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Les chroniques de la Grande Guerre : l'année 1914 Paragraphe Paragraphe niveau 2 Titre Les chroniques de la Grande Guerre : l'année 1914 TItre Juin 1914 Corps Le cabinet Doumergue démissionne le 1er juin 1914. Gaston Doumergue, président du Conseil depuis décembre 1913, veut prendre sa retraite. Le cabinet de René Viviani est constitué mais échoue à cause de la loi des Trois ans ainsi que celui qui lui succède, le ministère d’Alexandre Ribot du 9 au 12 juin. Le 17 juin, René Viviani devient président du Conseil et le restera jusqu’au 29 octobre 1915. Gaston Doumergue © Wikipedia.com Les conséquences de la loi des Trois ansLe 9 juin, un article paraît dans le quotidien la Dépêche. Il dénonce la loi des Trois ans qui a fait passer le service militaire de 2 à 3 ans en France. Son auteur rappelle aussi que les Russes n’ont pas encore réalisé leurs chemins de fer stratégiques qui, en cas de mobilisation, leur permettraient l’envoi rapide de leurs soldats et "empêcheraient les Allemands de porter presque toutes leurs forces contre nous dès le début de la guerre". La loi des Trois ans, votée le 19 juillet 1913, est contestée par une partie de la gauche française. Rappelons qu’elle a été prise pour que l’armée d’active française atteigne le nombre de 800 000 hommes, effectif alors atteint par l’armée allemande.Le voleur de la Joconde est jugéLa Joconde, célèbre tableau de Léonard de Vinci a été volée au musée du Louvre, à Paris le 22 août 1911. Le voleur Vicenzo Peruggia, de retour en Italie, a été arrêté en décembre 1913 et son procès se déroule en juin 1914 à Florence en Italie. La Joconde comme de nombreux tableaux sera mise en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse dès le début de la guerre puis retournera au Louvre à la fin du conflit.Les futures moissons et les orages de juinMais l’essentiel dans les départements de Midi-Pyrénées est certainement la préparation des prochaines moissons et récoltes, des vendanges à venir, l’entretien des outils, le grand nettoyage des granges, fenils et greniers. Il faut scruter le ciel, priant pour éviter les orages et la grêle destructrice. Selon le vieux dicton, "juin pluvieux vide celliers et greniers". Les activités ne manquent pas, veiller aux digues, tondre les moutons, faucher et faner les prairies, biner les récoltes, butter les pommes de terre…Au début de juin, les résultats du concours régional agricole de Foix qui s’est tenu par mauvais temps, du 28 mai au 1er juin, sont publiés : le jury félicite tout particulièrement monsieur Cornac demeurant à Castres, inventeur de l’auto locomobile, nouvel appareil adapté à toutes les locomobiles dont la "Perfecta" qui permet, d’après la réclame, d’économiser 60% du combustible.Le mauvais temps de juin n’est pas limité à la région. Le 15 juin, un orage diluvien touche Paris et des trombes d’eau d’une quantité importante tombent très rapidement sur la capitale. L’étendue de ce désastre est mesurée les jours suivants par les découvertes de nombreux morts et d’importants dégâts.Fiertés et douleurs localesLe mois de juin est celui des félicitations adressées aux maîtres d’écoles qui ont des élèves reçus à l’examen du certificat d’études primaires. Chaque commune ainsi honorée remercie publiquement à travers la presse, les institutrices et instituteurs dévoués et zélés.Malheureusement, le 19 juin, un accident à Decazeville lors de la reconstruction d’une cheminée d’usine fait un mort et le même jour, deux mineurs décèdent dans un éboulement qui s’est produit dans la mine.À BerlinCe même jour, paraît dans la presse le bulletin hebdomadaire des activités proposées à l’exposition internationale de Lyon qui a lieu du 1er mai au 1er novembre 1914. On apprend alors que le prochain congrès de la Fédération internationale de sports amateurs d’athlétisme se tiendra en 1916, à Berlin.Le 28 juin 1914La date du 28 est importante car elle concerne les trois évènements suivants :Les fêtes de Gaillac se déroulent les 27, 28 et 29 juin, et les célèbres élèves du Conservatoire de "Mimi Pinson" en sont l’attraction principale. Le colonel du 143e régiment d’infanterie a informé le 23 juin dernier le maire de Gaillac, président du comité des fêtes, qu’il est alors tout disposé à accorder des permissions pour les fêtes aux soldats du Gaillacois qui en feront la demande.Le douzième Tour de France part le 28 juin de Saint-Cloud. Les 120 coureurs devront parcourir 5 411 km en 15 étapes jusqu’au 26 juillet jour de l’arrivée de la course à Paris. C’est l’occasion d’apprendre quelques expressions de ce sport et de l’époque : "j’ai la lampe en pâté de foie et les manettes en dentelle" veut dire que mon estomac est détraqué et mes jambes sont faibles. "S’en aller en vendange dans les décors" est le fait de tomber sur un des bas-côtés de la route ou dans un fossé.Le 28 juin 1914 est enfin, le jour du double attentat de Sarajevo en Serbie. Ce jour-là l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’empire d’Autriche-Hongrie, et son épouse, la duchesse Sophie de Hohenberg, se rendent à l’hôtel de ville où a lieu une réception lorsqu’une bombe est lancée vers eux. Elle explose après le passage de leur voiture blessant des personnes qui se trouvent dans la foule.Après la réception, l’archiduc et sa femme continuent la visite de Sarajevo en automobile lorsque Gavrilo Princip, étudiant serbe, tire plusieurs coups de feu sur eux les blessant mortellement. L’empereur François-Joseph 1er tient les autorités serbes responsables de ce double assassinat et les relations entre les deux pays se tendent jusqu’à devenir conflictuelles. Les alliances contractées par la Serbie alliée de la Russie, pays qui participe à la Triple-Entente avec la France et le Royaume-Uni, puis par l’Autriche-Hongrie participant avec l’Allemagne et le royaume d’Italie à la Triple-Alliance conduiront, un mois après, aux déclarations de guerre.Après la réception, l’archiduc et sa femme continuent la visite de Sarajevo en automobile lorsque Gavrilo Princip, étudiant serbe, tire plusieurs coups de feu sur eux les blessant mortellement. L’empereur François-Joseph 1er tient les autorités serbes responsables de ce double assassinat et les relations entre les deux pays se tendent jusqu’à devenir conflictuelles. Les alliances contractées par la Serbie alliée de la Russie, pays qui participe à la Triple-Entente avec la France et le Royaume-Uni, puis par l’Autriche-Hongrie participant avec l’Allemagne et le royaume d’Italie à la Triple-Alliance conduiront, un mois après, aux déclarations de guerre. TItre Juillet 1914 Corps Les vacances scolaires débutent le 3 juillet. Pour une minorité, elles seront studieuses car les cahiers de devoirs de vacances sont déjà édités et proposés aux élèves, du cours préparatoire au cours supérieur à des prix allant de 0,50 francs à 0,75 francs.L’enseignement militaire pour tousC’est la période des fêtes de fin d’année scolaire. Celle des écoles d’Albi comporte dans son programme des exercices de gymnastique, des danses, des défilés d’enfants, des bals en présence d’un nombreux public, des autorités préfectorales, municipales, militaires et universitaires. Juillet est également le mois des examens universitaires. Les noms des bacheliers et de ceux ayant acquis un titre universitaire apparaissent dans les journaux et leurs titulaires sont chaleureusement félicités. Les concours de tirs remportent un franc succès en ce mois dans les huit départements de la région. Formation dispensée dès l’école primaire – des fusils en bois servent, pour les plus petits, aux exercices de maniement d’armes – depuis 1880, dix ans après la fin de la guerre de 1870, ces concours témoignent de l’esprit de revanche mais aussi rappellent l’instruction militaire minimale nécessaire donnée à tout citoyen pour la défense nationale. À Toulouse, les compétitions de tirs à la carabine (tirs à 10 et 13 m), au fusil Gras et au célèbre fusil Lebel (tirs à 200 m) utilisés au cours de la Grande Guerre, se succèdent. Dans l’Aveyron, le concours départemental des "Sociétés de tir et de préparation militaire" est présidé par le préfet, monsieur Allain. À la même époque, dans le Tarn, un brevet militaire cycliste est proposé : le tir commence à 8h30 et le départ de la course cycliste est donné à 15h30.Pendant ce temps, l’Autriche-Hongrie fait peser sur la Serbie la responsabilité de l’attentat de l’archiduc et de sa femme et au Maroc, 17 soldats français meurent et 77 sont blessés dans les combats de la campagne, dite "pacification", du Maroc. Raymond Poincaré, © Wikipedia.org L’attaché militaire allemandLe 5 juillet 1914 un attaché militaire allemand, le lieutenant-colonel von Winterfeld reçoit l’autorisation de regagner avec sa femme la ville de Toulouse puis son pays. Il était soigné en France depuis septembre 1913. À cette époque, de "grandes manœuvres" - de fait une démonstration de force - se déroulaient alors dans le Sud-Ouest en présence du président de la République, Raymond Poincaré et de nombreux invités notamment étrangers. Une automobile vient de verser dans le fossé et le lieutenant-colonel von Winterfeld est grièvement blessé. Dans son mémoire de thèse, Cécile Lestrade (Toulouse, 1998) relate l’intervention du docteur en médecine Paul Voivenel. Participant aux manœuvres, il est aussitôt dépêché sur les lieux de l’accident et effectue les premiers soins. Il prend la décision, devant la gravité des blessures, de faire transporter le blessé à Grisolles où, avec un confrère, il l’opère et le soigne. L’affaire prend de l’ampleur car l’officier allemand est chargé d’un rapport sur les forces françaises. Nommé après son départ de France chef de division au grand état-major allemand, von Winterfeld est promu plus tard général et sera de ceux qui signeront l’armistice à Rotonde le 11 novembre 1918. Paul Voivenel, demeurant Capoulet-et-Junac dans l’Ariège, est décoré de la Légion d’honneur et reçoit la cravate de Commandeur de l’ordre de Prusse. Il s’illustrera ensuite par ses travaux sur les nombreux troubles du comportement qu’il a pu observer et étudier au cours de la Grande Guerre.L’état de notre armée nationaleDu point de vue militaire, le nouvel uniforme des soldats français qui "serait de couleur grise" est mis à l’étude au cours de ce mois de juillet. Il doit être adopté par la commission sénatoriale de l’armée et ensuite le dossier doit suivre la longue voie administrative.Le 8 juillet 1914, le sous-marin français "le Calypso" sombre au large de Toulon lors d’exercices, sabordé accidentellement par un autre sous-marin français "le Circé".Au milieu du mois, le 15 juillet, la publication d’un rapport sur l’état de l’armée française comparée à l’armée allemande fait beaucoup de bruit. La supériorité du canon de 75 est qualifiée de "éphémère" depuis les progrès de l’artillerie allemande. De plus, le manque d’artillerie