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Les chroniques de la Grande Guerre : l'année 1917 Paragraphe Paragraphe niveau 2 Titre L'année 1917 TItre Janvier 1917 Corps Au début de janvier, le président des États-Unis, Woodrow Wilson, propose une paix aux belligérants. Les pourparlers se dérouleront une grande partie du mois. Une caricature de Woodrow Wilson avec Georges Clemenceau et David Lloyd George à la Conférence de paix de Paris (Noël Dorville, 1919), © Wikipedia.org La paixLe président Wilson souhaite une "paix sans vainqueur ni vaincu" alors que les belligérants ne veulent "une paix que par la victoire". Les conditions de chacun jugées inacceptables par l’autre partie, ce projet s’enlise. Pourtant, il entraîne de nouvelles aspirations dans la société : par exemple, la Société toulousaine d’Études, fondée en 1916, prépare l’après-guerre. Elle veut construire une usine spécialisée dans la construction d’appareils de manutention mécanique. Elle envisage même de l’équiper de machines pour pallier au manque de main-d’œuvre.ApprovisionnementÀ la demande du gouvernement, les compagnies de chemin de fer réduisent le nombre de trains de voyageurs pour remédier à la crise des transports. Cette décision fait de nombreux mécontents car, à l’époque, le transport ferroviaire est très utilisé. De plus, elle ne résout en rien les difficultés dans les échanges de produits, notamment dans le charbon, source d’énergie indispensable.Le manque de charbon entraîne la réduction de l’éclairage au gaz. Aussi, les intérêts des villes et des sociétés s’opposent-ils : Albi estimant avoir subi un préjudice par la suppression "presque complète" de l’éclairage public, demande à la Société Pyrénéenne le paiement d’environ 4 000 F. Quant au directeur de l’usine à gaz de Villefranche-de-Rouergue, il annonce le 20 janvier que faute de charbon, il fermera son usine qui ne produira plus de gaz : l’usine de Villefranche n’est pourtant située qu’à 50 km de plusieurs mines de charbon. Pour contenter le plus grand nombre, les charbonniers de Montpellier limitent à 10 kg les quantités de charbon livré aux particuliers. À Toulouse, la municipalité obtient que la société des Mines de Carmaux fournisse 1 000 kg de charbon par jour et par marchand et qu’ils le vendent par quantité de 25 kg à 1,50 F ou 50 kg à 3 F. Mais par manque de pétrole, la même compagnie informe sa clientèle que, ne pouvant plus assurer le camionnage à domicile, le charbon devra être à l’avenir retiré à son entrepôt.Dans l’Ariège, Foix rationne l’essence à 3 litres par famille, les distributions se faisant dans l’ordre alphabétique et le bon devant être payé au commissariat. Elle se prémunit contre tout mouvement social comme celui qui a éclaté au début du mois à Montauban : un commerçant ayant informé de la vente prochaine de pétrole a eu la surprise de voir se présenter à son magasin "une foule considérable" qui a causé des incidents comme "ceux qui s’étaient produits il y a quelques temps lors d’une vente de sucre".Les consommateurs demandent alors que soient instaurées des cartes d’approvisionnement de charbon. En réponse, Toulouse se rabat sur le bois et en achète de la forêt de Montech. Après accord avec les négociants, il est vendu dans la ville à 3 F les 50 kg, bois scié, et 3,50 F s’il est livré. Dans l’urgence, la ville envisage même d’élaguer les arbres des promenades pour chauffer les classes des écoles publiques car les élèves souffrent du froid rigoureux de janvier. Les quantités demandées étant alors importantes, le ministre de la Guerre prolonge les détachements de militaires travaillant dans l’industrie du bois (bûcherons, scieurs et autres).À cause de la diminution de l’éclairage public, les accidents se multiplient. Les autorités demandent de ne rien laisser dehors sur le trottoir, dans les coins sombres, "ni char, ni brouette, ni quoi que ce soit". Pour régler le problème de l’éclairage, au moins partiellement, les préfets constituent le 11 janvier des commissions départementales de dérogations aux dispositions portant réduction de l’éclairage au gaz et à l’électricité.La crise des transports accroît celle du sucre et les premières cartes de rationnement de cette denrée apparaissent dans quelques communes. Le gouvernement envisage leur extension sur le territoire national et décide la fermeture, les mardi et mercredi de chaque semaine, des pâtisseries et rayons de pâtisseries dans les boulangeries, épiceries, hôtels et restaurants.Localement, les Toulousains font face au problème de la qualité de l’eau qui contient de grandes quantités de matières blanches en suspension et qui est saturée d’éther. La municipalité répond que l’eau provient de la Poudrerie et que la compagnie a utilisé des conduites fermées depuis longtemps. Le problème va durer quelques temps encore.Enfin, en réponse à la vie chère, Montpellier crée le 13 janvier une triperie municipale. Située à l’extérieur de la halle de l’Observatoire, elle vendra des abats de bœuf, veau et mouton à des prix concurrentiels.Impôts et taxesLa guerre coûte cher et le gouvernement est à la recherche de ressources. Les taxes postales, télégraphiques et téléphoniques augmentent : par exemple, les cartes postales acheminées en France passent à 0,15 F alors que celles à l’étranger restent à 0,10 F grâce à une convention internationale. L’impôt sur le revenu augmente de 3 à 10% et la tranche de revenus affranchie de tout impôt est abaissée de 5 000 à 3 000 F pour une personne seule. Les bénéfices de guerre sont taxés à 60% à partir de 500 000 F de bénéfices imposables et les prix des produits suivants augmentent : cafés, cacao, poivre, piments, cardamomes, cassia, muscades, vanille, thé, mélasses et glucoses, boissons, spécialités pharmaceutiques. Les taux sur les voitures, chevaux, mules et mulets, billards, cercles de sociétés et lieux de réunion, garde-chasses sont multipliés par deux, une taxe de guerre sur les Français mobilisables exemptés, réformés, retraités avant le 1er août 1914 et non rappelés en active est créée et se monte à 12 F plus 25% de l’impôt sur le revenu. Est également créée la taxe sur les places de spectacles (théâtres, cinémas, music-halls…). Celles portant sur les mutations, les valeurs mobilières et les lots, sont en augmentation ainsi que les droits sur le sucre et le tabac. Un impôt de 14 % sur les chocolats ordinaires est prélevé (soit 14 cts par kg) et une nouvelle taxe apparaît sur les eaux minérales, de 2 à 6 cts par litre.ArméeGeorges Guynemer, "l’as des as" comme l’appellent ses camarades de l’escadrille des "Cigognes", en est à son 30e avion abattu, compte officiellement homologué, et l’armée ne manque pas d’en faire la promotion.Le gouvernement annonce la création d’un ministère de l’Armement et des Fabrications de Guerre : aussi, Albert Thomas qui n’était que "sous-secrétaire d’État chargé de l’Artillerie et de l’équipement militaire" devient-il ministre.Le service des chiens de guerre qui faisait partie de la direction de l’infanterie est rattaché, en fin de mois, au cabinet du ministre de la Guerre.Le gouvernement décide également de détacher de l’armée les soldats appartenant aux classes anciennes, mineurs de profession, pour activer le rendement des mines de charbon. La même mesure est appliquée aux soldats agriculteurs de la classe 1889 et des classes antérieures.Mais en janvier, ce sont les conseils de révision qui attirent l’attention des habitants de la région. Par exemple, à Sète, 303 jeunes sont examinés : 223 sont déclarés bons pour le service, 65 sont ajournées, 2 sont versés dans les services auxiliaires et 9 exemptés. On n’a aucune information sur les 4 restant.Mouvements sociauxÀ cause de la cherté de la vie, quelques grèves éclatent, notamment dans des usines produisant pour la défense nationale, ce que le gouvernement ne peut se permettre. Aussi établit-il au début de janvier, une procédure d’arbitrage pour résoudre rapidement les conflits et réglemente-t-il des taux de salaire pour les ouvriers et les patrons. C’est probablement cette procédure qui a limité au début du mois la grève des six ateliers de la filature de Roquecourbe (Tarn) à une journée. Cette industrie confectionnant des bas, tricots, chandails, chaussettes, gants, écharpes etc… est très productive. Le décret est pris le 18 janvier et, conséquence de cette décision, la Société des mines et usines de Decazeville accorde le 26 janvier une augmentation de salaire à ses ouvriers "en raison de la cherté toujours croissante des vivres".Bonnes œuvres et mutilésLes matinées et soirées artistiques, les tombolas et journées spéciales sont toujours des sources de financement pour les œuvres de guerre qui doivent être autorisées, depuis janvier par arrêté du ministre de l’Intérieur, à faire appel à la générosité publique. Celles du Tarn-et-Garonne reçoivent ce décret le 23 janvier.À Toulouse le bureau de bienfaisance de la ville distribue du bois à ses pauvres.Dans le Tarn, l’œuvre départementale de rééducation professionnelle des mutilés de guerre a, depuis sa création, secouru 261 mutilés : 132 ont reçu des prothèses et les 21 admis en décembre 1916 ont été équipés pour certains de bras articulés avec épaulière (2), avec en plus un crochet (1), 2 "radial", 2 "jambe et pilon", 1 "jambe articulée", 1 "gaine articulée pour jambe", 1 "pilon articulé", 2 "chaussures orthopédiques", 1 "ceinture pour éventration", 1 "œil artificiel", 1 "chevalet de travail"… Atelier de fabrication d’appareils de prothèse, © Archives départementales du Tarn TItre Février 1917 Corps L’hiver froid et les problèmes de ravitaillement rendent la situation sociale de plus en plus tendue car le long conflit met les économies de tous les pays en crise.À la fin du mois, en Russie, des manifestations éclatent et l’événement est d’importance pour l’histoire de ce pays car ces mouvements sociaux sont considérés comme étant le début de la révolution russe. Début de la révolution russe, février 1917, Auteur inconnu, © Wikipedia.org InternationalL’Allemagne déclarant la "guerre sous-marine à outrance", le 5 février les États-Unis, suivis quelques jours plus tard par la Chine, rompent leurs relations avec ce pays et l’Autriche-Hongrie.Les habitants de notre région manifestent leur joie à Toulouse, patriotiquement à Béziers…On commence de plus en plus à penser à l’après-guerre et à la reconstruction : le syndicat des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics de la région organise des cours gratuits de maçonnerie, taille de pierre, charpente… pour former les jeunes qui ne sont pas mobilisables.ArméeÀ la recherche d’économies, le ministre de la Guerre décide de réduire les rations de campagne des officiers, de supprimer les postes en surnombre et de réguler l’utilisation des autos ce qui permet de consommer moins d’essence. Il décide également de ne plus accorder de permissions de 24 heures aux militaires qui habitent loin du front ce qui économise du charbon et des transports.Le besoin de main-d’œuvre étant de plus en plus important, le gouvernement ordonne la réquisition des personnels spécialisés de 16 à 60 ans pour la défense nationale, les usines de guerre, les transports et l’agriculture.AgricultureL’agriculture a toujours autant besoin de main-d’œuvre. Aussi, les permissions de sept jours sont-elles étendues aux militaires agriculteurs à condition qu’ils soient propriétaires, métayers, exploitants ou fermiers et qu’ils présentent un certificat du maire. D’autres permissions, dites spéciales, d’une vingtaine de jours, sont accordées aux classes anciennes, 1892 et plus, et des mises en sursis d’appel ou des permissions de longue durée rendent les spécialistes (maréchal-ferrant, mécanicien, bourrelier, sellier, charron…) à l’agriculture.C’est également pour que les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants aident aux champs que le ministre de l’Instruction publique étend les vacances de février, du 19 au 22. Celui de l’Agriculture, lance le 21 février, l’appel à "la moisson de la victoire" qui consiste à ensemencer le blé partout où cela est possible. Aussi, le comité de culture des terres incultes de la Haute-Garonne demande-t-il aux propriétaires ayant des domaines incultes de se faire connaître.PénuriesEn février, les restrictions et les pénuries atteignent tous les domaines.Le pain est l’aliment de base et, d’après le gouvernement, "perdre du pain c’est perdre de l’or, perdre du pain c’est perdre des cartouches". Il prépare les mois de "soudure", avril-mai, époque difficile au cours de laquelle on termine les stocks de l’année passée. Aussi, le blé et le pain sont-ils l’objet de toutes les attentions. Pour inciter les agriculteurs à produire du blé, l’État accorde une nouvelle prime, de 20 F par ha de blé ensemencé en plus de l’an dernier. Il conseille le blé du Manitoba qui ne craint pas l’échaudage. Le gouvernement décrète ensuite que le pain qui doit être fabriqué avec de la farine