Vivre en ville près d’une abbaye

Les pays d’Aude du VIIIe au XVIe siècle
Par : Julien Foltran
Collection : Cahiers du patrimoine
ISBN : 979-10-93747-18-7
Date de parution : 2020

224 pages

A l'époque carolingienne, ce qui est aujourd'hui le département de l'Aude est en marge du royaume et appartient à une région tout juste conquise où les monastères furent considérés comme des relais du pouvoir. Bénéficiant d'immunités et de privilèges, consignés dans de précieuses chartes de fondation, les abbayes bénédictines des pays d'Aude ont été de grands centres spirituels et religieux. A la tête d'importants domaines, elles sont bien souvent devenues très influentes, tant sur le plan économique que politique. Les somptueux bâtiments conservés à Alet, à Caunes, à Lagrasse, ou encore à Saint-Hilaire, à Saint-Polycarpe, représentent aujourd'hui les meilleurs témoignages de cette puissance passée et sont à classer parmi les plus beaux monuments languedociens.

Ces abbayes ne sont pas restées isolées et, pour beaucoup d'entre elles, une agglomération existe encore près de leur enclos mais l'histoire de cette bourgade est souvent méconnue. C'est pourquoi Julien Foltran s'est intéressé à ces villes, révélant que l'abbé, à la tête des moines, exerçait un pouvoir civil sur les habitants et devait garantir leur sécurité, tout en ayant la charge d'assurer le salut de leur âme. En retour, c'est à l'abbaye que les habitants devaient s'acquitter de leurs taxes et redevances. Face à leur puissant seigneur et suivant un mouvement entamé en Languedoc dès le XIIe siècle, les laïcs formèrent des communautés afin de défendre leurs intérêts.

Dès lors, deux communautés distinctes aux intérêts parfois divergents, mais en constante communication, cohabitaient sur un même territoire : celle des religieux et celle des laïcs. Si les premiers vivaient et menaient l'essentiel de leurs activités dans l'enclos monastique, les seconds construisaient leur maison et travaillaient le plus souvent dans la ville qui était théoriquement interdite aux moines. Pourtant, les clercs pouvaient y posséder quelque bien immobilier. Il existe aujourd'hui dans ces villes suffisamment de vestiges pour appréhender le mode de vie de leurs habitants entre les XIIIe et XVIe siècles, comprendre les transformations urbaines successives, mais aussi pour mettre en évidence les matériaux et les techniques de construction.