lourde française est flagrant. Un corps d’armée français compte seulement 120 pièces de 75. Un corps d’armée allemand comprend 108 pièces de 77, 36 obusiers de 105 et 16 obusiers lourds de 150 tirants des projectiles de 40 kg à 8 km. Enfin, l’armée allemande dispose de canons longs de 100, de 138 d’une portée de 14 km, de mortiers de 210… Ce rapport dénonce également l’infériorité française dans la "guerre des places". Le matériel français ne permettrait pas d’assiéger des places allemandes ou de défendre celles françaises. Quant à l’équipement, les troupes manquent de cuisines roulantes, l’allègement de la charge du fantassin est toujours à l’étude et les soldats n’ont pas de tentes-abris. Pour l’habillement, le fantassin français n’a qu’une paire de chaussures alors que celui allemand en a trois. Le rapporteur de la commission de l’armée au Sénat, Charles Humbert, met en cause l’état-major et les décisions qu’il peine à prendre. Le ministre de la Guerre, monsieur Messimy, rappelle les gros efforts faits par la nation depuis 1911 et les débats aboutissent à la décision prise par le Sénat de donner "mandat à sa commission de l’armée de lui apporter, à la rentrée des Chambres [en septembre 1914 !], un rapport sur la situation du matériel de guerre". Suite à ce débat, le 17 juillet suivant, le ministre de la guerre autorise les jeunes soldats nouvellement incorporés à se munir d’une ou deux paires de chaussures neuves ou en très bon état dont la valeur de 17,50 francs pour les troupes à pied ou 17,00 francs pour les troupes à cheval leur sera remboursée immédiatement.Enfin, comme chaque année, le tirage au sort de la lettre qui sera à l’origine de l’ordre alphabétique à suivre pour l’incorporation du contingent a lieu au ministère de la Guerre. En juillet 1914, la lettre sortie de l’urne est la lettre D. À cette époque, lorsqu’un régiment passait une nuit en ville, lors de manœuvres, le colonel demandait aux boulangers, bouchers et marchands de légumes locaux de ravitailler la troupe. Les habitants dont les logements étaient réquisitionnés devaient retirer le billet de logement délivré en leur nom. Ceux qui refusaient étaient alors prévenus de l’application stricte de la loi du 3 juillet 1877. Pour les éventuels dégâts, les logeurs avaient trois heures pour les déclarer à partir du départ de la troupe.Fête de la prise de la BastilleLe 14 juillet, fêté depuis la loi du 8 juin 1880, commémore le jour de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 et le jour de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790. À Villefranche-de-Rouergue, la fête du 14 juillet débute la veille par la sonnerie des cloches à 20h30 suivie du bal populaire sur la place Nationale. Le lendemain, une distribution de bons de pains est faite aux plus indigents dans la cour des écoles, de gâteaux, vin et tabac aux personnes hospitalisées. À 15 heures, représentation populaire gratuite au Cinéma, à 17h30, mât de cocagne avec prix, à 18h, course aux canards et à 20h, illumination des édifices communaux suivie d’un grand feu d’artifice et du grand bal. Les personnes sont alors informées que seuls les enfants accompagnés seront admis au cinéma, et qu’il est défendu de fumer ou de faire du bruit pendant la représentation gratuite. Le programme est varié avec un film scientifique, des pièces de théâtre, des acrobaties, des "vues documentaires", les "Tribulations d’un reporter cinématographique" spectacle comique, et les "actualités".Le nouvel impôt, l’Impôt Général sur le revenuLe 15 juillet 1914, un nouvel impôt est voté, "L’impôt Général sur le revenu". Les débats, longs et houleux, ont abordé les "taxations d’office", le "contrôle après décès", le problème de "l’évasion fiscale". Quelques députés ont proposé que ce nouvel impôt remplace celui portant sur les portes et fenêtres (supprimé en 1926, il taxait les ouvertures selon leur nombre et leur taille) ou l’impôt sur les immeubles. En vain. L’impôt sur le revenu allait aider au financement de la Grande Guerre. Impôt sur le revenu, © Gallica.bnf.fr Le Tour de France cycliste en Midi-PyrénéesLe Tour de France traverse, en deux étapes, la région. Parti de Bayonne le 8 juillet à 3h, le premier coureur, Firmin Lambot, arrive à Bagnères-de-Luchon à 17h39 après avoir parcouru 326 km en 14h39. Il est précisé que les "quatre premiers montent des bicyclettes Peugeot à pneus Volber". Le 10 juillet, après une journée de repos bien mérité, les 53 coureurs du Tour partent de Bagnères-de-Luchon à 3h pour rejoindre Perpignan à 323 km de distance. Jean Alavoine est vainqueur de l’étape. Philippe Thys gagnera le 12e tour de France cycliste le 26 juillet suivant.La treizième édition partira après-guerre, le 29 juin 1919.Affaire CaillauxLe mois de juillet est celui du passionnant procès d’Henriette Caillaux. Épouse de Joseph Caillaux alors ministre des finances du gouvernement Doumergue, elle a assassiné le 16 mars 1914, le journaliste Gaston Calmette directeur du quotidien national, Le Figaro. Ce journal mène campagne dans ses colonnes, depuis quelques temps, contre Joseph Caillaux accusé de malversations, puis de détournements, d’interventions en faveur de connaissances… Il publie même des lettres personnelles. Les attaques portées en pleine campagne électorale, visent à décrédibiliser Joseph Caillaux. La présentation des faits, de l’enquête, de l’acte d’accusation, des jurés font l’objet de nombreuses publications dans la presse les semaines précédant l’ouverture du procès, le 20 juillet 1914. Huit jours après, Henriette Caillaux dont le crime est reconnu passionnel est acquittée. Le procès de madame Caillaux : photo domaine Public : Première page du journal Excelsior du 25 mars 1914. Photos de Mme Henriette Caillaux au Palais de Justice de Paris, © Wikipédia.org Nos campagnesLes inévitables services des statistiques indiquent l’état, en nombre, du cheptel français au 31 décembre 1913 : 3 200 700 chevaux, 192 570 mulets, 360 390 ânes, 14 807 380 bovins, 16 213 030 ovins, 7 047 750 porcs et 1 453 230 boucs et chèvres. Ces recensements sont réalisés chaque année. Par exemple, les propriétaires des chevaux, juments, mules et mulets susceptibles d’être réquisitionnés par les services de l’armée, sont informés du passage en juillet, de la commission n°14 dans la commune.Le 9 juillet 1914, le corps des charpentiers, maçons et plâtriers du canton de Caraman (Haute-Garonne), considérant la faiblesse des salaires de la profession (720 francs annuels) et le coût élevé de la vie, décident de porter à partir du 15 juillet, l’heure de travail à 0,40 francs, le temps quotidien étant limité à 10 heures. Quant aux ouvriers agricoles, les hommes gagnent 3 francs par jour, les femmes en gagnent 2.L’agriculture est essentielle à l’économie : chaque semaine paraît une information sur les relevés de pluviométrie, températures, sur les nouveaux matériels, les informations sur les cultures… Malgré les orages et le temps chaud, l’avoine vient d’être récoltée, le travail est harassant et les moissons de blé vont débuter. Sur les marchés, la douzaine d’œufs coûte 0,95 francs, la livre de poulet 1,10 francs, de lapin 0,50 francs et de canard 0,80 francs.AlcoolismePour combattre l’alcoolisme, comme ses collègues, le préfet du Gers prend un arrêté indiquant les distances minimales au-dessous desquelles les débits de boisson ne pourront être établis autour des édifices de culte, des cimetières, des hospices, des établissements d’instruction publique, soit 50 m pour les communes de moins de 1 000 habitants, 250 m pour celle de 10 000 à 20 000 habitants. La lutte contre l’alcoolisme : carte postale éditée par le musée de l’Ecole, Carcassonne (Aude), © www.cacasonne.org Congrès socialisteLe 15 juillet, les socialistes français tiennent leur congrès national. Les thèmes suivants sont abordés, le chômage, les prisons russes, le rapprochement des socialistes français et allemands, la cherté de la vie, la répression et l’alcoolisme. Le lendemain, la question suivante fait débat : en cas de guerre faudra-t-il faire la grève générale et l’insurrection ? C’est l’épineuse question qui divise encore les socialistes français.VoyagesLe mardi 21 juillet, la presse locale fait état d’une collision entre le train n° 510 venant de Bayonne et celui n° 456 venant d’Auch au pont d’Empalot à Toulouse qui a fait six morts et une vingtaine de blessés.Quelques jours après, le 25 juillet, un voyage d’études en Allemagne est proposé dans la presse locale. Organisé par le Journal d’Allemagne, il doit se dérouler du 30 août au 6 septembre 1914. Il comprend "un séjour à Berlin, Francfort, un trajet pittoresque des bords du Rhin et la visite de Cologne" pour 150 frs en 3e classe, 200 en 2e et 250 en 1ere. La France étant dignement représentée à l’Exposition des Arts graphiques de Leipzig, l’excursion dans cette ville est facultative.Cette annonce contraste avec les événements internationaux car le même jour, les journaux nationaux s’inquiètent des velléités autrichiennes, l’ultimatum adressé à la Serbie paraissant inacceptable.L’accélération brusque des événements internationauxLes évènements s’accélèrent brutalement, l’empire austro-hongrois mobilise son armée puis déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet, un mois jour pour jour après l’attentat de Sarajevo. Raymond Poincaré, président de la République en voyage en Suède, rentre alors précipitamment en France et par précaution, la classe 1910 libérée en novembre 1913, est rappelée sous les drapeaux. Les chancelleries négocient et de nombreuses mesures préventives sont prises : le congrès des fonctionnaires est annulé, les réunions antimilitaristes sont interdites et les manifestants arrêtés sont condamnés en correctionnelle. Les voies ferrées, lien névralgique entre les lieux de combats et "l’Arrière", passent sous la surveillance de la troupe. Les ouvriers allemands employés en France, notamment ceux travaillant aux Grands moulins de Corbeil (Corbeil-Essonnes) sont renvoyés chez eux.