blé mélangée au froment, maïs, seigle et orge, doit avoir au minimum 700 g et 80 cm. Il interdit la vente de tout autre pain, de brioches, croissants, biscottes fraîches… Les boulangeries ne peuvent plus travailler de 21 h à 5 h et le pain ne peut être vendu que 12 h après sa fabrication, bien rassis. Localement, la récolte de blé en 1916 s’avérant insuffisante pour assurer l’alimentation de la population, le préfet de la Haute-Garonne décide de faire l’inventaire des stocks et de réquisitionner tous les blés détenus par les agriculteurs, négociants et transformateurs ainsi que toutes les farines. Il interdit leur circulation sans un certificat de main levée de la réquisition ou un certificat du maire. La population dénonce aussitôt les boulangers qui vendent des stocks de farine à des prix élevés à des particuliers qui craignent d’en manquer.Le gouvernement décide de rationner le sucre à l’aide de cartes. Délivrées dans les mairies, annuelles, intransmissibles, elles donnent droit à 750 g par personne et par mois (trois coupons de 250 g). Carte de sucre, première page, © www.numismatique-31-81.com Carte de sucre, deuxième page, © www.numismatique-31-81.com Les coupons sont périmés s’ils n’ont pas été utilisés dans le mois courant. Établie par le ministre du ravitaillement, la carte est composée d’une première page qui comporte l’identité du fournisseur, celle du porteur et son adresse. La seconde contient les droits et devoirs du porteur et la troisième, 18 coupons pour six mois à raison de 3 coupons par mois. Les carnets sont aussitôt distribués, à la fin du mois pour le Gers.Autre mesure qui concerne le sucre et la farine, la fermeture des pâtisseries est étendue aux maisons de confiseries et de thé. Les préfets demandent aux particuliers de ne consommer ces jours-là ni sucre ni farine.Enfin, pour compenser le travail supplémentaire demandé aux institutrices et instituteurs à l’occasion de l’établissement des cartes de sucre, le préfet de la Haute-Garonne décide que la rentrée des classes se fera le vendredi 23 au lieu du jeudi 22 février ce qui étend les congés scolaires.À cause de la pénurie de charbon, le maire d’Auch informe la population de la diminution "très notable" de l’éclairage public et lance un appel aux habitants afin qu’ils réduisent le chauffage et l’éclairage. Si l’application de cette mesure mécontente à Bram les habitants, ceux de Plaisance-du-Touch demandent à la compagnie d’électricité, "la Pyrénéenne", des diminutions sur le prix de l’abonnement. À Béziers, les quantités livrées de charbon sont limitées à 50 kg et Toulouse restreint les horaires des tramways à cause du manque de charbon même si elle inaugure le 26 février une nouvelle ligne, indispensable, qui relie le centre de la ville à la Poudrerie de Baraqueville.À l’exemple de la suppression du train n° 3568 reliant à 6 h 30 Ax-les-Thermes à Toulouse, le ministre des Transports réduit encore le service des voyageurs. Les trains de marchandises sont également touchés et la mesure affecte l’approvisionnement de denrées, produits, presse… 5 000 tonnes de minerai de fer sont en souffrance à Port-Vendres faute de wagons. Pourtant, les deux sociétés qui en ont besoin travaillent pour la défense nationale. Faute de transport efficace, la chambre de commerce de la région toulousaine organise le 27 février l’acheminement de produits et denrées par tracteurs automobiles de Toulouse à Montréjeau, de Toulouse à Albi... Les demandes affluent rapidement.Parce qu’il est généralement leur seule source d’éclairage, utilisé dans les lampes à pétrole, le pétrole manque cruellement aux ruraux qui dénoncent certains excès : malgré son prix réglementé à 0,50 F le litre, il est vendu à 0,95 F et l’essence qui devrait être à 0,80 F le litre est vendue à 1 F. À Samatan, les habitants sont fort mécontents : ils ont perdu deux médecins, mobilisés, sur leurs trois. Le troisième est resté car il est âgé mais il ne peut plus faire ses tournées faute d’essence. "Pendant ce temps" disent certains, "les présidents des commissions de ravitaillement, les gros profiteurs de guerre, les accapareurs qui la vendent 120 F les 100 litres en ont à satiété".Les restrictions touchent tous les domaines même celui de la restauration : le gouvernement interdit le 15 février de prendre plus de deux plats dont un seul de viande au cours d’un même repas. En dehors de ces deux plats le client peut consommer un potage ou un hors-d’œuvre limité à quatre choix, plus un fromage ou un dessert. Afin de réduire la consommation de farine, du lait, des œufs et du sucre, l’entremets est supprimé et le menu du jour ne doit comprendre pour chaque repas pas plus de deux potages ni plus de neuf plats.Pour "ménager les ressources", faire des économies, les préfets limitent l’ouverture des salles de réunion, spectacles, théâtres, concerts, music-halls et cinématographes au jeudi et au dimanche en matinée et soirée et au samedi en soirée seulement. À l’occasion du Mardi-Gras, le préfet de l’Ariège autorise exceptionnellement l’ouverture des théâtres, concerts… pâtisseries… reportant le jour de fermeture au jeudi suivant.Le ministre du commerce, de l’industrie et des PTT pour des raisons d’économie et par manque de personnel, ferme les bureaux de poste une heure plus tôt, 19 h en ville, 18 h dans les campagnes.À Toulouse, en raison de la pénurie de main-d’œuvre, le maire demande à ses administrés de balayer la neige tombée sur les trottoirs, de casser la glace des caniveaux, d’éviter de jeter de l’eau sur les trottoirs et de répandre de la sciure ou de la cendre sur le verglas.Enfin, le gouvernement décide de recenser les stocks de cuivre nécessaires à la défense nationale : seront inventoriées et achetées 4 F le kg, les quantités supérieures à 50 kg, quantité choisie parce que la plupart des alambics pèsent de 50 à 100 kg. Cette décision permet en effet de lutter, comme les différents gouvernements le font depuis le début de la guerre, contre l’alcoolisme. TItre Mars 1917 Corps En ce mois de mars, quatre événements retiennent l’attention : ce qui n’était présenté que comme une grogne sociale devient une révolution en Russie ; les États-Unis se préparent à la guerre ; le gouvernement Briand en France démissionne et le pays passe à l’heure d’été : l’heure légale est avancée de 60 mn dans la nuit du 24 au 25 mars, à 23 h.InternationalCe qui n’était au début du mois présenté dans un article du Daily Telegraph que comme "quelques vitres brisées et quelques boulangeries pillées" à Petrograd, conséquence de problèmes d’approvisionnement, est reconnu le 8 mars comme une révolution. Les informations tiennent alors en haleine nos concitoyens : les mutineries puis les arrestations sont rapportées, le tsar Nicolas II abdique le 15 mars puis est arrêté avec la tsarine, le gouvernement provisoire est rapidement reconnu, le 22 mars, par les alliés et félicité par le pape. On se demande quel régime va être mis en place, république ou empire ? On craint par-dessus tout que la Russie se retire du conflit. Nicolas II, en mars 1917, peu après la révolution qui a entraîné son abdication, Auteur inconnu, © Wikipedia.org Dans le même temps, les États-Unis se préparent à la guerre : ils annoncent que leurs bâtiments marchands ouvriront le feu contre tout sous-marin hostile et engagent la construction de 1 000 navires. Quelques jours plus tard, le 20 mars, l’ordre de mobilisation de la milice est envoyé à tous les États de l’Union.FranceLa démission du général Lyautey, le 14 mars, entraîne celle du cabinet Briand. Il est remplacé le 20 mars par le gouvernement d’Alexandre Ribot : pour la première fois en France, une femme est attachée à un cabinet ministériel car Jeanne Tardy fait partie du sous-secrétariat d’État aux Finances.ArméeEn mars, les jeunes gens de la classe 1918 fêtent comme il se doit leur départ pour la caserne. Même s’ils sont un peu bruyants, cette journée est bien vécue par la population.Quelques-uns pourront choisir leur régiment et leur arme : le ministère de la Guerre organise le 5 mars une session spéciale pour l’examen du brevet d’aptitude militaire. Il comprend deux marches de 24 km, une épreuve de tir au fusil Lebel, neuf exercices d’éducation physique et une interrogation sur la topographie et l’hygiène.Enfin, le ministère informe les familles de militaires qu’à partir du 16 mars les colis qu’elles leur enverront seront acheminés gratuitement par les compagnies de chemin de fer.Agriculture Le conseil général de la Haute-Garonne demande au ministre de la guerre d’augmenter le nombre de prisonniers travaillant dans l’agriculture car les "ouvriers espagnols deviennent trop exigeants" et les militaires ne sont pas en nombre suffisant. La collectivité demande aussi des tracteurs au ministre de l’Agriculture. À la recherche de main-d’œuvre, le comité d’action patriotique du Gers lance un pressant appel aux hommes de 16 à 60 ans pour qu’ils consacrent une demi-journée par semaine à des travaux agricoles.Quant aux hommes des classes 1888 et 1889 mis à disposition par l’armée, le gouvernement veut les identifier par le port d’un brassard bleu clair. Formé d’une bande de drap bleu clair repliée, piquée à cordon et coupée en forme de fuseau, le tout d’une longueur de 485 mm, le brassard est muni à l’une de ses extrémités de la boucle dite "Malakof", en fer verni noir.Pour protéger les récoltes, les préfets autorisent d’avril à juin la destruction d’oiseaux et de nids de corbeaux, pies et geais qui font des dégâts importants et l’abattage de canards sauvages et gibiers d’eau au mois de mars. Mais les autorités s’attendent à ce que les prochaines récoltes de céréales soient déficitaires. Aussi, décident-elles de porter la prime au blé, de la récolte de 1917, à 7 F par quintal.ÉconomieÀ cause de la hausse exagérée des beures et fromages, les autorités réglementent les prix à partir du 5 mars : par exemple, le beurre fermier est à 4,80 F le kg, le fromage d’Oust façon Camembert, la grande boîte à 1,10 F.Pour le pain, déjà réglementé, les procès-verbaux pleuvent à Villefranche-de-Rouergue et dans toutes les villes de la région contre des boulangers qui le vendent frais et pour d’autres infractions sur sa fabrication et sa vente. La carte du pain est à l’étude au ministère du ravitaillement. Le conseil général de la Haute-Garonne vote le 16 mars la somme de 1 million de francs pour l’achat de 120 000 quintaux de maïs car "il faut remplacer le blé par le maïs".Les pommes de terre sont également surveillées - leur prix est réglementé à 0,45 F les 2 kg - et protégées : comme ses collègues, le préfet du Tarn interdit la sortie de pommes de terre hors du département sauf pour des quantités inférieures à 300 kg. Aussi, les habitants des départements déficitaires comme l’Ariège se plaignent-ils de l’arrêté du préfet de la Haute-Garonne, département pourtant excédentaire.La diffusion des carnets d’approvisionnement en sucre rencontre quelques difficultés car, comme à Toulouse, ils sont tardivement délivrés, le 21 mars. Ce n’est pas le cas dans l’Ariège mais il ne manque plus que la précieuse denrée : elle est parvenue à Toulouse par le canal du Midi et on cherche des wagons pour la transporter dans les localités du département.Les quantités de charbon reçues sont faibles par rapport à la demande et les quelques tonnes sont rapidement vendues par les négociants. La pénurie et la consommation considérable des usines travaillant pour la défense nationale favorisent la production de bois et de charbon de bois qui augmente significativement. Aussi, est-il demandé aux propriétaires de faire le plus de coupes possibles ou d’autoriser les municipalités à les faire.Dans l’ensemble, le ravitaillement des grandes villes pose problème : on trouve difficilement du lait, du sel, des beurres et fromages, des œufs, des pommes de terre (à cause de gelées), du sucre, du vin, du blé, des farines, du charbon, du pétrole… La faute en incombe essentiellement aux accapareurs, spéculateurs, fraudeurs et à l’augmentation des prix. À Villefranche-de-Rouergue, la compagnie électrique de la Sorgue et du Tarn, réduit de 1/3 le nombre de lampes destinées à l’éclairage public et à Montauban, même les allumettes manquent.MunicipalitésParce que l’eau distribuée à Toulouse est impropre à la consommation, le préfet demande qu’elle soit filtrée à travers un linge puis portée à ébullition avant toute consommation. La mairie informe les personnes, de plus en plus nombreuses, qui vont s’approvisionner à la fontaine dite "de la Béarnaise" que cette eau est aussi impropre à la consommation. Les mécontents baptisent ironiquement le liquide distribué par la ville "la mixture des Pompes funèbres". Le 23 mars, la préfecture annonce que la construction de l’aqueduc qui amènera l’eau à la Poudrerie et à Toulouse et les installations nécessaires à son traitement devraient être terminées en mai prochain.