoc-Roussillon, 2016.
  • Foltran Julien, Narbonne (Aude), palais des archevêques, étude archéologique du bâti, Rapport final d’opération, Hadès, SRA Occitanie, 2022.
  • Puchal Georges, « Nouvelles recherches pour l’interprétation de l’iconographie du plafond du Palais Vieux de Narbonne », « Cieli dipinti. Soffitti lignei n’ell Europa meridionale ». Atti del convegno internationale di Udine e Cividale del Friuli, nov. 2019. À paraître.