À Bruxelles, les ponts sont minés. Les forces en présence, la triple entente (France, Angleterre, Russie et Serbie) et la triple alliance – la "triplice" - (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie) mobilisent et "à la veille de l’irréparable", titre de la Dépêche du 31 juillet 1914.Alors que Belgrade est bombardé par les Autrichiens d’après l’information provenant d’un "télégramme visé par la censure", un espoir en la paix renaît.En vain !L’assassinat de JaurèsLe 31 juillet 1914, à 21h45, Raoul Villain tue de plusieurs coups de révolver Jean Jaurès, tribun socialiste, qui soupait au Café du Croissant rue Montmartre à Paris en compagnie de messieurs Renoult, Renaudel et Andrieu. Jean Jaurès, né à Castres (Tarn) le 3 septembre 1859 est un homme politique français. Agrégé de philosophie, pacifiste et humaniste, il participe à la création de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) en 1905 et en sera l’un des représentants. Après l’assassinat de Jaurès, la question de la grève générale en cas de guerre ne se pose plus. La gauche française et certains socialistes se rallient à "l’Union sacrée" de tous les Français de toutes tendances pour la défense du territoire national. En 1924, la dépouille de Jean Jaurès est transférée au Panthéon. Raoul Villain, après cinq années de détention, sera jugé et acquitté en 1919. Il quittera la France. Castres (Tarn) - Statue de Jaurès, © Wikipedia.org TItre Août 1914 Corps La mort le 31 juillet 1914 de Jean Jaurès crée une vive émotion en France et plus particulièrement à Paris, au siège de l’Humanité, journal qu’il a fondé en 1904, et dans le département du Tarn, à Albi, Gaillac, Carmaux notamment, terre d’élection du député socialiste. Mais les événements internationaux qui se déroulent alors laissent peu de place à cet assassinat. L’hommage national est rendu en présence du chef du gouvernement René Viviani, au quartier de Passy où demeurait le grand tribun. Le cortège accompagne ensuite le corps à la gare d’Orsay où il part rejoindre les terres du Tarn.Le 2 août 1914, la Verrerie ouvrière d’Albi ferme en signe de deuil, le drapeau tricolore est mis en berne dans quelques communes du Tarn.Le 31 juillet, l’empire allemand décrète l’état de guerre et coupe ses communications (routes, téléphones télégraphes, voies ferrées…) avec ses voisins alors que le lieutenant français Desroches, du 2e régiment de tirailleurs, est tué au cours de combats lors de la "campagne du Maroc".Le chef d’état-major français, le général Joffre, obtient en soirée l’"ordre de couverture" qui lui permet de protéger les frontières en attendant les renforts fournis par la mobilisation.En ce mois d’août, les prises de position des belligérants – les déclarations de guerre - vont se succéder et les préparations du conflit se mettre en place. Entrée en guerre à Toulouse, © Archives municipale de Toulouse Déclarations de guerre• 28 juillet 1914 : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie• 1er août 1914 : l'Allemagne déclare la guerre à la Russie• 3 août 1914 : l'Allemagne déclare la guerre à la France• 3 août 1914 : l'Allemagne déclare la guerre à la Belgique• 4 août 1914 : l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne• 5 août 1914 : le Monténégro déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie• 6 août 1914 : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie• 6 août 1914 : la Serbie déclare la guerre à l'Allemagne• 11 août 1914 : le Monténégro déclare la guerre à l'Allemagne• 11 août 1914 : la France déclare la guerre à l'Autiche-Hongrie• 13 août 1914 : l'Angleterre déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie• 23 août 1914 : le Japon déclare la guerre à l'Allemagne• 25 août 1914 : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre au Japon• 28 août 1914 : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la BelgiqueLa mobilisation aux frontières "Les troupes [françaises] de couverture partent pour la frontière suite à l'état de siège proclamé par l'empereur allemand". Cette phrase rapportée dans le quotidien régional La Dépêche, définit la première phase de mobilisation. Conformément au plan XVII établit en 1913 par l'état-major français, l'armée aux frontières est rejointe par celle d'active (les hommes de 21 à 23 ans servant sous les drapeaux) située dans les casernes proches puis, dans un deuxième temps, par les troupes d'active et de réserve (hommes de 24 à 34 ans), enfin par les troupes territoriales (35 à 41 ans) et leurs réserves (42 à 48 ans) ainsi que la logistique. La mobilisation doit être terminée en 17 jours. D'après la Dépêche datée du 22 août, elle le sera le 20 août soit en 19 jours.Dix lignes ferroviaires sont prévues pour transporter les différents corps d'armée. La ligne E qui concerne les 12e et 17e régions militaires débute à Toulouse, passe par Montauban, Périgueux, Limoges, Auxerre et aboutit autour de Commercy.La 17e région militaire dont l'état-major est à Toulouse comprend les départements suivants : l'Ariège, la Haute-Garonne, le Gers, le Lot, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Les Hautes-Pyrénées font partie de la 18e région militaire située à Bordeaux et le Tarn et l'Aveyron de la 16e région militaire à Montpellier.Enfin, le 28 août, "les troupes d'Afrique, composées en majeure partie de tirailleurs indigènes, se sont réunies dans la région de Belfort et forment environ deux corps d'armée. Elles sont à pied d'œuvre, prêtes à prendre part aux opérations formidables qui vont commencer". Le transport de ces troupes s'est bien déroulé malgré les bombardements le 4 août de Philippeville et de Bône (Algérie) par deux croiseurs allemands.La mobilisation en Midi-PyrénéesLe samedi 1er août, Raymond Poincaré, président de la République, signe le décret de mobilisation. Le télégramme informant les commandants de corps et les préfets de la mobilisation générale est aussitôt envoyé, le décret sera publié le lendemain au Journal officiel.Préalablement portées sous pli cacheté dans les casernes, les affiches officielles annonçant la "mobilisation des armées de terre et de mer[...], la réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées" sont placardées dans toutes les communes françaises. Dans les huit départements de la région Midi-Pyrénées, elles le sont le samedi vers 17 h. Ordre de mobilisation générale, © Gallica.bnf.fr À Tarbes, la population apprend la nouvelle "avec sang-froid et les jeunes gens la reçoivent dans la joie". Les observateurs avaient, par ailleurs, remarqué depuis un mois une plus grande activité à l'arsenal et des embauches plus nombreuses. Même les retraités avaient été rappelés.À Villefranche-de-Rouergue, à 17h30 le tocsin sonne à toutes les églises et tambours et clairons parcourent la ville comme à Foix, Montauban, Albi, Auch et Lectoure...Des automobiles et motocyclettes sont aussitôt réquisitionnées et envoyées dans tous les villages porter les affiches annonçant la mobilisation des armées de terre et de mer. L'Aéronautique Militaire naissante, comprise alors dans l'armée de terre, deviendra une arme à part entière en 1934.Les conversations vont bon train et une grande animation règne dans les villes. Succèdent en soirée les manifestations, défilés et chants patriotiques sous la lumière des lampions. Souvent, les cris "À Berlin, À Berlin" fusent et la population est "calme et courageuse".À Gaillac, les craintes se font jour : "toutes les horreurs vont naître et devant la boucherie terrifiante qui se prépare nous n'avons qu'un cri à pousser : Sursum corda. Puisse la destinée être favorable à nos armes".La municipalité de Montauban, rappelle les dispositions générales. Il faut emporter quelques vivres, se faire couper les cheveux et prévoir du linge de corps et une deuxième paire de chaussures. Ces conseils sont suivis car la fabrique de chaussures Moussard située boulevard de Strasbourg à Toulouse informe qu'elle a vendu sur les 10 premiers jours d'août "plus de 5 000 chaussures type réglementaire".Le premier jour de mobilisation est le dimanche 2 août 1914 et le lundi matin à 6h, à Gaillac, un millier d'hommes mobilisés se retrouvent dans la cour de la gare accompagnés de leurs femmes et enfants et de parents. Ils attendent les trains militaires, les seuls à circuler, pour rejoindre leur garnison. Le sous-préfet passe dans les rangs, remerciant chacun des braves.Les autorités louent la retenue et le patriotisme des foules même si celles de Montauban rappellent les peines encourues par les insoumis et les déserteurs, au demeurant peu nombreux. Ils sont fortement incités à régulariser leur situation grâce à une loi d'amnistie prise les premiers jours du mois d'août.Dans les faits, des incidents éclatent. À Toulouse, le préfet demande à la population de conserver tout son calme et son sang-froid. Des Français soupçonnés par la population d'être de nationalité allemande ont été malmenés et fortement molestés. Le maire de cette ville prend la décision de fermer les cafés et débits de boissons de 23 h à 6h.Dans la Dépêche datée du 14 août, monsieur Lamblin, "propriétaire du grand Bazar et des Galeries de l'Alimentation à Moissac et des Galeries Parisiennes à Castelsarrasin informe sa clientèle qu'il est Français, a fait son service militaire au 82e R. I. et a été versé au 132e RI de la réserve de l'armée territoriale à Montauban et que tous les bruits qui ont couru contre lui sont inexacts". D'autres déclarations individuelles paraitront au cours de ce mois.Les nouvelles mesuresLe 2 août, le gouvernement décrète l'état de siège et l'armée prend aussitôt la gestion des chemins de fer sous son contrôle. La navigation aérienne est interdite en France, Algérie, Tunisie et colonies, sauf pour les aéronefs de l'État ainsi que la navigation fluviale.Le même jour, un deuxième décret interdit l'exportation de vivres et de provisions, de matériels divers et d'armes de guerre.Les premières mesures restreignent les libertés et augmentent la surveillance. Tous les pouvoirs de police et de maintien de l'ordre passent entre les mains de l'armée, efficacement secondée par les maires et préfets. Elle peut perquisitionner de jour comme de nuit, éloigner les repris de justice et individus n'ayant pas leur domicile dans les lieux soumis à l'état de siège, ordonner la remise des armes et munitions, interdire toutes publications, attroupements, manifestations et réunions.Les télégrammes subissent la censure et le 8 août, le ministère du Commerce, de l'Industrie des Postes et des Télégraphes interdit la possession et l'utilisation de postes TSF (postes émetteurs et récepteur d'ondes radio, le langage Morse étant universel). Les propriétaires doivent les rapporter dans le bureau de poste le plus proche. À Paris, la tour Eiffel équipée d'antennes TSF, passe sous la protection des militaires et plusieurs messages ennemis importants seront interceptés au cours de la Grande Guerre.Les tribunaux militaires peuvent être saisis dans tous les domaines, les recours seront supprimés le 20 août.L'ouverture de la chasse était annoncée à la fin de juillet, pour le 15 août suivant. Le 6 août, elle est reportée à une date ultérieure par décision des ministres de l'Agriculture et de la Guerre.RéquisitionsL'ordre de mobilisation portant également sur la "réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément [des] armées", la réquisition des animaux débute rapidement en France et le 4 août à Villefranche-de-Rouergue par les propriétaires dont les noms commencent par A et B Devant, probablement, certains excès, il est précisé le 20 aout, que les réquisitions portant sur les bêtes doivent épargner les animaux reproducteurs primés, les animaux jeunes et ceux inscrits sur les livres généalogiques ainsi que les vaches pleines.Les véhicules automobiles