À Foix, la mairie informe de l’enlèvement des ordures ménagères et interdit dorénavant de les jeter sur la voie publique. Déposées dans des boîtes elles seront enlevées chaque jour pour certaines rues, tous les deux jours pour d’autres et deux fois par semaine pour les dernières.Bonnes œuvresSuite à la cherté de la vie, l’hôpital auxiliaire n°202 de la Croix-Rouge demande une aide exceptionnelle à Gaillac. Mais généralement, les œuvres se financent en organisant des tombolas comme à Gaillac, des journées comme celle des "tuberculeux de la guerre" fixée au dimanche 18 mars ou des concerts, des conférences, des expositions - à Montauban - de trophées de guerre. Parfois, des arbres sont vendus comme encore à Gaillac, pour l’hospice.Le comité aveyronnais de renseignements aux familles rend compte de ses activités : il a expédié gratuitement aux prisonniers depuis sa création en novembre 1915 jusqu’au 1er janvier 1917, 39 200 colis comportant des petits vêtements (chaussures, linges, etc…), des effets militaires (capotes, pantalons, képi…), du pain de guerre, des vivres (chocolat, conserves, lait concentré etc…). Il lance un appel pressant à la générosité de chacun tout comme le comité de l’œuvre des mutilés de la Haute-Garonne qui annonce avoir récolté depuis le début de ses activités, 85 892 F ; 46 673 F ont servi à appareiller (prothèses, outillages…) 463 mutilés. TransportsSi de plus en plus de trains sont supprimés, le plus souvent ce sont des arrêts en gare qui ne sont plus effectués comme à Bram qui n’est plus desservi par les express B-6 et 102. Entre Toulouse et Paris, les autorités informent que seulement quatre trains relieront ces deux villes. Le trajet durera de 12 h 30 à 14 h.Aussi, l’amicale des commerçants de Toulouse proteste-t-elle énergiquement contre ces mesures apportées dans l’organisation des transports car elles troublent "la loi de l’offre et de la demande", rendent "les échanges plus difficiles" et facilitent "l’accaparement et la spéculation". Les gens se plaignent également du retard des courriers dû aux nouvelles restrictions imposées par le service postal : dans certains villages les nouvelles et les communiqués officiels ne sont même plus affichés. TItre Avril 1917 Corps Le 6 avril, les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne suivis le lendemain par Cuba. Aussi, le gouvernement français ordonne-t-il aux préfets de pavoiser le 8 avril les monuments et édifices aux couleurs de l’Amérique.Le 16 avril, un char d’assaut français participe pour la première fois aux combats, ceux de l’offensive au Chemin des Dames. Premier char de l’armée française, char Schneider CA1 qui a participé le 16 avril 1917 à l’offensive du Chemin des Dames, © Commons.Wikimedia.org ArméePour les futurs militaires désirant servir comme cyclistes plantons, agents de liaison ou mieux cyclistes combattants, l’Union vélocipédique de France organise un brevet militaire à Toulouse le 9 avril. Le départ est donné à 14 h 30 "de la borne kilométrique n°3 après le passage à niveau de Saint-Agne" vers Carcassonne et les 50 km doivent être parcourus en moins de 2 h 30. Cycliste représenté sur la frise du monument aux Combattants de la Haute-Garonne, © Région Occitanie Pour les militaires en permission, le ministre de la Guerre leur donne l’autorisation de travailler dans les usines de guerre.RestrictionsAu début du mois, le gouvernement recense toutes les céréales nécessaires à la fabrication du pain. Des essais sont réalisés en vue de mélanger d’autres farines à celle du blé. À Toulouse le prix du pain est réglementé à 0,50 F pour les flûtes de 900 g au moins et le pain "boulot" de forme ronde est vendu en 1,2 kg, 2,4 kg ou 4,8 kg.Les autorités adaptent les carnets de sucre aux cas particuliers, aux mariniers toujours en déplacement, aux militaires permissionnaires ou aux pensionnaires et demi-pensionnaires des établissements éducatifs. La quantité de sucre est proportionnelle à leur temps de permission. Nos prisonniers de guerre auront 250 g par mois. Si la carte de sucre donne droit à une certaine quantité, il faut tout de même qu’il y en ait ce qui n’est pas encore le cas dans le Gers ou à Bagnères-de-Luchon : le 4 avril, la ville reçoit seulement la quantité de la période du 21 au 31 mars.Depuis la suppression du prix réglementé de la pomme de terre, son coût augmente significativement et elle devient rare. Les protestations des producteurs, des négociants et surtout des consommateurs amènent le gouvernement à suspendre, le 13 avril, cette mesure.Constatant la diminution des arrivages de viandes congelées et la baisse du cheptel bovin français (il passe de 14,5 millions en 1914 à 12,5 millions en 1917), le ministre du Ravitaillement interdit jusqu’au 1er juin, la consommation de la viande le jeudi dans les lieux de restauration. Les boucheries, triperies, charcuteries sont alors fermées ce jour ainsi que les abattoirs, du mardi 23 h au vendredi 6 h. Ce décret est remplacé par celui du 25 avril, qui interdit la consommation de viande aux repas servis après 18 h sauf les dimanches et ferme les boucheries, charcuteries, triperies, rayons de viandes… tous les jours à partir de 13 h. Ces "mesures restrictives [qui] ne sont appliquées qu’à la population civile", mécontentent les ouvriers qui travaillent la nuit dans les usines de guerre, celle par exemple qui fabrique jour et nuit des obus à Foix. Dans l’Ariège, le préfet demande à la population de modérer ses besoins en "viande bovine réservée aux armées" en lui substituant autant que possible la viande de mouton.Le gouvernement annonce des restrictions sur l’essence en réservant des "bons de consommation" aux services et transports publics et à la défense nationale et des "cartes d’essence" aux particuliers (chauffage, éclairage). Dans ce cas, la carte est établie par le commissaire ou le maire et une même famille ne peut obtenir qu’un litre par quinzaine. Les "cartes d’essence" destinées aux propriétaires de véhicules à moteur, délivrées en préfecture, sont valides trois mois et coûtent 2 F. Les 10 litres quotidiens sont rapidement limités à 40 litres par semaine.Les mines du Nord étant en territoire occupé, la production de charbon est de seulement 20 millions de tonnes : les grands réseaux de transport ferré absorbent à eux seuls la production mensuelle de Carmaux. Si la compagnie du Sud-Ouest arrive encore à fonctionner, avec grande difficulté, ce n’est pas le cas de nombreux réseaux secondaires.Face au mécontentement de consommateurs et du syndicat de l’alimentation, le ministre du ravitaillement autorise un plat d’abattis dans les restaurants en sus des neuf plats réglementaires. En revanche, il interdit la fabrication et la mise en vente de pâtisserie fraîche, celle qui doit être consommée dans les quatre jours de sa confection.MunicipalitésLa boucherie municipale de la halle Victor-Hugo rencontrant un grand succès, le maire de Toulouse informe la population qu’une deuxième sera ouverte le 7 avril au marché des Carmes et livrera des viandes de qualité à 0,20 F au-dessous des prix réglementés. La municipalité participe le 27 avril à l’inauguration de l’École de l’industrie hôtelière située au 16 rue Saint-Etienne légué à la ville par le banquier Théodore Fulgence Ozenne : l’école doit former toutes les professions de l’hôtellerie, du directeur au garçon de restaurant.Quelques décisions mécontentent les habitants : Toulouse souhaite ensemencer la pomme de terre sur les terrains vacants qu’elle possède, notamment sur la Prairie des Filtres en bord de Garonne. Mais les Toulousains craignant qu’à la première crue, le précieux tubercule disparaisse, demandent plutôt d’ensemencer de la luzerne à cet endroit.À Auch, le maire doit faire face au mécontentement de la population parce qu’il décide de supprimer l’éclairage public au gaz pendant l’été même s’il le remplace aux carrefours dangereux par des lampes électriques. Il subit également les plaintes des habitants qui s’opposent à la décision des laitiers de la ville de ne plus distribuer de lait car le prix réglementé est inférieur au prix de revient.Main-d'œuvre"L’office toulousain pour la main-d’œuvre féminine pour la guerre" répondait depuis décembre dernier à la recherche de main-d’œuvre féminine. En mai, sont créées "l’association pour l’enrôlement volontaire des Françaises au service de la patrie" puis "l’office central de l’activité féminine" qui poursuivent le même objectif : ils informent toutes les ouvrières françaises des demandes d’emplois des Poudreries de Toulouse, Angoulême et Bergerac qui assureront le transport gratuit et donneront des facilités pour la nourriture et le logement. Femmes perçant à la Poudrerie, des pièces de machines, © Archives.toulouse.fr À Toulouse encore, l’atelier-école d’apprentissage créé en septembre dernier informe que depuis, "613 apprentis des deux sexes" ont été formés et travaillent aux usines pour la défense nationale comme ajusteurs, taraudeurs, tourneurs, soudeurs… L’école a récemment ouvert ses portes aux mutilés de guerre.TransportsDe nombreuses personnes s’inquiètent du sort des leurs, prisonniers en Allemagne. Le bureau du Secours de Berne (Suisse) les informe que dans tous les pays, les difficultés de transport et le manque de personnel ralentissent toutes les communications.C’est à cause de la suppression quasi totale des transports par voie ferrée que le canton de l’Isle-en-Dodon se dit "abandonné" car plus rien n’arrive.Dans l’Ariège, le conseil général vote un crédit de 300 000 F pour l’achat de 10 fourgons qui serviront au transport de blé, pétrole et autres matières nécessaires à la population et celui de la Haute-Garonne demande le doublement du nombre de wagons sur les lignes du réseau du Midi qui n’en compte actuellement que 5 100.En revanche, le conseil général du Tarn-et-Garonne refuse de payer 24 000 F à la compagnie des tramways du département qui prétexte les pertes subies par fait de guerre. Il conteste également de devoir participer à l’indemnité de cherté de la vie que la compagnie accorde à ses agents. Le conseil général de l’Ariège accorde le relèvement des frais accessoires des tramways départementaux sur les lignes de Tarascon-Auzat et des réseaux Lèze-Arize et ceux du Saint-Gironnais. TItre Mai 1917 Corps Le 1er mai n’est pas chômé à la demande des syndicats et de la SFIO qui considèrent comme prioritaires les productions de guerre. Mais la vie chère et les ravitaillements de plus en plus difficiles entraînent de nombreuses grèves.Au front, des mutineries répondent à l’échec des offensives du général Nivelle : 68 des 112 divisions sont touchées, 629 soldats sont jugés et 50 d’entre eux seront exécutés. Ferdinand Foch originaire de l’Occitanie, né à Tarbes en 1851, est nommé chef d’état-major en remplacement du général Pétain.Les blessésLes blessés arrivent toujours en grand nombre dans les villes de la région, près de 200 à Pamiers le 2 mai, un "convoi important" à Auch le 10, mais aussi dans le Tarn, le Gers… Leur arrivée est source d’activité et de revenus pour la cité et les habitants d’Eauze sont contents que "la vie [renaisse] dans notre hôpital" avec le dernier convoi : aussi le comité au secours aux blessés informe-t-il des besoins et des quêtes à venir. En revanche, les autorités de Montréjeau se désespèrent et demandent des blessés car l’hôpital de Gourdan-Polignan est "grandement inoccupé".PénuriesLe gouvernement réserve les cartes de charbon aux Parisiens car il considère qu’eux seuls rencontrent des difficultés d’approvisionnement. Il décide d’améliorer la production, qui stagne à 2 millions de tonnes par mois, en mettant en sursis les jeunes mineurs mobilisés des classes 1907, 1908 et 1909. Dans l’Ariège, les services du préfet recensent les quantités de charbon supérieures à 1 000 kg chez les industriels, les commerçants et les particuliers.Le prix réglementé des beurres est supprimé car les autorités considèrent qu’il n’y a plus de problème d’approvisionnement. Mais, rapidement, les prix s’envolent, de 4,80 F le kg ils passent à 5,40 F. Le beurre qui devient à nouveau rare fait de nombreux mécontents.Les restrictions imposées aux pâtissiers sont étendues aux biscuitiers-pâtissiers qui devront concevoir des gâteaux sans farine autre que la farine de riz. Les petits fours subsistent ainsi que les gâteaux aux pâtes de fruits. Pour les boulangers, afin d’éviter toute augmentation du pain, les préfets réglementent les prix des farines maintenant nécessaires à sa fabrication : dans la Haute-Garonne, la farine de froment est fixée à 45,25 F les 100 kg et la farine de maïs à 63,75 F le quintal.Pour répondre à la crise du papier et à sa rareté, le gouvernement décide de réduire le nombre de pages des quotidiens en fonction de la superficie de la première page au 31 juillet 1914 : par exemple les quotidiens d’une superficie supérieure à 0,2137 cm2 seront limités à deux pages les lundis, mardis, jeudis et samedis, quatre les autres jours. La commission interministérielle de la presse décide de supprimer le service gratuit, essentiellement tous les journaux qu’elle offrait gratuitement aux préfectures, tribunaux, mairies, gendarmeries…Le ministre du ravitaillement autorise exceptionnellement la saccharine dans la préparation de vins mousseux et vins de liqueurs seulement.Le gouvernement informe le 10 mai de nouvelles mesures concernant la viande : elle ne sera plus interdite le soir mais, du 15 mai au 15 octobre, deux jours par semaine. Il conseille les lundis et mardis mais laisse le choix aux préfets en fonction des jours de foire et autres. Des dérogations sont possibles en ce qui concerne les malades et la viande de cheval est autorisée tous les jours. Aussitôt les syndicats professionnels demandent au ministre du Ravitaillement d’assouplir ces mesures alors que les comités consultatifs d’action veulent, comme celui de la Haute-Garonne, les renforcer. Les boucheries et les charcuteries devront être fermées deux jours par semaine ainsi que les abattoirs, du samedi 23 h au mardi 6 h.Les cartes d’essence sont délivrées à Foix pour le chauffage et l’éclairage domestique aux seules familles qui ne reçoivent pas l’électricité. Et à Villefranche-de-Rouergue, 0,10 F sont demandés pour l’établissement de ces cartes.Mouvements sociauxDus à la vie chère, des mouvements sociaux éclatent vers le 13 mai en Angleterre, notamment dans les usines à munitions ce qui inquiète le gouvernement anglais.En France, la vie est chère et les salaires n’ont pas évolué. Quelques entrepreneurs versent des "indemnités de vie chère" à leurs employés mais ils sont peu nombreux. Aussi, des grèves éclatent-elles, essentiellement à Paris : grèves des midinettes couturières, des salariés de grandes banques ou d’établissements de crédits, des modistes, des ouvrières cartouchières, des bouillonneuses (serveuses, plongeuses, cuisinières…), des employées de grands magasins ou de l’alimentation, des bouchers, des ouvrières des lampes électriques des sociétés Iris et Ziem, des cordonnières, des plumassières, des ouvrières des boutons militaires et des jumelles… Les grévistes sont rapidement rejoints par une quinzaine de nouvelles corporations (repasseuses, blanchisseuses, dévideuses de coton, bobineuses…). Les grèves s’étendent rapidement à la France.Au début, les revendications portent sur les indemnités de vie chère – les midinettes obtiennent 1 F par jour, les employés 1,25 F – puis les grévistes demandent l’amélioration des conditions de travail, l’obtention de la semaine anglaise (repos le samedi après-midi en plus du dimanche). À Toulouse, les ouvrières et ouvriers du magasin central obtiennent une augmentation de leurs salaires. Parfois on exige comme à la Poudrerie la diminution d’amendes qui peuvent tomber en cas de retard ou d’erreur. Et les accords sont toujours signés par les chambres syndicales et patronales. Le 18 mai 1917, les couturières des maisons parisiennes sont en grève, © Gallica.bnf.fr MunicipalitésUn incendie aux graves conséquences se produit le 25 mai à 4 h 30 dans un atelier d’encaissage à la poudrerie à Toulouse : 9 morts, 4 femmes et 5 hommes, et de nombreux blessés sont à déplorer. Les pertes humaines sont lourdes car la combustion de poudre a été instantanée.Foix vient d’inaugurer le 30 avril dernier une nouvelle usine électrique. L’usine dite "Moulin de l’Ariège" fournit l’énergie électrique nécessaire au fonctionnement de l’usine d’obus située à proximité, au lieudit "Moulinery". Toulouse qui envisage la construction d’une usine hydro-électrique, annonce le recrutement de quatre à cinq surveillants de travaux.À Villefranche-de-Rouergue, le préfet avertit les habitants de la circulation de fausses pièces de 0,50 F en aluminium, millésimées 1915, ce qui pourrait inquiéter à Tarascon-sur-Ariège où doit se tenir la grande foire du 8 mai qui attire de nombreuses personnes : deux trains spéciaux sont ajoutés entre Pamiers et cette ville.Dans toutes les villes, des brochures explicatives sont mises à disposition des ménagères pour qu’elles fassent des économies. Par exemple, Villefranche-de-Rouergue montre comment réaliser une "marmite norvégienne" pour diminuer la consommation d’énergie nécessaire à la cuisson des aliments.Enfin, les vacances scolaires de la Pentecôte approchent et les autorités décident de les prolonger de deux jours, du 26 mai au soir au 1er juin au matin pour laisser encore les jeunes participer aux travaux des champs.Les réfugiés et les étrangersLes réfugiés qui arrivent en grand nombre en Occitanie viennent de régions libérées. Ils ont eu à souffrir "de longs mois sous le joug des boches tant en France qu’en Allemagne". Leur nombre, 200 arrivés à Foix, 250 à Saint-Girons, 269 dans l’Aveyron, plus de 500 dans le Gers… témoigne de l’avancée des Alliés. Les services de préfectures établissent des listes essentiellement composées de femmes et d’enfants.Les étrangers subissent une surveillance plus étroite car le gouvernement décide qu’ils doivent posséder une carte d’identité, du moins ceux qui séjournent depuis plus de quinze jours en France et sont âgés de plus de 15 ans. Chacun d’eux doit fournir aux préfectures tous les renseignements concernant son état-civil, sa situation familiale, sa nationalité, sa résidence etc…. TItre Juin 1917 Corps Le 12 juin, la Grèce déclare la guerre à l'Allemagne, à l'Autriche-Hongrie, à la Bulgarie et à l'Empire ottoman.À la fin du mois débarquent à Saint-Nazaire les premières troupes américaines, accueillies comme il se doit. Les pilotes de l’American Expeditionary Force (AEF) utiliseront le Nieuport 28, avion de chasse français qui réalise son premier vol le 14 juin 1917. Avion de chasse biplan français, © Wikipedia.org Main-d’œuvreLe gouvernement étend les sursis à tous les militaires qui exerçaient la profession de mineurs, nombre estimé à 20 000, et même aux ardoisiers. Cette main-d’œuvre est renforcée le 25 juin par 1 500 mineurs anglais.Quelques comités départementaux d’action économique demandent que soit rapidement voté l’enseignement technique obligatoire pour pallier le manque d’apprentis dans l’industrie et le commerce. Mouvements sociauxLe ministre de l’Intérieur, Louis Malvy, est à l’origine de l’accord intervenu entre les chambres syndicales et patronales de la restauration et l’épicerie.Mais malgré les nombreuses reprises du travail, les grèves continuent : les cheminots de la fédération nationale de Toulouse demandent des augmentations de salaire à leur compagnie et un salaire minimum de 150 F par mois. Les mineurs ajoutent à ces demandes, le remplacement du contrôle militaire par un contrôle mixte et l’organisation du travail par trois équipes de huit heures. Le 15 juin, la commission des établissements de la poudrerie et de l’arsenal adopte un règlement qui vise à réduire les écarts de salaires et les inégalités pour une même tâche entre salariés : les ouvrières peuvent reprendre le travail.Parfois, le patronat fait pression sur les autorités comme la direction de Say qui ne veut augmenter ses ouvrières en grève que lorsque le prix du sucre, réglementé, sera relevé. D’autres fois, c’est la chambre syndicale qui accorde une augmentation avant un mouvement social comme celle des ouvriers maçons lorsqu’elle porte l’heure de travail de 0,75 F à 0,85 F. C’est également le gouvernement qui fait un geste envers ses militaires, allouant une indemnité journalière de 1 F aux gendarmes.Pour limiter les mouvements, il publie le 11 juin, une loi qui reconnaît le repos du samedi après-midi, "la semaine anglaise", aux seules "ouvrières de tous âges".Il évite ainsi les manifestations parfois violentes comme celle de la "soirée de désordres" du 13 juin à Toulouse : des personnels des établissements de guerre manifestent dans la cour de la gare Matabiau. Deux manifestants sont arrêtés, le premier parce qu’il a blessé le cheval d’un officier chargé du maintien de l’ordre et le deuxième parce qu’il a pris une part active aux désordres. Tous deux, Espagnols, sont rapidement expulsés.MunicipalitésLes autorités veillent au respect de l’interdiction faite à tout cafetier et débitant de boissons d’employer ses enfants ou des mineurs de moins de 18 ans. Les filles de plus de 18 ans doivent présenter un certificat de bonnes vie et mœurs. Les devantures vitrées de cafés ne peuvent pas être occultées par des rideaux, carreaux et vitraux opaques ce qui empêcherait toute surveillance. Les clients ne doivent donc pas être reçus dans des arrière-salles et les femmes et les filles employées ne peuvent pas s’asseoir et boire avec eux. Bien sûr, ces lieux n’accueillent pas les femmes de débauche interdites aussi aux abords de gares, casernes, établissements d’instruction et de cultes, squares, marchés, promenades… Les hôteliers et les logeurs ne peuvent ni recevoir ni loger ces femmes inscrites sur le registre spécial si elles ne justifient pas des dispositions réglementaires notamment en ce qui concerne les visites sanitaires obligatoires. Le syndicat des limonadiers rappelle de son côté à ses adhérents que la consommation de vins et des spiritueux et leur vente "aux indigènes de toute origine", travailleurs chinois etc… sont interdites.Enfin, en juin l’année scolaire se termine avec les distributions de prix sauf à Gaillac et dans quelques autres villes où cette tradition est supprimée : les maires préfèrent réserver les crédits aux fournitures scolaires dont le coût a encore augmenté.Bonnes œuvresLe ministre de la Guerre appelle les œuvres de guerre à la plus grande prudence : quelques militaires exploitent habilement les associations en obtenant plusieurs marraines de guerre ce qui leur permet de recevoir plusieurs colis d’habillement et d’alimentation dont ils en font commerce. Cela ne freine pas l’ardeur de l’œuvre toulousaine "de recherche des disparus et d’assistance aux prisonniers du Midi" qui demande des volontaires, dames et jeunes filles, disposant de 3 ou 4 h par jour pour expédier des colis dans les camps allemands et pour tenir des écritures. Les messieurs sont recherchés pour organiser la semaine de l’œuvre."Encore une journée" disent certains : la "journée d’Afrique et des troupes coloniales" est organisée le 10 juin dans le Gers avec les habituelles quêteuses qui offriront les non moins habituelles insignes artistiques : une tombola est ouverte avec les billets au prix de 0,50 F chacun et le gros lot est une rente de 5 000 F offerte par les Banques de France, d’Algérie, d’Indochine, Rothschild, le Crédit Lyonnais…. Dans d’autres lieux cette journée se tient le 17 ou le 24 juin, toujours un dimanche. Affiche de la journée de l'Armée d'Afrique et des troupes coloniales, 10 Juin 1917, © Gallica.bnf.fr À Toulouse, le "foyer du mutilé" est créé : on y trouve des offres et des demandes d’emplois et des renseignements sur les pensions, les gratifications, les décorations… Les mutilés de la Grande Guerre ont également constitué une chorale, "l’héroïque méridionale".RavitaillementLes déclarations de stocks de céréales s’avérant peu fiables, le ministre du Ravitaillement décide de demander des perquisitions dans toutes les exploitations agricoles qui pourraient en contenir. Il menace de saisir immédiatement les blés qui seront alors payés à 33 F le quintal.Il prévoit à la fin du mois d’autoriser une distribution spéciale de sucre, en vue de la préparation de confitures, à raison de 500 gr par membre de chaque famille et la délivrance aura lieu à partir du samedi 23 juin, soit dans chaque mairie, soit dans les écoles publiques.RestrictionsLes restrictions touchent tous les domaines, notamment celui du gaz : le ministre du Ravitaillement décide d’interrompre sa distribution tous les jours de 8 h 30 à 10 h 30 et de 14 h à 17 h 30 puis de 21 h à 4 h 30, sauf dérogations. Il restreint l’usage de l’eau chaude dans les hôtels et immeubles particuliers au samedi et au dimanche seulement.Pour le pain de guerre, on lui reproche d’être peu savoureux, indigeste et le son incorporé d’être inassimilable par l’organisme. Il est vrai que les boulangers doivent, dès le 18 juin, le fabriquer à partir de blutage à 85% et de farine de froment additionnée à 10% d’autres farines telles celles de riz, de maïs et d’orge. Comme à Gaillac, les habitants se plaignent en plus, de trouver dans le pain des pierres finement broyées et d’autres impuretés car certains boulangers emploient de la farine provenant de blés non nettoyés. Les mécontents demandent que des contrôles soient effectués.Enfin, à Toulouse l’éclairage public est "presque complètement supprimé en ce qui concerne l’électricité", réduit des 2/3 pour le gaz. Pour réaliser des économies, la distribution d’eau est suspendue de 22 h à 5 h et, à Saint-Girons comme dans de nombreuses autres villes, c’est le tabac qui manque : les fumeurs y perdent mais "il est très évident que l’État" aussi.BrigandagesEn cette période, les brigandages paraissent de plus en plus nombreux : vols de bicyclettes sur la voie publique, vols de produits dans les wagons de marchandises, vols de légumes dans les jardins, de fruits dans les vergers, d’animaux dans les basses-cours, les poulaillers… Les pickpockets sévissent à Villefranche-de-Rouergue à la foire dite "foire des laines" du 20 juin et les autorités mettent en garde contre la recrudescence de cambriolages.Le 19 juin, 400 000 F sont dérobés à Béziers à M. Cavaillé, employé à la recette des finances : revenant de la banque de France, il a été attaqué par trois individus à l’angle de la rue de Lignan. L’émotion est profonde dans la région et le soulagement grand lorsque le lendemain, l’un des trois agresseurs est arrêté. TItre Juillet 1917 Corps Le 22 juillet, le roi de Siam déclare la guerre à l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.En France, la danseuse néerlandaise Mata Hari est arrêtée par la police et son procès débute le 24 juillet. Reconnue coupable d’espionnage, elle sera fusillée le 15 octobre suivant. Mata Hari en 1915, © Wikipedia.org 14 JuilletÀ l’approche du 14 Juillet, les autorités interdisent la vente de produits détonants à base de chlorate de potasse ou de phosphore comme les pétards nommés "crapauds" ou "pétards marocains".