sont également réquisitionnés ainsi que certains autobus. À Toulouse, les sièges sont enlevés dans plusieurs autobus, des crochets sont mis au plafond : ils seront utilisés au transport de viande ou de munitions.Les réquisitions portent sur les céréales, problème traité dans l'approvisionnement.SurveillanceLa surveillance s'exerce en premier lieu sur la population. Le secret de la correspondance n'existe plus, les lettres sont le plus souvent lues par les services de la censure postale. Les dénonciations sont également nombreuses. À la fin du mois d'août, le général commandant la 17e région militaire avise les nombreux auteurs de lettres de dénonciations, anonymes, qu'ils perdent leur temps. Aucune lettre signée ou sans l'adresse du signataire ne sera lue."Toute personne voulant porter à la connaissance de l'autorité militaire un fait lui paraissant de nature à intéresser la défense nationale n'a qu'à se présenter au Quartier Général, de 11 heures à midi".Les espions sont recherchés, parfois trouvés et souvent les erreurs sont commises. Les étrangers doivent se faire recenser et des mesures spéciales leur sont appliquées.Créées par la loi du 7 janvier 1914, les gardes civils participent à la surveillance du territoire. Dans le département du Gers, "les corps spéciaux de garde civique sont dès à présent organisés pour suppléer les forces de section et de police et assurer le maintien de l'ordre sur tout le territoire du département. Les gardes civils portent un brassard vert olive [conformément à la loi] sur lequel est inscrit le mot Gers. Leur surveillance s'exerce principalement sur les établissements nécessaires à la vie locale, sur les voies ferrées non gardées militairement et sur les individus suspects".Le 7 août, le maire de Gaillac remercie les volontaires qui, "au premier appel, […] se sont offerts pour assurer la surveillance des voies ferrées. Dans le tronçon qui traverse la commune, nulle surprise d'un ennemi perfide n'est désormais à craindre".Les autorités militaires contrôlent aussi sévèrement la circulation sur les routes. Il faut un sauf-conduit pour voyager, délivré par le commissaire de police ou le maire, sauf-conduit indispensable sur le territoire départemental pour tout automobiliste. Le 8 août, la circulation est interdite de 18h à 6h.L'approvisionnement en eau des populations est également sous surveillance et la ville de Toulouse prend la décision d'assurer cette tâche sur son territoire.Economiquement, dès 2 août, les Caisses d'épargne limitent les remboursements à 50 francs par quinzaine. Puis, "l'excès de précaution du public s'obstinant à garder à tout prix ses pièces d'argent et d'or", les petites coupures en billets de banque de vingt et cinq francs sont émises plus tôt que prévu, c'est-à-dire le 2 août.Le 20 août, le ministre du Commerce ajourne le paiement des loyers arrivant à échéance en août et septembre, lorsque ceux-ci sont inférieurs à 1 000 francs à Paris, 600 francs dans les villes de 100 000 habitants ou plus, 300 francs dans les communes de 15 000 habitants ou plus, 100 francs dans les autres.Ce même jour, dernier jour de la période de mobilisation et des premières mesures d'organisation, les autorités essaient de relancer l'activité économique dans une certaine mesure. Les travaux du Transpyrénéen reprennent ainsi que la construction d'habitations à bon marché.Les transports par voie fluviale sont rétablis le 26 août.ApprovisionnementDès le 2 août 1914, le ministère de l'Agriculture fait procéder dans tous les départements à des enquêtes portant sur les stocks existant en blé et farine, sur l'importance probable des récoltes de blé et avoine, sur l'état d'avancement de la moisson et sur la "capacité de mouture en travaillant jour et nuit des moulins existant dans chaque département". Les résultats doivent être réunis rapidement.La situation de quelques communes ariégeoises est la suivante :À Bélesta, le maire informe son conseil de la demande préfectorale. Il répond à l'enquête jointe à la circulaire, que la "population se suffit pour tous les travaux agricoles comme bras et outillages", que la "production de céréales assurera l'alimentation de la commune pendant quatre mois environ" et "que les boulangers se sont assurés des quantités de farine suffisantes pour la durée de la guerre". Notons que pour le maire, le conflit doit être rapide – quatre mois espère-t-il – partageant l'avis du rédacteur militaire anglais du "Times". Dans un article daté du 10 août, il prévoit une "guerre courte mais extrêmement violente". L'ambassadeur de Russie en France écrit dans la presse la même chose.En revanche, le maire de Lézat-sur-Lèze s'interroge sur la durée du conflit. Il informe le bureau de bienfaisance qu'il va devoir faire de gros efforts pour venir en aide aux malheureux, "peut-être pendant longtemps".À Labatut, commune de 125 habitants, le conseil s'est réuni d'urgence le 15 août sur ordre du préfet. Il fait état, après mobilisation, de 73 travailleurs dans la commune, qu'il n'y a pas lieu d'intervenir ni pour les machines agricoles, qu'il n'existe pas dans la commune de machine à battre et qu'il n'y a pas besoin de main-d'œuvre étrangère. La récolte de blé est évaluée à mille hectolitres (500 hl pour les habitants jusqu'à la récolte de 1915, 250 hl pour les semences donc il reste 250 hl). Il n'y a ni moulin ni boulanger.Le maire de Lissac déclare des rendements médiocres en blé, de l'ordre de 700 à 800 hl seulement – la grêle ayant sévit deux fois en 1914 - et l'absence de moulin et de boulanger. Il n'est pas préoccupé par le chômage car il manque de bras pour tous travaux.Enfin la commune de Teilhet a terminé les moissons au 16 août et la récolte insuffisante permettra de tenir seulement huit mois. Il manquerait 200 hl.Émotionnellement fort, ce début d'août voit la population faire des provisions. Le maire de Gaillac absent – probablement mobilisé -, "son adjoint, monsieur Puech, observe qu'un instant affolée, une partie de la population a pu augmenter sa provision en denrées, dans une mesure supérieure à ses besoins". Aussi, vu le prix du blé-froment fixé à 23 francs, il arrête le 8 août le prix du kilo de pain blanc à 0,38 francs, de pain bis à 0,32 francs.Des incidents sont également constatés dans certaines villes suite à des hausses de prix de denrées de la part de commerçants tentant de tirer profit de la situation actuelle.Les autorités militaires ayant compétence sur l'approvisionnement, les généraux ont qualité pour accorder dès le 8 août, des sursis d'appel aux réservistes indispensables aux fonctionnements de moulins et à certains travaux agricoles. 20 000 marins trop âgés pour le combat seront répartis pour les moissons.Ce même jour sont mis en place des plans départementaux d'approvisionnement et un décret est pris, instituant une commission départementale chargée d'examiner les différentes questions concernant le ravitaillement des populations civiles et la main-d'œuvre rurale et urbaine. Les préfets nomment les membres de cette commission composée d'un représentant de l'armée, d'un représentant des sociétés agricoles et deux représentants d'élus.Afin d'assurer le ravitaillement essentiel à l'effort de guerre sur une longue période, le 12 août, les autorités anglaises et françaises achètent du blé et des céréales en Argentine et aux Etats-Unis pour 30 millions de francs.Le 17 août l'armée informe du prix des réquisitions militaires pour 100 kg : le blé est acheté 28 francs, la farine 40 francs et l'avoine 25 francs. À la fin du mois, devant les excès et spéculations, la commission de ravitaillement rappelle à certains meuniers et négociants qui payent les blés et avoines au-dessus du prix fixé par la commission départementale (26 francs le blé, 21 francs l'avoine de printemps, 22 francs l'avoine d'hiver, prix au 30 août 1914) qu'ils s'exposent à se faire réquisitionner ces denrées à un prix inférieur.L'activité politiqueLe 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le même jour, Armand Gautier, ministre de la marine démissionne pour raisons de santé. Il est aussitôt remplacé par Jean-Victor Augagneur, Albert Sarrault devient ministre de l'Instruction publique et Gaston Doumergue, qui terminera sa vie dans sa propriété de Tournefeuille (Haute-Garonne), est ministre des Affaires étrangères. Abel Ferry et Paul Jacquier sous-secrétaires d'État présentent leurs démissions pour rejoindre leurs postes de mobilisation. Leurs démissions sont refusées et ils rejoindront leurs postes à Verdun pour le premier, Annecy pour le deuxième. À l'image de la population masculine, le nombre d'élus parlementaires et élus locaux mobilisés est important.Comme en temps de guerre, les élections sont suspendues, celle législative de la première circonscription de Villefranche-de-Rouergue qui devait avoir lieu au milieu du mois d'août est reportée.Enfin, le 29 août 1914, la démission du cabinet Viviani permet de faire entrer au gouvernement les socialistes. Ayant voté les crédits nécessaires à la guerre, Marcel Sembat devient ministre des Travaux publics, Jules Guesdes ministre sans portefeuille et Théophile Delcassé ministre des Affaires étrangères. Ce nouveau gouvernement est le reflet de l'union et de l'unité nationale.Le général Gallieni est nommé commandant de l'armée de Paris et gouverneur militaire.Les journauxDès le 2 août, les journaux doivent faire face à la défection de leurs lecteurs mobilisés, à celle du manque de personnel, à des problèmes de transport dans la vente et au manque de papier. Les quotidiens régionaux, La Dépêche et L'Express du Midi, qui tirent sur quatre pages, paraissent souvent à partir du 6 août, sur deux pages seulement. La partie publicitaire s'effondre et les journaux se "borneront à reproduire les télégrammes officiels".La loi de 1848 sur l'état de siège donne à l'autorité militaire le pouvoir d'interdire complétement les publications qu'elle "juge de nature à exciter ou entretenir le désordre". Celle récente du 4 août 1914, interdit, sous peine d'emprisonnement de un à cinq ans, la publication de "tous renseignements autres que ceux communiqués par le gouvernement sur la mobilisation et les mouvements de l'armée ainsi que toute information concernant les opérations militaires ou diplomatiques de nature à favoriser l'ennemi et à exercer une influence fâcheuse sur l'esprit de l'armée et des populations". Par crainte de disparaître, les journaux français s'autocensurent et ce, d'autant plus que l'un d'eux est rendu responsable de la défaite de 1870. "Le Temps" est accusé en août 1870 d'avoir publié la décision du maréchal Mac-Mahon de secourir le général Bazaine en difficultés. Cette information lue alors par les Prussiens leur aurait permis de battre ensuite les Français.Appliquant fidèlement ces lois, les journaux français ne rendent pas compte des défaites cuisantes, ni des sévères retraites, ni des importantes