À Toulouse, les rues et les principaux monuments sont pavoisés et la revue se veut sobre, une simple prise d’armes suivie d’une remise de décorations.Comme à Foix, le cortège va ensuite au cimetière déposer des gerbes "où reposent les morts de la grande guerre" et à Auch tout le monde part à l’hôpital mixte décorer un soldat grièvement blessé.Une représentation, au théâtre de la Nature, de l’opéra Mireille est offerte par Toulouse aux blessés militaires qui bénéficient de la gratuité des transports de 14 à 19 h et Villefranche-de-Rouergue distribue comme d’habitude des bons de pain aux indigents et aux pensionnaires de l’hospice. Des quêtes ont lieu toute la journée dans toutes les villes.ArméeL’armée recrute à Auch des manutentionnaires au parc à fourrages et une cantinière qui "doit être capable de nourrir 200 officiers allemands prisonniers".Parce que les militaires représentent une source de revenus, l’association syndicale des hôteliers de Toulouse souhaite avoir un camp d’entraînement dans la ville pour les soldats américains.Par ailleurs, pour contrôler plus rapidement et efficacement les permissionnaires militaires, l’armée crée trois carnets de différentes couleurs, rose s’ils restent à Paris ou dans le département de la Seine, vert s’ils vont seulement dans le département de la Seine et blanc s’ils vont ailleurs.L’armée récompense également : le sous-secrétaire d’État du service de Santé informe de la création d’un insigne spécial destiné à récompenser les infirmières. Constitué de deux palmes entrecroisées au-dessus d’une petite croix rouge fixées sur une barrette blanche, il est porté sur le côté gauche du corsage de l’infirmière.En bronze après 12 mois de services effectifs, il est en argent la deuxième année et en or la troisième année. Insigne spécial en or des infirmières, © Archives départementales de l’Essonne avec l’autorisation de madame Marcon Mais c’est une autre récompense, la médaille d’honneur des épidémies, qui est décernée à madame Elmsall, originaire d’Angleterre, infirmière bénévole à l’hôpital temporaire du lycée de Foix.Enfin, le ministre de la Guerre prend deux décisions importantes : pour assurer la tenue des conseils généraux, les militaires élus auront une permission à l’occasion des sessions car leur nombre baisse et il n’y a pas d’élections pendant le conflit. La deuxième mesure concerne les dossiers de pensions des femmes et enfants de militaires disparus. Ils doivent être constitués en attendant que le Parlement statue sur le projet de loi déposé par le gouvernement le 4 novembre 1915.AgricultureLa France produisait en 1914-1915, 70 millions de quintaux de blé, l’année suivante 60 millions, en 1916-1917 58 millions et les autorités estiment la prochaine récolte à 40 millions de quintaux ce qui devrait les amener à prendre de nouvelles mesures de restriction. Ces statistiques sont établies à partir des carnets de récoltes et des déclarations faites par chaque agriculteur.Pour réduire le nombre de bêtes "nuisibles", la chasse est ouverte cette année pour la première fois depuis le début de la guerre sauf "la chasse à courre qui constitue un sport de luxe [et qui] restera fermée". Aussi, les nombreux chasseurs de la région demandent-ils la gratuité du permis en 1917 car ils rappellent qu’ils l’avaient payé (28 F) en 1914 alors que la chasse a été interdite dès le début de la saison.Impôts et taxesLe gouvernement se félicite car les impôts rentrent bien – 47 % de plus qu’en juin 1916 – sur les revenus indirects et les monopoles principalement. Mais le coût de la guerre étant exorbitant, les autorités sont à la recherche de ressources en augmentant les prélèvements en créant le 1er juillet une taxe de 10 % sur les ventes effectuées par les commerçants à la charge de l’acquéreur ou de 5% sur quelques produits alimentaires et une autre de 30%, annuelle, sur toutes les donations, successions ou legs dépassant 2 000 F. Le 31 juillet, la loi fiscale votée poursuit la profonde réforme engagée avec la création au début du conflit de l’impôt sur le revenu qui passe en juillet de 10 à 12,50 %. L’impôt sur les revenus boursiers passe à 6 % et celui sur l’immobilier de 4 à 5 %. Six autres impôts sont créés : l'impôt foncier des propriétés bâties et des propriétés non bâties, l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières, l'impôt sur les traitements et salaires, l'impôt sur les bénéfices de l'exploitation agricole, l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux et l'impôt sur les bénéfices des professions non commerciales.Bonnes œuvresLe fourneau économique situé rue Réclusane à Toulouse informe qu’à compter du 16 juillet il délivrera des portions payantes et sera ouvert à la consommation sur place. La municipalité décide d’aider cette activité en accordant un litre de vin à chaque famille bénéficiant d’une carte gratuite de portions aux fourneaux économiques.Dans cette ville, l’œuvre chargée d’organiser les obsèques lance un appel aux "personnes libres de leur temps dont les noms commencent par les lettres E et F" : elles sont priées d’assister à l’inhumation du soldat François Lapeyre du 39e R. I. T.RestrictionsLes produits et les denrées deviennent de plus en plus rares et de plus en plus chers et les autorités répondent souvent aux difficultés du moment. Pour les marchandises alors que de grandes quantités de paille, de fourrages, de blés et de maïs restent en souffrance dans de nombreuses gares de la région par suite de suppression de trains, le conseil général du Gers met à disposition de la chambre de commerce un camion automobile pour les commerçants et industriels qui l’utiliseront pour le ravitaillement de la population.Les Ariégeois se plaignant du prix excessif du bois de chauffage - la "canne" est passée de 30 à 80 F - l’administration départementale décide de couper environ 3 000 stères de bois et 35 000 fagots dans la forêt de Pradières, à Foix.C’est également le cas du charbon : les gens dénoncent les dépositaires qui appliquent des prix exorbitants et qui réservent de grandes quantités de charbon à ceux qui peuvent le payer cher.Aussi, les agriculteurs sont-ils aidés par les directions départementales des services agricoles grâce aux "bons de consommation" qu’elles leur délivrent.Quant aux autres, les chambres de commerce recensent les besoins des entrepreneurs comme les mairies le font auprès de la population en vue d’établir la carte du charbon. Les premières réponses étant peu crédibles, le maire de Toulouse demande la plus grande sincérité dans les déclarations et avertit que la carte donnera droit à une quantité de charbon qui variera en fonction des arrivages, de la composition des ménages, de l’usage ou non de gaz ou de chauffage central.Les horaires de distribution de gaz mécontentent les ménagères qui se demandent comment elles peuvent préparer et faire chauffer les repas sans gaz et sans bois puisqu’il se fait rare. À Condom la question ne se pose plus car le gaz manque "pour une durée indéterminée" et à Montesquieu-Avantès, c’est le pétrole qu’on ne trouve plus. À Gaillac, il est délivré par bons aux familles et limité à 1 litre par quinzaine alors que le conseil général du Gers avertit que les services publics étant prioritaires, "toutes les demandes ne seront pas satisfaites".La situation du sucre est source d’injustices : la Haute-Garonne bénéficie d’une seconde distribution pour les confitures alors que l’Ariège n’a pas reçu la première. Et les épiciers toulousains distribuent le sucre dans la journée alors qu’à Auch, elles se font sur plusieurs journées, la première réservée aux personnes seules, la seconde aux familles de 2 personnes, la troisième aux familles de trois personnes… Le sucre distribué est parfois blanc mais lorsqu’il est roux, les ménagères craignent de ne pas réussir leurs confitures, "ayant quelques inquiétudes sur la fermentation qui serait plus rapide". Aussi, les autorités conseillent-t-elles de conserver les fruits dans de l’alcool ou de les garder dans une pièce sombre.CultureL’œuvre de Nicolas Grandmaison, Les Deux Croix, est exposée dans la vitrine de monsieur Lafaurie, à Toulouse. La sculpture exaltant l’idée patriotique avec la Croix de guerre et celle religieuse avec la croix catholique sera utilisée dans la réalisation de monuments aux morts du même auteur, érigés dès la fin du conflit, comme celui situé dans l’église du quartier toulousain de Lardenne, béni en 1920. "Les Deux Croix", œuvre de Nicolas Grandmaison TItre Août 1917 Corps Le 2 août 1917 est le 3e anniversaire du début de la Grande Guerre. Pour les soldats français c’est l’occasion d’une brisque (galon en forme d’accent circonflexe) supplémentaire : la première est obtenue au bout d’un an de présence au front puis les autres tous les six mois.À Toulouse, une catastrophe se produit le 10 août, l’incendie du Grand Théâtre du Capitole.Après avoir rompu en février 1917 ses relations avec l’Allemagne et l’Autriche, le 14 août la Chine leur déclare la guerre.Théâtre du CapitoleLe théâtre du Capitole est détruit par un incendie : le feu a pris dans les coulisses et les combles le 10 août à 14 h. Les loges des artistes, la bibliothèque, les vestiaires et les salles réservées au corps de ballet et à la figuration sont préservés. Après l’incendie se pose la question de savoir si on va reconstruire le théâtre à côté de la mairie et quelles sont les causes de la catastrophe. L’enquête débute et l’émotion des Toulousains est grande. Aussitôt le théâtre des Nouveautés propose aux acteurs de Faust de venir se produire à 20 h ce soir.La première pierre posée le 7 janvier 1817, le théâtre avait subi une profonde rénovation en 1880, œuvre des ingénieurs Dieulafoy puis Bonnafous, pour plus de 2 millions de F. L’incendie du Grand Théâtre du Capitole le 10 août 1917, © Wikipedia.fr Drap national, chaussure nationaleDans le souci d’offrir des produits de première nécessité à moindre coût, le gouvernement annonçait le mois dernier la création du "drap national" sensiblement moins cher que celui vendu. Mi coton, mi laine, le tissu réalisé à partir de morceaux de chiffons est alors appelé "Renaissance". Le 6 août, les autorités informent que la "chaussure nationale" est prête : quatre modèles sont réalisés, le type hommes d’un coût de 28 F, dames à 23 F, fillettes et garçonnets à 18 F puis enfants à 16 F. Elles envisagent la fabrication de 500 000 paires de chaussures par mois.Dans le même esprit, en vue de diminuer la consommation de tous les tissus et d’en réduire les importations, la chambre syndicale de la couture parisienne décide à son tour de s’adapter aux conditions du moment en réalisant des robes d’hiver étroites.ArméeLes militaires en permission pourront dorénavant "bénéficier de la double destination" c’est-à-dire qu’ils pourront se rendre à leur destination principale mais aussi dans les localités où ils ont des affaires. Les délais de route sont toujours calculés d’après la destination principale. Les autorités définissent ensuite le nouveau régime des permissions exceptionnelles : de trois jours, délais de route non compris, elles sont accordées à l’occasion d’un décès ou d’une maladie grave du père, de la mère, de la femme ou d’un enfant de militaire, de la mort d’un frère mobilisé ou pour visiter un frère blessé et pour la naissance d’un enfant.Enfin, l’armée crée un insigne distinguant les militaires des services auxiliaires blessés au front. Comme toujours, les informations le concernant sont très précises : c’est un écusson en drap garance, de 4 cm sur 5 sur lequel sont portées les lettres "A" et "X". Il est placé sur la manche droite de la vareuse ou de la capote, à 1 cm au-dessous du ou des chevrons de blessure.RestrictionsLes