pertes subies par les armées françaises ou leurs alliés. Ils informent plutôt en ce début d'août de la mort de monsieur Samain, président du Souvenir français alsacien fusillé par les Allemands. Ils dénoncent la barbarie des adversaires et la vilénie et la félonie des troupes allemandes et de "l'empereur des fourbes". Le 22 août 1914 est pourtant la journée la plus meurtrière de la Grande Guerre. Le lendemain, les journaux régionaux titrent "une nouvelle victoire russe", "la grande bataille est engagée", "les premiers combats nous seraient favorables", "trois batailles au sud de la Belgique"…Il est vrai que "l'affaire du 21 août" va soulever, les jours suivants, une grande émotion au sud de la France. Le 24 août paraît dans les colonnes du quotidien national "Le Matin", un article écrit par le sénateur de la Seine, Gervais. Il présente la cause de "l'insuccès que nos armées viennent de subir en Lorraine". "Une division du 15e corps, composée des contingents d'Antibes, de Toulon, de Marseille et d'Aix, a lâché pied devant l'ennemi". Dans son livre "La légende noire des soldats du Midi", l'historien Jean-Yves Le Naour analyse cet évènement et montre que l'état-major et le gouvernement cherchent alors des boucs émissaires aux défaites subies par la France. Les Méridionaux présentés comme hâbleurs, farceurs, résistants à toute autorité (Guerre des demoiselles dans les Pyrénées au cours du XIXe siècle, lutte des vignerons de 1907…), paient les errements du haut commandement. Les soldats du Midi subiront les brimades et les vexations et cet évènement cruel et offensant restera dans leurs mémoires.Enfin, la presse rend compte des déclarations de soldats blessés interrogés à leur arrivée à Toulouse. Ils répondent que "Les Allemands nous tuent relativement peu de monde. Ils tirent trop bas. Ils frappent nos jambes quand nous sommes debout et nos bras quand nous sommes dans les tranchées" …Le 31 août, l'armée appelle la classe 1914, rappelle les hommes de la réserve d'active et ceux des classes les plus anciennes. La publication de cette information témoigne des pertes subies.L'activité régionaleL'activité régionale est essentiellement tournée vers le conflit.Les distributions de prix de fin d'année scolaire sont supprimées ainsi que les festivités : la presse régionale annule sa corrida, le concours de pêche de Montauban subit le même sort ainsi que le concours de chiens à Caussade. La foire de Gaillac du 11 août, habituellement très fréquentée, reçoit si peu de visiteurs et d'exposants qu'il est impossible d'établir une mercuriale c'est-à-dire une liste de cours officiels du marché. Le 16 août le concours de chevaux en Ariège est ajourné.Dans l'ensemble, les municipalités assistent les plus démunis et les familles de mobilisés par la distribution de soupes.À Toulouse, les "Fourneaux économiques" distribuent un repas du matin, vers 11 h, "aux nécessiteux et aux familles de de mobilisés" inscrits aux commissariats et possédant la carte d'inscription et à Mirepoix, une cantine est créée pour les familles nécessiteuses des mobilisés.La municipalité d'Argelès-Gazost réinstalle les soupes populaires pour les plus démunis dont les pères sont momentanément sous les drapeaux et des garderies avec soupes pour les enfants de mobilisés.De nombreuses communes font de même.Le 29 août, dans le Tarn, des communes ouvrent les écoles publiques organisent des garderies-classes pour les filles et garçons de mobilisés "afin d'atténuer l'absence des mobilisés" et de soulager les mères éloignées du foyer en raison de leur travail.Aides de l'EtatAu cours de la guerre, il faut pallier au manque de revenus pour les familles de mobilisés. Aussi, l'État prend en charge cette aide en distribuant des allocations. Le 2 août, les allocations de soutiens de familles nombreuses sont de 1,25 francs par jour majorées de 0,50 francs par enfant de moins de 16 ans et des commissions cantonales sont nommées par le préfet. Elles ont pour mission d'établir les listes des familles qui peuvent percevoir cette aide et d'organiser les distributions.Des souscriptions publiques, volontaires sont ouvertes comme à Rodez pour venir en aide aux familles de mobilisés.Par ailleurs, la création de cartes postales militaires exemptées de taxes d'affranchissement gratuites aux militaires, mises en vente à un prix modique aux familles, permet de faciliter les relations entre les mobilisés et leurs familles et, probablement, d'aider la censure postale dans son travail. Elles ne devront contenir aucune information relative à la marche des armées.Les blessésLe territoire régional, comme en France, se couvre d'hôpitaux temporaires, auxiliaires et complémentaires. Ils vont recevoir les innombrables blessés arrivant du front dispatchés sur le territoire national. Ces hôpitaux sont financés par des dons en argent ou nature et par la création d'un timbre-poste spécial de 1,15 francs. 0,05 francs vont au service de santé militaire français et aux œuvres de la Croix-Rouge, association qui gère et organise les secours.400 couvertures de laine pour les blessés répartis dans le département du Tarn sont réquisitionnées. Elles seront rendues "à la fin de la douloureuse période que nous traversons" et la liste des donateurs sera bien entendu publiée.Le 26 août, l'Express du Midi annonce l'arrivée du premier blessé militaire à Toulouse : "Le premier militaire toulousain blessé au feu est arrivé à 9 heures hier soir, en gare Matabiau. C'est l'adjudant X..., du 83e d'infanterie, qui habite avec sa mère, avenue Camille Pujol". Les jours suivants, la région recevra de nombreux blessés. Toulouse, Arrivée des blessés et départ des territoriaux, © Archives municipales de Toulouse À Albi, des cours d'infirmiers sont dispensés par la directrice de la maternité.Les réfugiésLe 29 aout, le premier convoi de réfugiés est arrivé en gare à 10h. Six cent personnes de nationalité allemande ou austro-hongroise "qui n'ont pu ou pas voulu retourner dans leur pays sont logées au collège de Graves et à l'ancien orphelinat de Treize-Pierres".Les prisonniersLe 30 août, le général Bailloud commandant la 17e région rappelle aux Toulousains de rester calmes et dignes. Un convoi de 532 prisonniers allemands arrive le lendemain à Toulouse. Les militaires seront nourris, les blessés recevront des soins.Les prisonniers, étrangers évacués et individus expulsés des places fortes formant "les bouches inutiles" sont pris en charge par l'armée qui pourvoit par voie de réquisition à leur logement, à leur nourriture, au chauffage et aux soins pour ceux nécessiteux.La mort du pape Pie XLe 20 août 1914 meurt à Rome le pape Pie X à 1h35. Il a 79 ans. Le conclave s'ouvrira le 31 août et 65 cardinaux vont se réunir pour élire un nouveau pape. Mort du pape, par Giuseppe Felici (1839-1923), © Wikimédia.org TItre Septembre 1914 Corps En septembre 1914, les Français prennent conscience des conséquences des combats que l’armée et la censure ne peuvent plus cacher. Les nombreux blessés arrivent dans les départements ainsi que les réfugiés Belges et Français suivis des longues colonnes de prisonniers de guerre. Et les difficultés quotidiennes (déplacements, ravitaillement, alimentation…) sont toujours présentes.Récoltes Si dans l’ensemble les agriculteurs ont bien rentré les moissons d’août, il a fallu qu’ils s’adaptent - faute de pièces de rechange, les machines sont peu utilisées - et qu’ils recourent à l’usage du fléau pour battre les céréales. Les engrangements ont connu, eux aussi, quelques difficultés dues au manque de chevaux et d’ouvriers.Les vendanges de septembre, sont mieux préparées. Le Midi a déjà fait appel à la main-d’œuvre espagnole mais les autorités veulent favoriser celle locale, le chômage étant alors important. L’objectif est de faire aussi bien que l’année dernière : du 1er octobre 1913 au 31 août 1914 sont sortis 27 306 397 hl de vins des chais français et 6 589 523 hl de ceux algériens.Le 19 septembre, la Compagnie des chemins de fer d’Orléans propose sur son réseau, une réduction de 50% sur le tarif en 3e classe du voyage aller-retour accordé aux ouvriers vendangeurs. Ils devront voyager par groupe de cinq au moins et faire un trajet de 100 km au minimum, aller-retour. Les propriétaires de chevaux qui souhaitent vendanger dans le Narbonnais peuvent se louer avec leurs chevaux et harnais, la charrette étant fournie par le propriétaire du vignoble. Ils peuvent compter sur un salaire de 12 francs par journée de travail, la nourriture est en sus.Dès la fin septembre, les autorités se préoccupent d’organiser la prochaine récolte de betteraves sucrières.Le gouvernement à BordeauxFace à l’avancée des troupes allemandes sur Paris, le gouvernement français est transféré à Bordeaux le 3 septembre. Ce matin-là, le train présidentiel arrive en gare suivi à midi par le train diplomatique et quelques minutes après par celui des chefs administratifs. Les principaux bâtiments administratifs de la ville sont aussitôt occupés. Puis la Banque de France et le Conseil d’État rejoignent cette ville d’où les principales décisions sont alors prises. Par exemple, le 9 septembre, puisque la guerre est déclarée, le risque de guerre n’est plus assuré que pour les contrats en cours moyennant une surprime. Les jours suivants, le gouvernement décrète que les saisies arrêts sur les salaires ne dépassant pas 2 000 fr ne sont plus possibles, sauf pour les dettes alimentaires. Le gouvernement est parti à Bordeaux, © Gallica.bnf.fr La Monnaie transfère ensuite ses lingots d’argent et ses presses en Midi-Pyrénées, à Castelsarrasin le 5 septembre : les pièces de 2 et 1 fr et de 50 cts sont frappées dans cette ville. Deux petits signes sont alors portés, à gauche une corme d’abondance et à droite une torche, de part et d’autre de la date "1914". Ces détails feront le bonheur de collectionneurs.L'appel aux soldatsLes pertes en hommes sont très importantes au mois d’août – le 22 août est le plus meurtrier de la guerre avec plus de 27 000 français morts -. Aussi l’armée prend de nombreuses mesures.Dès le 2 septembre, les réservistes de l’armée territoriale de toutes les classes sont rappelés sous les drapeaux et les anciens sous-officiers, brigadiers et caporaux qui contracteraient un engagement pour la durée de la guerre sont informés qu’ils pourront être admis au grade dont ils étaient titulaires.Puis, avec un mois d’avance, c’est au tour de la classe 1914 d’être appelée. Les jeunes gens doivent se présenter avec de bonnes chaussures règlementaires qui leur seront payées "à des prix rémunérateurs". Ils sont également autorisés à s’équiper de "2 chemises de flanelle, 2 caleçons, 2 tricots, un jersey ou chandail, une ceinture de flanelle, 2 paires de chaussettes de laine, une paire de gants de laine, une couverture de laine, immédiatement remboursés dès leur arrivée". Les nouveaux soldats seront instruits dans les dépôts afin