autorités annoncent que lors du recensement de besoin en charbon, le nombre de fausses déclarations étant relativement important, (des personnes déclarent par exemple qu’elles ne sont pas abonnées au gaz alors qu’elles le sont), des enquêtes approfondies vont être menées et des sanctions prises. Car la carte de charbon est en préparation : Toulouse qui recevra en août 2 700 tonnes de charbon informe que chaque famille aura 100 kg à 8 F ou à 9 F si livrés. Lorsque la carte sera établie, la mairie rappelle que la quantité sera fonction de la composition du ménage et des livraisons faites à la ville.Le carnet du pain nouvellement diffusé est à double feuille : le nombre de consommateurs est indiqué, adultes et enfants de plus de sept ans, sur l’une. Ils ont droit à 500 g de pain quotidien par adulte et 300 g par enfant de 1 à 6 ans avec une ration de farine de 350 g pour les moins de 3 ans. Une ration de 200 g pourra être portée pour les personnes qui la déclareront indispensable à leur alimentation et une deuxième de 200 g pour les personnes exerçant une profession active. Celles qui mangent au restaurant ont des rations réduites à 300 g ou 100 g pour les deux repas. Les chefs ou directeurs d’établissements (hôpitaux, éducation…) recevront un carnet collectif comme pour les restaurants, hôtels… Les cultivateurs qui cuisent le pain eux-mêmes n’auront pas de carnet. La deuxième feuille est donnée au boulanger choisi.Par ailleurs, le mélange de la pomme de terre à la farine pour fabriquer du pain s’avérant concluantes, il est décidé de "généraliser l'expérience." Carnet de pain de la famille Paul Peret, à Albi, © numismatique-31-81.com MunicipalitésLe préfet de l’Hérault avait interdit au début du conflit, "l’exhibition et la vente sur la voie publique de drapeaux et d’insignes aux couleurs nationales revêtus d’un emblème quelconque" en l’occurrence le Sacré-Cœur de Jésus ou la croix latine. Une plainte avait été déposée contre lui et avait abouti au Conseil d’État qui lui donne raison le 11 août.À Toulouse, l’eau fait toujours débat. La situation ne s’est pas améliorée malgré les nouvelles canalisations mises en place et les autorités demandent toujours de la faire bouillir "alors que le combustible est hors de prix". De plus, elle n’arrive pas aux étages de 6 h à 22 h mais "est utilisée copieusement dans les parcs et jardins et sur les boulevards".À Lézat, les habitants se plaignent de rester sans journaux pendant trois jours, sans viande pendant deux jours et avec un service postal irrégulier "et ce à 42 km seulement de Toulouse ! ".Enfin les enfants sont fortement incités à ramasser les châtaignes et marrons qui, s’ils ne servent pas à l’alimentation, seront adressés aux usines de guerre qui paieront 0,08 F le kg (poids sec).Le Gers fait le bilan de trois ans de guerre : pour 222 000 habitants que compte le département, 66,6 millions ont été versés depuis le début de la guerre soit 300 F par tête. Le Gers a reversé aux deux emprunts et aux bons et obligations 62,4 millions de francs.AffairesMiguel Almereyda, originaire de Béziers, journaliste anarchiste, antimilitariste est le cofondateur de "La Guerre sociale" puis du "Bonnet rouge". Suite à l’arrestation à la frontière suisse d’Émile Duval rédacteur au "Bonnet rouge" et porteur d’un chèque de 150 000 F, Miguel Almereyda est soupçonné de travailler pour les autorités allemandes. La parution du "Bonnet rouge" est aussitôt suspendue, Almereyda arrêté est incarcéré à Fresnes ou il meurt étranglé avec ses lacets. Les experts concluent dans un premier temps au suicide avec quelques réserves. Mais l’affaire, qui devient rapidement "l’affaire du chèque", entraînera la démission le 31 août du ministre de l’Intérieur Louis Malvy car le ministère avait subventionné le "Bonnet rouge". Cette démission entraînera la chute, le mois suivant, du gouvernement Ribot.ManifestationsLes grèves du mois dernier ont laissé des traces et les syndicats menacent de recourir à nouveau à des arrêts de travail notamment à la Poudrerie : ils protestent contre l’abus des punitions appliquées contre certains grévistes, quelques-unes étant très graves avec de la prison, des renvois au front ou des licenciements pour le personnel civil, sans qu’une défense ne soit présentée ce qui ouvre la voie à tout arbitraire. Ils demandent également de meilleurs salaires. Par ailleurs, c’est le deuxième cas connu de "propagande défaitiste" qui se produit dans la région. La première fois un homme qui diffusait des tracts pacifistes a été arrêté, cette fois c’est une institutrice qui est face à la justice : elle est laissée en liberté. TItre Septembre 1917 Corps Le 23 septembre, la république d’Haïti déclare la guerre à l’Allemagne.En France, conséquence de la démission de Louis Malvy, le gouvernement Ribot est renversé et remplacé le 12 septembre par celui de Paul Painlevé. Louis Malvy, ministre de l’Intérieur, © Assemblee-nationale.fr Le 11 septembre disparaît le célèbre capitaine Georges Guynemer qui a abattu 52 avions ennemis.Enfin, comment nommer nos alliés américains ? Après les "Teddys", du surnom de l’ex-président Roosevelt, les "Amec", mais l’abréviation est peu euphonique, ce sera "les Sammies" en référence à l’Oncle Sam, comme l’a préconisé le général américain Pershing !ArméeLe gouvernement prend deux mesures qui doivent améliorer la vie des soldats, en activité ou mutilés. Dans le premier cas, le ministre de la Guerre crée dans les gares ou aux abords immédiats des installations permettant aux permissionnaires de se reposer dans des conditions convenables et il augmente la ration de vin de ½ l à ¾ de litres par jour pour les combattants. Ceci ne décourage pas la ligue nationale contre l’alcoolisme de poursuivre sa campagne contre la consommation d’alcool et son nouveau slogan est "moins on boira d’alcool, plus on fabriquera d’obus !".Dans le deuxième cas, le sous-secrétaire d’État du service de santé décide que tout mutilé ayant besoin de prothèses aura droit durant sa vie à la location, la réparation, l’entretien et au remplacement gratuit de l’appareil mais aussi à la gratuité du transport pour se rendre et revenir du centre d’appareillage et de l’hospitalisation pendant la durée de son séjour.AgricultureL’ouverture de la chasse pour les départements du sud, est attendue avec grande impatience depuis le début de la Grande Guerre : la sous-préfecture de Lectoure informe que le samedi 1er septembre elle a délivré 642 permis de chasse, ce qui est un record. L’ouverture est au 2 septembre. Les militaires en permission ou aux dépôts sont dispensés de permis et le gibier réapparaît sur les marchés. Si dans un premier temps les autorités interdisent sa vente les jours où la viande est interdite, comme l’ont demandé au maire d’Auch les bouchers de cette ville, les préfets rappellent que l’interdiction s’applique seulement au gibier provenant d’élevages mais pas à celui rapporté par les chasseurs. Les mêmes chasseurs se plaignent de ne pas trouver de poudre pour leurs cartouches.RestrictionsLa distribution de cartes d’approvisionnement en charbon commence le 14 septembre à Toulouse. Elle se fait dans l’ordre alphabétique des noms des habitants. Mais, comme pour l’Ariège qui s’attendait à recevoir les 270 t commandées, se voit attribuer 15 t seulement, les quantités reçues sont en deçà de celles demandées. Aussi, la municipalité toulousaine limite-t-elle le charbon à 15 kg pour un coupon. Carte de charbon de monsieur Rondeau, © Wikimedia.org Carte de charbon de monsieur Rondeau, © Wikimedia.org L’essence devient un produit rare et les situations sont vécues différemment d’un département à un autre : le préfet du Tarn-et-Garonne restreint l’essence qui sert à s’éclairer à ½ litre par mois alors que dans l’Ariège et le Lot c’est 2 litres, quantité déjà insuffisante. La population s’inquiète car l’hiver approche et les soirées seront bien longues sans éclairage. L’essence destinée aux moteurs est également vendue en faibles quantités et à un coût élevé : dans la Haute-Garonne, son prix est à 46 F la caisse de 50 litres ou 5 F le bidon de 5 litres.En réponse à la crise du papier, le gouvernement décrète un même prix pour les journaux – 0,10 F. La crise est accentuée par les fabricants de papier norvégiens qui ont annulé la majeure partie des contrats de papier passés avec la presse française, prétextant le blocus sous-marin. De plus, le gouvernement suédois interdit lui aussi l’exportation de papier. Comme la presse française reçoit 50% des papiers de ces deux pays, la crise va s’accroître et les journaux seront dans l’obligation de réduire leurs pages.Pour la pomme de terre, son prix est à nouveau réglementé passant de 27 F le sac de 65 kg à 16 F les 100 kg. Ouvriers, employés et retraités notamment sont contents de la mesure.Les déclarations de pertes de carnets de sucre se multiplient incitant ainsi à la fraude que favorise l’obtention de nouveaux carnets. Aussi, la mairie de Toulouse informe-t-elle qu’elle ne tiendra plus compte des déclarations de perte.Quant au pain, certains comme à Auch se plaignent de devoir manger du pain noir "tandis qu’ailleurs le pain est plus blanc" alors que d’autres comme les Toulousains, sont mécontents de ne pas pouvoir acheter des pains de forme ronde chez les boulangers ce qui incite la mairie à sévir.Enfin, dans la région, les maires doivent recenser les quantités de plus de 1 000 kg de graisses, huiles végétales, savons et glycérine avant le 1er octobre.MunicipalitésVillefranche-de-Rouergue prend des mesures sanitaires bienvenues en menaçant de mettre à la fourrière les poules, oies et canards qui circulent sur la voie publique et en rappelant que le fumier des écuries dans la ville doit être enlevé tous les huit jours et qu’il est interdit de constituer des tas d’ordure après le passage du "boueur". Il est également défendu d’encombrer les trottoirs et les rues par des barriques, voitures, brouettes et pots de fleurs. Mais les habitants du quartier haut de la ville se plaignent plutôt, "comme tous les étés", du manque d’eau dès 9 h.À Toulouse, les parents sont informés qu’ils doivent venir chercher à 13 h à la préfecture leurs enfants ayant passé deux mois et demi en colonies de vacances dans les Pyrénées. Dans cette même ville, les autorités départementales et les associations s’écharpent encore au sujet de la démolition ou non du Pont Neuf.Vie chèreMalgré l’augmentation récente de leurs traitements, les policiers demandent à la municipalité toulousaine de les augmenter à nouveau car "la hausse des prix des denrées est constante". C’est également le souhait des ouvriers mineurs de Carmaux qui veulent par ailleurs que l’allocation de vie chère de 2 F par jour qu’ils ont obtenue soit appliquée à partir du 1er avril dernier, menaçant, s’ils ne sont pas entendus, d’un possible arrêt de travail.Quant à la corporation des hôteliers et restaurateurs de Toulouse, elle informe qu’en raison de "la hausse constante du vin et de toutes les denrées alimentaires", les boissons seront dorénavant payées en plus du prix du repas ou de la pension ce qui mécontente les consommateurs qui voient les prix monter.Les plaintes affluent de partout. Elles concernent la distribution irrégulière du sucre, le poids déficitaire du pain, les tarifs abusifs des débitants… Beaucoup de familles n’ont pas encore reçu le sucre de septembre et le "sucre des confitures" a été distribué à certains endroits et pas à d’autres. De nombreux boulangers s’obstinent, malgré l’arrêté préfectoral, à ne pas peser le pain : la livre (environ 500 g) est, à certains endroits, à 400 voire 300 g ! Les débitants n’affichent pas les prix ce qui est une obligation et lorsqu’ils les affichent, ils ne correspondent pas à ceux payés, "sans que les municipalités s’en émeuvent".