d’être "raisonnablement mobilisés au bout de quelques mois d'instruction" seulement. Ils seront aussitôt "remplacés […] par le contingent de 1915 qui, à son tour, recevra l'instruction militaire lui permettant d'entrer en campagne dans un délai aussi restreint que possible". Le recensement des jeunes gens nés en 1895 faisant partie de la classe 1915 débute en milieu de mois.L’armée ordonne à la gendarmerie de rechercher les déserteurs ou insoumis : 200 conscrits environ des dernières classes rappelées manquent encore à l’appel. Aussi, chaque jeune homme a l’obligation d’avoir sur lui ses papiers d’identité et militaires et de les présenter à tous contrôles.Par ailleurs, un fils mineur (âgé de moins de 21 ans) devait avoir l’autorisation de son père pour contracter un engagement. Depuis le 19 septembre 1914, si le père est empêché, cette autorisation peut être donnée par la mère, sinon par le tuteur, enfin par le juge de paix de la circonscription.L’armée facilite les incorporations en permettant aux jeunes gens qui le souhaitent de rejoindre leurs frères sous les drapeaux et à ceux qui le veulent et qui en ont les capacités, d’être secrétaires.Les sursis sont également supprimés. Les boulangers sursitaires sont mobilisables. Comme le pain est la base de l’alimentation, les préfets demandent à ces professionnels d’enseigner avant leur départ, leur métier aux habitants qui restent.Les nouveaux soldats alors nombreux, sont regroupés dans des casernes improvisées. À Rodez, ils sont logés au Palais de Justice, au théâtre et à l’ancien séminaire.Enfin, pour maintenir le moral des troupes, le ministre de la Guerre autorise certains artistes à se produire au plus près des champs de bataille. Théodore Botrel, célèbre chansonnier, auteur de "la Paimpolaise", se rend dans tous les camps et hôpitaux du Nord et de l’Est pour chanter "les Chants du bivouac" et autres chansons antiallemandes. Théodore Botrel, Cliché Belval © Wikipedia.org Les blessésDès le début de la Grande Guerre, le service de santé des armées est vite débordé et à la fin du mois d’août, les nombreux blessés affluent en grand nombre dans les départements constituant "l’Arrière".La région Midi-Pyrénées se couvre alors d’hôpitaux. À Toulouse, à la mi-septembre, l’hôpital militaire situé 17 rue Larrey est renforcé par des hôpitaux temporaires installés dans des locaux réquisitionnés par exemple à l’école normale d’institutrices de l’avenue de Muret. Des hôpitaux auxiliaires, comme celui situé à l’école de commerce, l’Hôtel Saint-Jean, rue Saint-Rémésy, sont gérés par la Croix-Rouge et les sociétés de secours. Enfin, les hôpitaux bénévoles sont financés par des associations, des collectivités, des congrégations ou des particuliers. C’est le cas de l’hôpital ouvert le 16 septembre par un négociant, monsieur Dulon, dans l’immeuble de madame Ferradou situé rue Cujas avec l’aide des habitants de cette rue. Douze lits sont mis à disposition de l’hôpital militaire. Lavaur, lycée Las Cases, détail des inscriptions « Casernement des infirmiers » peintes sur une porte sous les combles », © Conseil régional Midi-Pyrénées Devant l’émotion que les blessés suscitent dans la population, le ministère de la Guerre décide l’établissement d’une fiche sanitaire individuelle dès l’entrée de l’hôpital puis chaque semaine. Ce document est destiné à informer les familles. Dans le même but, Toulouse prend l’initiative d’ouvrir un bureau de renseignements concernant les blessés soignés dans la ville.Les nombreuses structures sanitaires et d’entraide, organisent des souscriptions et appellent aux dons. Elles les reçoivent en espèces ou en nature : 1 800 fr environ et 100 litres de Quinquina à Toulouse le 3 septembre, de la lingerie, de la literie (lits en fer et sommiers), des couvertures et des habits le même jour à Tarbes… Les initiatives privées fleurissent également et l’amicale des employés d’octroi décide de retenir 3% des traitements mensuels qu’elle destine aux œuvres d’assistance publique aux blessés, aux fourneaux économiques et aux familles d’employés mobilisés.Il faut encore occuper les blessés et les communes collectent livres, publications et revues, cigarettes et tabac et organisent des spectacles. Les familles qui désirent visiter les blessés, bénéficient de facilités de transport car les compagnies ferroviaires proposent des places à demi-tarif aux ascendants, frères, sœurs, épouses ou enfants.Au sujet des hommes soignés dans les structures sanitaires, selon l’expression relevée dans la presse du 20 septembre, "leur nombre est très considérable". Aussi, l’ouverture de nouveaux hôpitaux à Auch comme dans les villes de la région est indispensable en cette fin de septembre. L’appel aux dons est lancé également par la direction du service de santé de l’armée. Car, en plus des blessés venant du front, les malades civils (vieillards et infirmes) des hôpitaux des départements occupés sont dirigés dans le Sud.Les réfugiésLes réfugiés, arrivés peu de temps avant les prisonniers, proviennent de Belgique et des départements français sur lesquels se déroule le conflit. Pris en charge par le budget national, une allocation est versée aux plus nécessiteux et ils sont répartis sur le territoire : fin août, Foix accueille des Belges qui seront logés dans les villages ariégeois. Réfugiés belges en 1914 fuyant les zones de combats, auteur inconnu, © Wikipedia.org Les initiatives privées proviennent de particuliers, d’associations ou de syndicats :Le 12 septembre, les Parisiens originaires de Villefranche-de-Rouergue rentrent au pays avec leurs familles et souvent accompagnés de voisins ou de connaissances.L’association des Tarnais de Paris prend également des dispositions pour aider les personnes originaires du Tarn à retourner dans ce département.La Fédération Nationale des Amicales des Instituteurs français propose le 14 septembre de recueillir gratuitement les enfants français et belges des réfugiés.Les prisonniersDepuis la fin du mois d’août les convois de prisonniers se succèdent. Leur surveillance et leur entretien relève exclusivement de l’autorité militaire. Les belligérants ont tous signé la convention de La Haye du 18 octobre 1907 : les conditions des prisonniers sont fixées au chapitre II. Nourris, logés et soignés, ils attisent localement, la méfiance et la jalousie. Aussi, à la fin du mois, les autorités évoquent la possibilité de les employer comme travailleurs aux conditions imposées par la convention de La Haye.Le 24 septembre, la commission nationale des prisonniers de guerre est créée. Elle a pour objectif d’échanger des renseignements entre les différents pays par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge.Réquisitions Les réquisitions portent sur les animaux, les produits de première nécessité, les véhicules à moteur… tous les produits nécessaires à l’armée. Le 17 septembre, toutes les automobiles de tourisme de type Torpedo, de 1910 à 1914, de 12 à 25 chevaux et au nombre de 4 places minimum sont réquisitionnées dans la Haute-Garonne ainsi que tous les conducteurs pourvus du brevet de conduite. La destination est inconnue.Les commissions départementales de réquisition mises en place en août, proposent les prix. L’autorité militaire les fixe puis les notifie aux maires et ceux-ci aux intéressés. À partir de ce moment, la loi accorde quinze jours aux propriétaires pour présenter leurs réclamations. Après ce délai, ceux qui n’ont pas réclamé sont payés sur la base du prix proposé par l’armée. Les receveurs municipaux établissent alors les mandats de paiement qu’ils peuvent régler soit la moitié en espèce et l’autre en bons du Trésor à échéance de six mois avec intérêt de 5% soit la totalité en seuls bons du Trésor. Le paiement en espèce seul ne s’applique que sur les réquisitions en nourriture, logement ou cantonnement de troupes, des "bouches inutiles" et des étrangers déplacés.Cette procédure étant longue, le délai est supérieur à un mois, quelques propriétaires exaspérés se manifestent d’autant que les réquisitions sont toujours mal perçues. Un propriétaire dénonce en fin septembre les cas de nombreux blés réquisitionnés qui n’ont pas encore été enlevés.Vie quotidienneEn ce début de septembre, les grandes villes essaient de reprendre le cours normal de la vie.À Toulouse, Le conseil municipal du maire Jean Rieux envisage le financement de la restauration de Saint-Étienne, l’agrandissement de la gare Matabiau et le déplacement de l’école vétérinaire. Les répétitions de l’orphéon pour les concerts au profit des blessés recommencent et les Grands Magasins des Nouveautés de la Compagnie Française situés rue Alsace-Loraine annoncent les soldes d’été en ces temps difficiles.Mais les activités sont toujours peu nombreuses. Les lectures des nouvelles officielles affichées sur la porte des mairies paraissent être les seules animations car les cafés sont désertés, il y a peu de monde dans les rues et la sécurité dépend des rares agents de police aidés de quelques volontaires arborant les brassards de la police municipale. Les gens sont nostalgiques des cafés chantants, guinguettes, skatings, spectacles qui sont arrêtés depuis le début d’août.La vie scolaire essaie aussi de reprendre : une session extraordinaire d’examens pour le baccalauréat réservée aux jeunes gens mobilisés ou ayant contracté un engagement volontaire, est ouverte aux facultés de Sciences et des Lettres.L’annonce de la rentrée scolaire au début d’octobre paraît dans la presse malgré les nombreux instituteurs mobilisés. L’école de Sorrèze ouvre au 1er octobre, les écoles primaires de la région également. Mais les problèmes subsistent : à Figeac, le collège Champollion étant transformé en hôpital temporaire, la rentrée des classes se fera le 1er octobre à l’ancienne école des Frères, au Mirepoix et à la maison Palasse. De manière générale, les lycées étant en partie transformés en hôpitaux, il est conseillé aux pensionnaires de ces établissements de trouver un logement en ville.L’ouverture des écoles est nécessaire car les enfants livrés à eux-mêmes sont nombreux. Un accident ayant eu lieu à Gaillac, les autorités locales demandent aux parents de mieux les surveiller. Parce qu’ils encombrent les portes du Capitole, ceux de 6 à 14 ans seront enfermés en geôle et la municipalité toulousaine informe leurs parents qu’ils devront se présenter aux autorités pour les récupérer.Quant au ravitaillement, les marchés locaux sont peu achalandés et les vendeurs sont parfois plus nombreux que les acheteurs. Une belle paire de poulets à Toulouse le 14 septembre ne coûte que 2,75 fr à 3,50 fr, la grosse volaille 4,50 fr, une paire de pigeons 0,70 fr et la douzaine d’œufs 0,80 fr. Les services municipaux chargés des mercuriales, dressent alors les prix des marchandises. Le prix du pain de 2 kg est fixé, en Ariège, à 0.75 fr.Seules quelques grandes foires reprennent et les trains spéciaux transportant à celle de Samatan le 6 septembre, à Lévignac vers le 10 et le 19 suivant à la grande foire de Revel, sont organisés. Mais la population demande le 12 septembre que les trains s’arrêtent à tous les arrêts car "on nous a pris tous nos chevaux et on n’a pas d’autres moyens de locomotion" et "la mobilisation est terminée".Outre le ravitaillement, notamment celui du bois de chauffage qui débute le 16 septembre, un des rôles des municipalités est de veiller à l’état sanitaire de la population. Celle d’Auch se lance dans une campagne de vaccination antivariolique sur sa population et sur celle étrangère, celle des réfugiés. Mais, dans l’ensemble, la situation sanitaire des départements est inquiétante car les médecins et pharmaciens sont rares ainsi que les médicaments et l’alcool.La peurLa peur de l’avancée allemande sur le territoire français et le choc du transfert du gouvernement à Bordeaux dans l’opinion publique imposent la création de gardes mobiles départementaux et municipaux. D’après le décret du 7 janvier 1914, "des corps spéciaux sont organisés dans les agglomérations importantes et partout où l’autorité le jugera utile". Ils doivent assurer le maintien de l’ordre et la sécurité générale. Une commission départementale est créée et la municipalité de Toulouse "ordonne une remise importante d’armes à la compagnie des francs-tireurs toulousains".La presse locale titre le 8 septembre "Tous soldats ! la levée en masse !" en référence à l’Armée de l’an II défendant le territoire. Le comité toulousain verse 1 500 000 francs pour armer les citoyens. Le 13 septembre des désordres se produisent à Cugnaux, Saint-Simon et Lardenne, vite réprimés par les gardes-mobiles de la Haute-Garonne.Le 14 septembre, l’ordre est donné d’emballer les tableaux et objets d’art du musée de la ville de Toulouse pour les mettre en lieu sûr. Notre région est bien éloignée du front mais cette peur s’accroche à tous les espoirs, irrationnels.Le 17 septembre, la "comète de la guerre" est visible dans le ciel. "S'il est vrai, comme le croyaient les anciens peuples, que les comètes présagent de grands événements, espérons que cette nouvelle comète sera pour nos soldats, qui l'aperçoivent en ce moment au-dessus de leurs têtes, le signe providentiel de la prochaine victoire".Censure Le combat aux "fausses nouvelles" est permanent, qu’elles soient portées par des particuliers ou par la presse.Le 2 septembre, le général Bailloud informe que les gens porteurs de "bruits les plus fantaisistes" seront arrêtés et incarcérés.Le 10 septembre, le préfet interdit les "manchettes" aux journaux, leur défend de "publier des articles d'une largeur supérieure à la largeur maxima de deux colonnes" et de les vendre à la criée "même par le titre du journal". L’arrêté préfectoral est "Approuvé [par] le général de division commandant la 17e région, Général BAILLOUD". Le 11 septembre, aucune "manchette" n’apparait sur les journaux régionaux.Le 19 septembre, la censure militaire est élargie au domaine politique : un officier, le chef du cabinet du préfet et deux journalistes parisiens prennent et lisent tous les télégrammes et courriers adressés aux journalistes. En conséquence, les premières parties blanches apparaissent le 29 septembre dans les journaux. Elles indiquent les parties d’articles ou articles censurés.Le 29 septembre, "L’Homme libre" est suspendu jusqu’au 7 octobre 1914. Journal dirigé par Clémenceau, il est alors imprimé à "La Dépêche". L’interdiction a été décidée car un article en partie censuré a été intégralement publié. Il traitait de l’insuffisance des services de santé de l’armée. Clémenceau reprendra cette publication le lendemain sous le titre "L’Homme enchaîné".En revanche, la destruction le 19 septembre, de la cathédrale de Reims lors des bombardements allemands sur la ville fait la une des journaux ! La cathédrale de Reims au lendemain du bombardement allemand, © Gallica.bnf.fr L'élection du pape Benoit XVEntrés en conclave le 3 septembre à 8h45 - le vice-doyen des cardinaux, Mgr Agliardil, avait demandé, en vain, un armistice le temps du conclave – les cardinaux élisent rapidement le nouveau pape. À 11 h, le prince Chigi informe de l’élection de l’archevêque de Bologne Giacomo della Chiesa âgé de 60 ans, qui prend le nom de Benoit XV. "Connu pour ses sentiments francophiles […] son élection est un triomphe pour la triple-Entente", l’alliance de la France, le Royaume-Uni et la Russie impériale. Benoit XV, © Gallica.bnf.fr TItre Octobre 1914 Corps Dans les premiers mois du conflit, à la lecture des différents témoignages, on constate l’importance des besoins et une certaine improvisation. En ce mois d’octobre, de plus en plus de blessés, de prisonniers et de réfugiés arrivent à l’Arrière, dans la région. Et la vie quotidienne est alors rythmée par les nombreuses quêtes et les réquisitions fréquentes.Nos soldatsL’équipement du soldat fait à l’évidence défaut. Les autorités militaires françaises continuent de rembourser les vêtements règlementaires que les conscrits présentent en arrivant au dépôt. Un chandail est payé de 4 à 6 F par exemple. Et les demandes de vêtements et de sous-vêtements "neufs", comme il est précisé, sont de plus en plus pressantes. En ce début d’octobre, le pays se mobilise pour répondre efficacement au "paquet d’hiver de nos soldats". Il est composé d’un gilet de laine, d’une chemise en flanelle, d’une paire de caleçons chauds, d’une ceinture en coton, d’une paire de chaussettes en laine, de deux petites serviettes et d’un savon. Ces paquets individuels sont "envoyés aux soldats du front qui combattront efficacement le froid". Cette opération n’exclut pas les colis personnels. À ce sujet, les autorités rappellent qu’il est interdit d’envoyer des matières inflammables. Des paquets adressés à des militaires, contenant des boites d’allumettes ont pris feu et détérioré du courrier postal, des dépêches et d’autres colis. Les allumettes sont pourtant indispensables aux soldats pour allumer les cigarettes et pipes qu’ils reçoivent.Quelques mairies de la région, notamment celles du Tarn, mettent à la disposition des habitants de la laine pour confectionner gratuitement des passe-montagnes aux soldats.Mais les quêtes sont nombreuses et lassent parfois la population. Aussi, afin d’éviter les abus et les tricheries, les maires décident de donner, à partir du 8 octobre, les autorisations nécessaires pour procéder à des quêtes sur la voie publique.Conseils de révisionFace aux importantes pertes militaires, les jeunes de la classe 1915 sont rapidement recensés. Chaque préfecture prépare alors les conseils de révision qui se déroulaient habituellement en début d’année. Ceux qui auront 20 ans en 1915 sont convoqués en octobre 1914 au chef-lieu de canton par les affiches qui informent du lieu, de la date et des heures de passage. Ils se présentent alors nus devant le médecin militaire qui vérifie leurs mensurations et décide des aptitudes physiques de chacun. Ceux reconnus "bon pour le service" passent une journée de fête. À Gaillac, le conseil de révision se déroule le 24 octobre : à 7 h 30, les jeunes hommes se réunissent au café "Les Américains". A 8 h, ils passent devant le médecin et immédiatement après la photographie du groupe est prise. L’apéritif à 11 h pris au café Berthier est suivi à 12 h d’un banquet chez monsieur Alcouffe, propriétaire du restaurant "Le Chevreuil" dans lequel on procède au tirage du drapeau. Le célèbre gâteau, le moka est pris au café Blanc à 14 h et la fréquentation de ces établissements contente probablement les différents commerçants de la ville. Il n’y a malheureusement ce jour-là ni bal, ni musique "en raison des événements".Les listes de recrutement peuvent alors être publiées dans la presse, et c’est un grand honneur d’y figurer.Conseils de guerreL’affaire du lieutenant Mesureur défraie la chronique : du 12 au 14 août, il a pris part à la bataille de Dinant, et "dans un grand état de dépression physique", a ensuite été transféré à l’arrière dans une unité sanitaire. De là, il est rentré chez lui, se considérant en permission. Arrêté à son domicile, il est alors accusé de désertion. Il risque de 5 à 20 ans de réclusion. D’autres affaires sont également traitées par les conseils de guerre : mendicité avec simulation de blessure et d’infirmité, insoumission, bris de clôture et injures, refus d’obéissance, vol de matériel militaire…Nos blessésLes blessés arrivent toujours en plus grand nombre et les hôpitaux peinent à faire face à cet afflux. Les besoins sont tels qu’on en ouvre de nouveaux comme à Sainte-Foi-de-Peyrolière le 7 octobre. Cet hôpital auxiliaire comprend 75 lits.Les structures hospitalières sont souvent mal équipées. Elles manquent par exemple de chauffage car on pare au plus pressé, l’accueil des blessés. Aussi, les associations caritatives demandent des couvertures et des appareils de chauffage, la température en ce milieu de mois d’octobre étant bien basse.Malgré l’établissement de listes de blessés, les familles éprouvent de grandes difficultés dans leurs recherches. Ainsi, désespérée, la famille Leleu fait paraître le 4 octobre un avis dans le journal local pour retrouver un fils, le capitaine Leleu soigné dans un hôpital de la région. Même dans le cas où le lieu de soins est connu, malgré les facilités de transport accordées aux parents de militaires blessés, les réunions familiales sont rendues difficiles par les longues démarches administratives.Heureusement, les blessés bénéficient de la générosité locale : les employés municipaux toulousains reversent 3 % de leurs salaires pour les œuvres aux blessés, les blanchisseuses d’Albi travaillent gratuitement pour ceux soignés dans cette ville, les coiffeurs de Villefranche-de-Rouergue offrent gracieusement leurs services …Les "dames de la Croix-Rouge", le plus souvent des bénévoles soignant et apportant quelques secours aux blessés, distribuent des médailles religieuses et objets de piété aux personnes en traitement. Informé de cette situation, le ministre de la Guerre rappelle que depuis la loi de séparation des Églises et de l’État (décembre 1905), ces distributions sont interdites. Aussi, il autorise les aumôniers militaires à entrer dans les hôpitaux de l’armée à la condition qu’ils ne fassent pas œuvre de prosélytisme.Enfin, la municipalité de Toulouse décide de retourner les corps des soldats morts dans les hôpitaux de la ville à leurs familles lorsque d’autres communes comme Mirepoix, les enterrent au cimetière communal en attendant que les familles viennent les chercher.Vie quotidienneLes jardins publics ouvrent à nouveau de 6 h à minuit dès le 1er octobre à Toulouse. Les jours suivants, les écoles, l’école des Beaux-Arts, le conservatoire, les bibliothèques ouvrent également. Malgré cela, les enfants sont toujours livrés à eux-mêmes. À Saint-Geniès comme ailleurs, les personnes se plaignent