À Toulouse une épicerie est fermée par l’autorité préfectorale : l’épicière achetait à bas prix les denrées détournées par des employés de maisons de gros, peu scrupuleux, qui les dérobaient à leurs patrons.Bonnes œuvresCertaines personnes établies en Suisse proposent, moyennant finances, le retour de prisonniers en Allemagne. Aussi, les œuvres d’aides aux prisonniers français alertent-elle de ces agissements frauduleux.Dans le Gers, 2 482 vieillards sont assistés par le département. Parmi eux, 2 294 reçoivent une assistance à domicile, 158 sont hospitalisés et trois sont placés dans des familles. On ne sait rien des 27 restants. Le service fonctionne avec 287 312 F provenant du département, des communes et de l’État. "Le contrôle montre que les vieillards sont bien soignés". TItre Octobre 1917 Corps Dans la nuit du 6 au 7 octobre a lieu le changement d’heure en France : les horloges sont retardées d’une heure.Le 23 octobre, Paul Painlevé remet la démission de son gouvernement au président Poincaré qui la refuse. Un remaniement est alors effectué, Louis Barthou remplace Alexandre Ribot au ministère des Affaires étrangères. Paul Painlevé, président du Conseil, © Wikipedia.org Le 26 octobre, le Brésil entre en guerre aux cotés des Alliés.Un nouveau billetUn nouveau billet, de 20 F, est émis au 1er octobre par la Banque de France. Il est dû au peintre Georges Duval et au graveur Romagnol ; au recto deux médaillons sont ornés de la tête de Bayard avec sa devise "SANS PEUR" à gauche, "SANS REPROCHE" à droite. C’est la première fois en France qu’un billet représente un personnage historique, le célèbre chevalier Pierre Terrail de Bayard réputé pour son courage et sa bravoure. Au centre du verso, un faucheur aiguise sa lame de faux, prêt à moissonner son champ d’épis. Recto du billet de 20 F à l’effigie du chevalier Bayard, © Wikipedia.org Verso du billet de 20 F à l’effigie du chevalier Bayard, © Wikipedia.org AffairesDe nombreuses affaires éclatent en octobre et tiendront en haleine les mois suivants les lecteurs de quotidiens. La plus importante est l’affaire "Bolo" du nom de Paul Marie Bolo ou Bolo Pacha : arrêté en septembre, il est accusé d’avoir reçu des fonds de l’Allemagne pour influencer des quotidiens français tels Le Journal ou Le Bonnet rouge pour qu’ils diffusent des idées pacifistes. Se greffent à cette affaire, "l’affaire Marguliès" et "l’affaire Lenoir-Desouches-Humbert".Dans la première, un antiquaire dijonnais Marguilhiès, en relations avec Bolo depuis 1915, est soupçonné d’intelligence avec l’ennemi. La deuxième concerne Charles Humbert, directeur du quotidien Le Journal, Pierre Lenoir, le propriétaire et Guillaume Desouches prête-nom pour l’acquisition de ce journal. On découvre que Pierre Lenoir a des liens étroits avec Bolo Pacha et l’enquête montre que l’argent qui a servi à l’achat du quotidien Le Journal provient d’Allemagne.L’affaire du député Louis Turmel, qui est également "l’affaire du chèque", prend une nouvelle tournure avec l’arrestation au début du mois de l’élu. Georges Ladoux, officier de renseignement français, est également accusé d’y avoir participé : il sera plus tard lavé de tout soupçon.Dans ce climat lourd, Mata Hari accusée d’espionnage est exécutée le 15 octobre et le lendemain a lieu la dégradation militaire du docteur aide major Laborde.Aussi les affaires locales de vols d’essence ou de volailles, de mouillage de lait, de tromperies sur les quantités, de contrebandiers – un convoi de mules et mulets en partance vers l’Espagne est saisi à Ax-les-Thermes par les douaniers – ne retiennent l’attention que de ceux qui en sont victimes.AgricultureLes agriculteurs voient arriver avec plaisir un grand nombre d’ouvriers agricoles espagnols. Aussi, le ministère de l’Agriculture rappelle-t-il la réglementation qui impose des contrats de 3, 6 mois ou un an et des salaires mensuels de 50 à 60 F s’ils sont nourris et logés, 100 à 120 F s’ils ne sont pas nourris.En revanche, les bourreliers et selliers subissent les restrictions sur le cuir pour les harnachements agricoles : ils doivent dorénavant le retirer auprès du directeur des services agricoles du département. C’est également pour économiser le cuir que seuls les officiers ou sous-officiers montés seront autorisés au port de jambières de cuir, les autres devant se contenter de leggins en tissu.RestrictionsLes distributions de cartes de charbon débutent en octobre et si le prix est fixé à 7,30 F les 100 kg, les quantités ne sont pas assurées. Mais en fin de mois, en raison du froid intense, certains préfets augmentent les parts en puisant dans les réserves départementales.Pour la "chaussure nationale" qui n’a rien à voir avec la "chaussure populaire", les habitants de la région se plaignent de ne pas en trouver alors que les autorités avaient annoncé en fabriquer "500 000 paires par semaine". Le syndicat des négociants en chaussures de Toulouse et de la région décline toute responsabilité car "le nombre de chaussures qu’ils reçoivent est ridiculement bas" ce que reconnaît le sous-intendant militaire de la région toulousaine qui fait reporter la faute sur la récente grève des cordonniers de Toulouse.À cause des restrictions sur le gaz et des nombreuses coupures, les accidents se multiplient comme celui survenu à Gaillac chez le pharmacien Fabre : l’explosion a détruit son officine. C’est encore la faible pression de gaz qui ne permet plus d’actionner les moteurs de l’usine de Guilhermy : l’eau n’étant plus refoulée, la mairie explique qu’elle manque dans les hauts quartiers toulousains et promet l’ajout d’un moteur électrique à l’usine.C’est encore le cas pour l’électricité sauf pour les industriels qui travaillent avec la défense nationale. Cette énergie est restreinte pour les particuliers qui ont une facture mensuelle de plus de 5 F par mois et l’éclairage extérieur des commerces et débits de boissons est interdit, diminué de 50% à l’intérieur et une lampe de dix bougies est tolérée dans chaque vitrine.L’éclairage faisant défaut, la circulation est rendue difficile et les auscitains demandent au moins que certaines rues soient éclairées jusqu’à 20 h, heure de sortie des ateliers.Parce que les effectifs de police sont faibles, les infractions sont plus nombreuses dans les grandes villes : les tramways et les automobiles vont trop vite, on néglige les lanternes sur les bicyclettes… Aussi, les habitants se plaignent-ils d’insécurité.Quant au sucre, le syndicat des limonadiers demande aux 630 débitants de Toulouse de limiter à deux petits morceaux la quantité proposée aux consommateurs de boisson à sucrer car il n’a reçu que 7 500 kg pour octobre. À Villefranche-de-Rouergue, ce sont les domestiques qui dénoncent les maîtres qu’ils servent car ils les privent de leur part : ils demandent aux maires de leur attribuer une carte personnelle.L’état de guerreLes "peillarots" parcourent traditionnellement les rues et recueillent tous les chiffons qu’ils rapportent dans les usines où "avec du vieux on fait du neuf". Ces produits, avec la guerre, sont recherchés par l’État et le ministre du commerce demande à toute personne possesseur de plus de 1 000 kg de chiffons ou déchets de laine ou de coton, de plus de 100 kg de poivre ou de succédanés, de plus de 200 l de pétrole ou d’une quantité définie par la mairie d’objets ou de matières en fer blanc, d’en faire la déclaration.C'est également le cas pour les propriétaires de stocks de lin et produits de lin (plus de 500 kg de graine de lin de semence et plus de 1 000 kg de lin sous toutes ses formes) et pour les propriétaires d’établissements industriels ou commerciaux servant à la production, à la manipulation, à la fabrication ou à la conservation de chaussures ainsi que de tout détenteur de peaux brutes de chevaux, mulets et ânes dépassant 200 kg.Même les débris de projectiles, de fusées peuvent être récupérés sur les champs de tir à condition qu’ils soient remis à l’établissement d’artillerie proche pour les utiliser à nouveau : les tarifs concernant les douilles, le cuivre, le bronze, le laiton, le fer, la fonte… les étuis de cartouches… sont plus élevés pour les militaires que pour les particuliers.MunicipalitésLa Croix-Rouge américaine, en France depuis quelques mois, fait des dons aux départements – 25 000 F à l’Ariège le 20 octobre, 25 000 F au Gers, 35 000 au Tarn… – pour qu’ils les distribuent, le plus souvent par des sommes de 100 F, aux familles les plus éprouvées par la guerre. Aussi, Bagnères-de-Luchon, qui pense relancer ses activités, propose-t-elle un traitement thermal aux soldats américains blessés ou malades. C’est également parce que l’armée est source de revenus que la ville d’Auch, dont les deux dépôts sont supprimés, supplie le ministre du Conseil d’envoyer un régiment qu’elle obtiendra rapidement, le 22 octobre : le 12e régiment d’infanterie lui est affecté.À Toulouse, l’activité de la Poudrerie est croissante et occasionne des accidents comme l’explosion qui, le 19 octobre, blesse grièvement quatre personnes. Comme la main d’œuvre manque, l’office départemental de l’activité féminine informe qu’il a organisé à la Poudrerie, un camp des femmes ouvrières, un restaurant féminin et une crèche-garderie pour leurs enfants. Il envisage prochainement la diffusion d’informations indiquant comment faire des économies et la création de coopératives féminines, d’écoles de l’épargne…À Toulouse encore, la mairie annonce la vente de légumes, le 18 octobre prochain, sur les marchés du Capitole, Victor-Hugo, les Carmes, Saint-Cyprien et à la Halle aux grains, de pommes de terre, tomates, navets, carottes récoltés sur les terrains communaux. Elle informe enfin de l’ouverture d’une nouvelle ligne électrique de tramways qui relie la place des Carmes à la Poudrerie par le quartier d’Empalot : le prix des places est de 0,10 F. TItre Novembre 1917 Corps Le 15 novembre, le gouvernement Painlevé renversé est remplacé par celui de Georges Clémenceau et le 17 novembre décède le célèbre sculpteur Auguste Rodin.Le 26 novembre l'État lance son troisième emprunt de la Défense nationale.En Russie, le 7 novembre (le 25 octobre pour les Russes) débute la révolution d’Octobre. Le gouvernement bolchévique est au pouvoir le lendemain, l’assemblée constituante est élue le 25 et le 26 le pays signe un armistice avec l’Allemagne, la trahison des "maximalistes" !EmpruntLe troisième emprunt français, de 4%, est exempt d’impôts et garanti contre toute conversion avant le 1er janvier 1943. La souscription ouverte le 26 novembre sera close le 16 décembre 1917. Aussitôt les autorités lancent un appel aux populations, l’Église exhorte les catholiques à souscrire et les instituteurs se transforment en agents de propagande, devant faire "une semaine de l’emprunt" à l’école. Les membres de comités départementaux de l’emprunt sont mis en place et les Caisses d’Épargne, comme celle de Foix, et les bureaux de poste annoncent leur ouverture tous les jours. Même les sociétés comme la société d’agriculture de l’Ariège incitent à l’emprunt. À cette occasion, des congés sans solde de deux mois sont proposés aux mobilisés, agents de change et commis d’agents de change, aux banquiers et aux employés de banques et de crédits ainsi qu’aux notaires. Affiche du 3e emprunt, parue dans L’Express du Midi, © Bibliotheque.toulouse.fr ToussaintLe 1er novembre, Toulouse rend hommage aux morts de la Grande Guerre : un cortège se forme boulevard de la Gare avec les troupes, les mutilés, les autorités et la presse, les comités et les œuvres, les anciens combattants, les sociétés et les associations, les écoles et une nombreuse foule. Il se rend au monument des Mobiles de Belfort et du Souvenir français puis au cimetière de Terre-Cabade, au carré réservé aux soldats morts. 114 tombes étaient surmontées avant-guerre d’un monument d’une valeur de 90 F. Mais le coût de chaque édicule étant élevé ainsi que le nombre de soldats – 900 – inhumés depuis le début du conflit, le Souvenir français décide d’entourer les nouvelles tombes de briques. Pour la Toussaint, l’association les a fleuries et a ajouté un nœud alsacien tricolore sur chaque emblème religieux.À Carcassonne, les cérémonies débutent le matin par une messe. L’après-midi, le cortège formé devant la mairie rejoint le monument des Audois puis se rend au cimetière Saint-Michel, déposer des fleurs sur les tombes des militaires.AffairesDans l’affaire Almeyrada, le sergent Paix-Séailles est accusé d’avoir divulgué à l’ennemi des documents secrets concernant l’armée d’Orient. Comme il était subordonné à Paul Painlevé, ancien président du Conseil récemment renversé, ce dernier, convoqué, se présente devant le tribunal le 26 novembre.Dans l’affaire Bolo, c’est le premier président Monier qui est frappé de déchéance par la cour de cassation en raison de ses relations avec monsieur Bolo : il a signé, étant alors en activités, un contrat pour obtenir la présidence du conseil d’administration du Journal après avoir quitté ses fonctions judiciaires.Enfin, Michelson Guz, condamné pour espionnage, complicité et intelligence avec l’ennemi pour avoir livré des documents militaires, est passé par les armes le 19 novembre.RestrictionsLe gouvernement se trouvant dans la "nécessité urgente de rationner", décide de se constituer acheteur de toutes les céréales du marché français comme il l’est déjà des céréales importées. Il augmente le prix du blé de 50 F en 1917 à 60 en 1918 et il réserve les gâteaux et la pâtisserie aux seuls pâtissiers et non aux boulangers qui devront choisir leur profession.Par ailleurs, par manque de main-d’œuvre, le bois devient rare : aussi Carcassonne limite-t-elle la distribution de fagots à cinq par famille et le maire de Saint-Girons, interpellé par les habitants, interdit-il la "vente de bois de chauffage à la charretée ou au coup d’œil". Il demande que les ventes se fassent au volume ou au poids, le bois dit "charge d’âne" et les fagots n’étant pas visés par cette mesure. À Toulouse, la ville a constitué un stock de bois de chauffage au terrain Maury qu’elle met en vente au prix de 8 F les 100 kg, quantité qui ne peut pas être dépassée.C’est encore le manque de main-d’œuvre qui est la cause de la diminution de la culture du tabac. Comme les importations ont faibli et que la consommation a augmenté de 50%, surtout dans la zone des armées, les restrictions s’imposent.Pour le charbon les plaintes des professionnels affluent à Villefranche-de-Rouergue car les quantités demandées ne correspondent pas à celles reçues. À Gaillac, la mairie ayant 7 t alors qu’elle en avait commandé 70, procède à une première distribution limitée à 90 kg par famille.Quant à l’essence, en raison de la diminution des stocks, les autorités annulent les distributions jusqu’à nouvel ordre et réduisent les besoins publics.Les pommes de terre et les haricots sont devenus rares sur les marchés depuis que leur prix a été réglementé. On en trouve d’une manière clandestine mais à un prix beaucoup plus élevé : aussi, les acheteurs demandent-ils de réquisitionner ces denrées.En revanche le prix du vin diminue depuis la récente loi sur les piquettes qui autorise leur mise sur le marché et l’entrée des vins algériens en France : à Béziers il tombe de 105 à 88 F et à Montpellier les vins de 8° sont à 85 et 90 F seulement. L’exportation est interdite "par suite de la pénurie habituelle du matériel servant au transport".Vie chère et "poêle populaire"Les autorités accordent une prime de cherté de vie pour les usines de guerre de la mécanique, la métallurgie, l’aviation et la voiture : elle est de 1 F par jour pour les ouvriers qui gagnent moins de 9 F et 0,50 F pour ceux entre 9 et 12 F. Les journées sont de 10 h et les salaires des ouvrières professionnelles "se rapprochent dans une large mesure de ceux des ouvriers professionnels". Mais suite à la diminution des heures de travail et à l’augmentation de vie chère, le syndicat régional de l’Arsenal demande un relèvement des salaires comme il l’a fait dans la région parisienne. Il réclame l’allocation temporaire de 1 F par jour pour les retraités qui touchent moins de 1 800 F.Dans le but d’économiser le bois dans les cheminées au rendement défectueux, le ministère de l’armement et des fabrications de guerre lance la fabrication de "10 000 poêles populaires à bois système Guillery, breveté SGDG". En vente prochainement, de 55 à 65 F, ils sont proposés en trois modèles d’un poids de 25 à 30 kg en tôle forte. Les poêles sont étudiés pour consommer entre 5 et 10 kg de bois par jour et pour avoir une grande durée de vie. Les consommateurs demandent aussitôt des tuyaux ! Poêles populaires à bois système Guillery, © Collection privée Pierre Grézard Tout est cher : aussi la décision des marchands d’eaux minérales et des pharmaciens de reprendre les bouteilles en verre pour 0,15 F ravit-elle les consommateurs même si cette décision répond à la pénurie de bouteilles vides.MunicipalitésDepuis quelques jours, les agents du fisc passent de maison en maison pour établir la liste des locataires non mobilisés qui sont soumis à la taxe de guerre : d’un montant de 12 F plus 25% de l’impôt sur le revenu, elle ne concerne pas les blessés, les malades ou les pères de quatre enfants et plus. D’autres personnes visitent également les maisons particulières : comme chaque année les agents de police accompagnés de ramoneurs vérifient si le ramonage des cheminées a été effectué.À Auch, une odeur aigre dérange les habitants : elle provient de l’entrepôt de blé de l’administration : des centaines d’hectolitres fermentent en pure perte et ce, depuis plusieurs semaines.À Toulouse, les plaintes proviennent des habitants proches de la gare Roguet qui trouvent les abords impraticables : les nombreuses flaques d’eau, la boue et les dépôts et obstacles en tous genres sont à l’origine d’accidents. Dans cette ville, c’est également l’inertie des autorités qui est en cause : les Toulousains dénoncent au préfet les négociants en gros du marché qui n’appliquent pas les prix réglementés comme les pommes de terre vendues à 18 F les 100 kg, "sous l’œil bienveillant de la police", alors qu’elles devraient l’être à 16 F.C’est enfin l’office de l’activité féminine de la Haute-Garonne qui propose aux pâtissiers de vendre des repas chauds à emporter. Au moment où ils rencontrent de grandes difficultés (restrictions, fermetures…) ils pourraient développer leur activité en répondant aux besoins d’économies de chauffage et d’achat de produits pour les familles qui s’inscriraient. TItre Décembre 1917 Corps L’ancien président du Conseil, Joseph Caillaux, est poursuivi pour "espionnage et trahison".Le 7 décembre les États-Unis puis le Panama déclarent la guerre à l’Autriche-Hongrie. Deux jours plus tard, la Roumanie, battue, signe l’armistice de Focsani avec l’Allemagne et le 15 décembre c’est au tour des Russes avec les Allemands.AffairesImpliqué dans les affaires Bolo Pacha et Le Bonnet Rouge, Joseph Caillaux, président du Conseil en 1912, est accusé de trahison dès l’arrivée au pouvoir de son vieil ennemi Georges Clémenceau : il paie ses positions pacifistes du début de la Grande Guerre. La Chambre vote la levée de son immunité parlementaire. Cette propagande pacifiste inquiète les autorités car elle s’étend : un soldat est pris en train de déchirer les affiches de l’emprunt placardées dans une gare, une institutrice accusée de menées pacifistes est arrêtée ainsi qu‘une personne dénoncée par un député : elle était à son service.AgricultureFace au manque de main d’œuvre, les autorités remplacent les permissions agricoles par les "détachements agricoles" : demandés par les intéressés, ils dureront de 10 jours à deux mois. Les agriculteurs peuvent également employer les soldats russes depuis que la Russie a signé l’armistice avec l’Allemagne. Groupés par équipes de cinq au moins, ils sont mis à leur disposition. Leur solde est à la charge de l’employeur - 3,10 F par jour ouvrable de 8 h, chaque heure supplémentaire étant payée 0,375 F - ainsi que le logement, l’éclairage, le chauffage et la nourriture. Seule la nourriture sera remboursée par le chef de détachement russe.Le ministre de l’Agriculture a renforcé les contrôles : un mobilisé à la terre, ayant abandonné sans autorisation la culture de sa propriété située dans la Haute-Garonne, a été arrêté et ramené par la gendarmerie au dépôt de son régiment où il a été emprisonné.Armée Les autorités prennent des précautions, le 1er décembre, en supprimant l’éclairage à 4 km en moyenne des côtes : toutes les vitres des locaux situés dans cette zone, sur la côte languedocienne par exemple, doivent être peintes en bleu ou masquées par des stores ou des persiennes pour éviter les canonnades ennemies.RestrictionsLe charbon fait cruellement défaut surtout en cette période de froid et Toulouse partage le peu qu’elle a reçu en augmentant le coupon de la carte à 30 kg mais les habitants souffrent de l’hiver rude. Aussi les vols se multiplient-ils chez les particuliers et à la gare où on en a pris 1 500 kg dans un wagon.Les conséquences des restrictions sur l’essence sont nombreuses : son prix passe à 1,20 F et certaines activités cessent. La société des transports économiques informe qu’elle arrête momentanément ses activités pourtant confiées par le département.Pour le sucre, les rations distribuées sont toujours faibles, 500 g par personne, ce qui engendre la fraude. Aussi les maires décident-ils que les coupons donnés par les particuliers aux épiciers porteront dorénavant le nom de la commune et le numéro du carnet.Le tabac manque toujours et "on fume plus que jamais". Les autorités relancent la culture en portant la prime de 40 F en 1917 à 90 F en 1918 pour 100 kg avec une indemnité de 3 F accordée aux experts et aux arbitres planteurs pour les livraisons en janvier 1918.Le décret du 20 décembre interdit de fabriquer de la pâtisserie et de la biscuiterie avec des farines de froment, méteil, seigle, maïs, orge, sarrasin, avoine et riz. Les magasins vendant les pâtisseries, confiseries, glaces, chocolats et biscuits doivent fermer deux jours par semaine. Pour protéger ce commerce, il est interdit de consommer sur place, de fabriquer ou de vendre de la pâtisserie, biscuiterie, confiserie dans les boulangeries, les restaurants, hôtels, cafés, maisons de thé, buffets, cantines…Quant aux chocolatiers, face à la pénurie, leur chambre syndicale décide de consacrer exclusivement ses matières premières à la fabrication de chocolat, arrêtant la confiserie chocolatée.Enfin, les restrictions concernent également le papier car les stocks sont au plus bas. Le gouvernement interdit, le 26 décembre, les affiches et la distribution gratuite de prospectus ; il réglemente la publication de livres et restreint la vente de prospectus, catalogues et agendas. Tout quotidien qui comporte plus de 1/3 de publicité est considéré comme un prospectus : il est donc limité en dimensions et en grammage comme les cartes postales qui ne peuvent être publiées que sur du papier de 240 g maximum. Même les publications de l’armée sont touchées : le Bulletin des armées est supprimé pour raisons budgétaires. Réclame pour l’emprunt parue dans « Le Mémorial de Gaillac », © Archives départementales du Tarn CultureDeux événements culturels se déroulent en ce mois de décembre, le premier à Gaillac : sous le patronage du Touring Club de France un "spectacle sensationnel" est donné au Kursaal-Cinéma de la ville au profit de l’œuvre du soldat au front. Le journaliste Ernest de Thoran commente à partir de 2 500 m de films "pris sur le vif et sans aucune espèce de trucage", la "dévastation de la Belgique et du Nord de la France par les armées allemandes" et "la sanglante Bataille de l’Yser".Le deuxième événement concerne la soutenance d’une thèse : pour la première fois dans les annales de l’Université, elle est présentée à titre posthume. Le 18 décembre le président du jury, le professeur Houques-Fourcade développe les idées maîtresses du mémoire portant sur une "monographie sur le déplacement de la population dans le département du Tarn de 1801 à 1914". Son auteur, M. Valaxt est "Mort pour la France".MunicipalitésLa Croix-Rouge américaine poursuit sa campagne de dons : 62 000 F sont adressés le 5 décembre à la Haute-Garonne puis 28 000 F au Lot, à la fin du mois. Les départements doivent les distribuer, à concurrence de 100 F, aux familles les plus éprouvées par le conflit.À Toulouse, la municipalité en déficit doit s’endetter pour entreprendre les travaux urgents : parce que "l’état de la route de Bayonne à partir de la Patte-d’Oie jusqu’au bas de la côte de Purpan est déplorable", son empierrement est nécessaire. C’est également le cas à Gourdan-Polignan : l’avenue de Polignan doit être empierrée depuis un an mais l’administration des Ponts et Chaussées évoque le manque de personnel.Villefranche-de-Rouergue préfère donner des conseils pour lutter contre la vie chère : pour diminuer la consommation de pétrole, il faut faire tremper les mèches neuves dans du vinaigre et les laisser sécher. En mettant une ou deux boules de naphtaline dans le récipient contenant du pétrole on accroît la puissance lumineuse de la lampe.Pour raviver les étoffes usagées il faut les faire bouillir dans une certaine quantité de feuilles de lierre et les repasser ensuite humides. Le savon étant très cher, on peut en réaliser en récupérant les cendres de fougères mises en boule et séchées au soleil…À Toulouse c’est le docteur Galy, éminent membre de la ligue nationale des économies et de l’épargne, qui souhaite fonder, dans cette ville et quelques autres, des écoles économiques où les femmes et les jeunes filles viendraient apprendre gratuitement la cuisine rationnelle, l’hygiène et la puériculture. On enseignera aux femmes à lutter contre la vie chère en faisant le plus possible par elles-mêmes.Fêtes de fin d’annéeLes œuvres et les autorités organisent les fêtes de fin d’année, les œuvres principalement avec les colis envoyés aux soldats et aux prisonniers et avec les "Arbre de Noël" comme l’après-midi préparé par l’œuvre des Bons-Enfants pour les orphelins de guerre. Quant aux autorités, les préfectures autorisent la vente de pâtisseries et de confiseries les mardis 25 décembre et 1er janvier et les municipalités permettent l’ouverture des magasins qui seront exceptionnellement éclairés jusqu’à 21 h les lundis 24 et 31 décembre. Enfin, les dates des vacances de Noël et du jour de l’An sont fixées : elles débutent le 23 décembre et se termineront le 2 janvier inclus.Les foires de fin d’année ont un grand succès à l’approche des fêtes même s’il manque quelques produits et si "les porcs ne sont pas très gras" comme à Villefranche-de-Rouergue. "Malgré une affluence énorme", le 21 novembre, Mirepoix est déçu car "les affaires traitées [sont] à peu près nulles à cause du manque de wagons pour les commerçants étrangers à la ville".Malheureusement pour les salariés, le gouvernement décide de supprimer les ponts de Noël et du jour de l’An, les réservant à la production.