de ces petits vagabonds même si des initiatives privées essaient de répondre au problème. L’amicale des enfants du Tarn-et-Garonne se propose de recueillir les petites victimes de la guerre.Le retour tant attendu vers une vie normale est alors perceptible : les cérémonies remerciant les serviteurs méritants qui seront médaillés reprennent dans le Gers, le 9 octobre à Auch, le "courrier artistique", rubrique des arts, informe à nouveau des programmes des théâtres et cinémas locaux. Et malgré l’absence de nombreux joueurs et de dirigeants qui sont au front, le Harlequin’s club universitaire toulousain indique que les entraînements reprendront le 17 octobre. Le Stade Toulousain qui "depuis de longues années a travaillé à former et entraîner les jeunes hommes, à développer chez eux l'amour du drapeau" annonce à son tour la nouvelle saison de "football rugby" ou "association". Les inscriptions ont lieu au siège du club, aux Pont-Jumeaux, et la cotisation est exceptionnellement ramenée cette année à 3 F. En ce début d’octobre, on apprend le décès survenu lors de la bataille de la Marne le 6 septembre, du joueur emblématique du club, Alfred Mayssonnié. À l’initiative de Paul Voivenel, son portrait et la sculpture "Héraklès archer de Toulouse", œuvres du sculpteur Antoine Bourdelle, seront installés en 1925 dans la ville en mémoire du rugbyman et des sportifs morts à la guerre. Portrait d’Alfred Mayssonnié par Antoine Bourdelle, avenue Paul Séjourné, 31 Toulouse, © Collection privée P. Roques Les convois de trains sur lesquels sont apportés le matériel allemand récupéré du front, les convois de prisonniers, ceux de blessés ou de réfugiés sont autant d’occasion de balades quotidiennes.Quant aux déplacements, lors de foires ou pour le travail - la manufacture d’armes de Tulle demande par exemple de nombreux ouvriers spécialisés -, ils sont facilités par la baisse des tarifs de transport sur les chemins de fer départementaux. Mais les sauf-conduits sont toujours obligatoires pour des voyages de plus de 150 km aller et retour et la circulation automobile est encore limitée, interdite de 6 h du soir à 6 h du matin.Le chômage est important et pour venir en aide à la population, à partir de la fin d’octobre, les commissaires d’arrondissement délivrent des cartes autorisant les personnes nécessiteuses à se livrer au grappillage dans les vignes non closes de certaines communes.Subissant les restrictions, la population s’adapte : on confectionne des plastrons en papier bien pratiques pour se protéger du froid.Enfin, le 5 octobre, les chefs d’œuvre du Louvre (la Joconde, la Vénus de Milo…) sont mis en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse. Ces œuvres séjourneront pendant la durée de la guerre dans la nef gothique du couvent des Jacobins.OctroiL’octroi est une taxe sur les marchandises perçue à chaque entrée de ville. Se trouvant le 12 octobre dans le tramway de Lalande-Aucamville, à 15 h, et se rendant à Toulouse, un caporal blessé du 31e régiment d’infanterie porte alors un colis de raisins à l'hôpital militaire situé dans le quartier Saint-Agne. L'employé d'octroi exige sur le champ, le paiement de 30 centimes pour l'entrée de ces fruits malgré les suppliques du caporal l’informant de la destination de ces fruits aux blessés. Le lieutenant de Gorse, témoin de l’événement, rembourse alors le montant de l'entrée de ces raisins au caporal.L’administration est chargée de prélever cette taxe soit par les agents municipaux ou par un régisseur. L’Isle-sur-Tarn, choisit de procéder, en fin d’année 1914, à l'adjudication du bail à ferme des droits d'octroi de la commune. La mise à prix est de 1 500 F et le bail à ferme est de trois ans. L’octroi sera supprimé en France en juillet 1943. Pavillon abritant entre 1800 et 1856 les bureaux de l’octroi à Saint-Cyprien à Toulouse, © Archives municipales Toulouse AgricultureAu début d’octobre, les autorités françaises demandent aux agriculteurs d’utiliser les engrais. Cette décision est prise pour augmenter les rendements. En effet, les dernières récoltes de céréales, celles de 1914, sont évaluées entre 60 et 82 millions de quintaux. Il manquerait 13 millions de quintaux pour faire face à tous les besoins ce qui rend nécessaire l’importation de céréales. Mais le coût des engrais est plus élevé que celui du fumier habituellement utilisé et le transport est difficile.En revanche, les quantités de pommes de terre paraissent être suffisantes, du moins dans les Deux-Sèvres : le préfet de ce département propose le 17 octobre de faire don de 40 wagons de pommes de terre aux régions dévastées. "Les départements favorisés par leur situation géographique", dit le préfet, "ont le devoir de venir en aide à ceux qui ont été envahis".À la fin d’octobre, des permissions de 15 jours sont accordées aux agriculteurs mobilisés pour faciliter les travaux de semailles, permissions limitées aux seuls hommes des dépôts territoriaux. Les réquisitions continuent d’être appliquées sur les bêtes, les chevaux de 5 ans, les mulets de 3 ans et sur tous les produits agricoles.ApprovisionnementFace aux nombreuses plaintes, les autorités décident d’enquêter sur les difficultés à acheter du sucre. Les résultats démontrent qu’il n’y a aucun problème. Pourtant, le prix de 100 kg de sucre passe de 80 F vers le 20 octobre à 125 F quelques jours après.Le préfet interdit la sortie de légumes secs de la Haute-Garonne, le prix du pain à Villefranche risque d’augmenter malgré la suppression depuis le mois d’août de droits de douanes… La population rencontre des difficultés à s’approvisionner surtout que les échanges sont rendus plus compliqués en raison du manque de monnaie divisionnaire, la "petite monnaie".Les prix affichés sur les marchés ont légèrement augmenté. Comme tous les jeudis, la foire de Villefranche-de-Rouergue s’organise en trois lieux : la place Notre-Dame pour les volailles, canards et lapins, la halle pour le marché aux grains, les pommes de terre, châtaignes, noix… et le foirail pour les animaux, moutons, bœufs, porcs… La douzaine d’œufs est à 1,30 F, une poule à 0,70 F la livre, l’hectolitre de pommes de terre à 3 ou 4 F, le porc à 45 F les 50 kg. Seuls les prix des bœufs et des vaches de travail ont significativement augmenté.Le financement de la guerreAprès les participations financières des collectivités locales à l’effort de guerre, le gouvernement presse les Français de payer à temps les impôts et taxes dont ils sont redevables et lance les bons de la défense nationale. Les plus aisés ou les plus patriotes peuvent souscrire des bons de 100, 500 et 1 000 F à échéance de 3, 6, 12 mois à 5 %.Censure"La presse appartient aux services auxiliaires de l’armée" déplore le 10 octobre un journaliste. La mainmise de l’armée sur la presse présente quelques avantages pour les autorités mais aussi un inconvénient majeur : à force de déclarer des victoires et de cacher les défaites, la victoire le 16 septembre, de la bataille de la Marne avec la participation des célèbres taxis parisiens est passée inaperçue. Il faudra quelques mois pour que les Français en évaluent l’importance. Taxi de la Marne. En octobre, la censure est toujours plus active et beaucoup d’articles de presse en font les frais. Les censeurs utilisent alors les ciseaux, la gomme et le crayon. Ils interdisent le 24 octobre, l’édition des listes des soldats morts au champ d’honneur qui paraissaient quotidiennement depuis un mois. Cette décision est probablement excessive et peu judicieuse car deux jours après, les listes des soldats morts sont à nouveau publiées dans les journaux.Enfin, l’armée autorise de nouvelles cartes postales. La représentation est au recto, "des phrases toutes faites imprimées" au verso. Les soldats "qui n’ont pas toujours le temps ni les moyens matériels de rédiger une correspondance" pourront biffer simplement les phrases ou mots dont ils n’ont pas besoin ce qui est très pratique, surtout pour la censure.Les Belges, la BelgiqueLes réfugiés, français ou belges, arrivent toujours en grand nombre. Les Belges sont tellement nombreux que plus d’un million de fiches sont établies au 20 octobre et qu’une organisation, le bureau de la société belge de bienfaisance, est mise en place pour renseigner et aider les compatriotes.De plus, le 13 octobre 1914, deux paquebots transportant les autorités belges entrent dans le port du Havre. La France donne ainsi la possibilité au gouvernement belge, à une partie de son administration et aux membres de son corps diplomatique de s’établir dans la ville proche de Sainte-Adresse dans l’immeuble "Dufayel" pour continuer en exil, le combat. Carte postale de l’immeuble Dufayel siège du gouvernement belge Les AllemandsLes prisonniers allemands gardés sur le territoire national sont, pour certains, dirigés dès le 2 octobre, dans des camps en Algérie puis, pour d’autres au Maroc. Prisonniers allemands à Toulouse, © Archives municipales de Toulouse, cote 9 Fi 3632 Par ailleurs, les autorités se félicitent du succès des "chasses aux allemands sur Toulouse". L’indispensable ouverture d’un deuxième local d’internement témoigne de cette grande activité. Dans le Tarn, 6 hommes et 14 femmes austro-hongrois sont logés dans les anciennes prisons de Gaillac. Nourris aux frais de l’État à raison de 1 F par jour par adulte et 0,50 F par enfant, ces étrangers sont libres de circuler mais ils doivent être présents aux différents appels de la journée.Bien sûr, depuis le 5 octobre, les produits allemands et autrichiens ne sont plus vendus et, quelques jours après, tous les biens appartenant à des Allemands ou des Autrichiens sont saisis et mis sous séquestre.Les escrocsDans pareilles situations, des escrocs profitent de la détresse des gens. De nombreuses lettres portant l’en-tête de la Banque commerciale de Bâle (Suisse) sont adressées à des familles de mobilisés habitant la région. Informant que leurs proches sont prisonniers de guerre "généralement à Musinger (Wurtemberg)" et qu’ils sont sans ressources, l’auteur de ces lettres explique aux familles que la banque est missionnée par l’autorité allemande pour faire parvenir sans aucun frais l’argent aux prisonniers. Il est écrit que les familles peuvent alors envoyer les mandats-poste à l’adresse indiquée. Aussi, les autorités locales invitent les victimes à retourner ces lettres au Procureur de la République. TItre Novembre 1914 Corps Novembre 1914 débute, sur le champ de bataille, par le recul des Allemands suite à l’inondation, le 29 octobre, d’une partie de la Belgique par l’armée belge. Les armées en présence subissent le froid, la boue et la neige. Les déplacements sont difficiles, le front se stabilise de la mer du Nord à la Suisse. Les soldats pour se protéger, creusent le sol et la guerre des tranchées débute.Le 1er novembre 1914, la Turquie entre dans le conflit.Le 1er novembre 1914, la Russie déclare la guerre à la Turquie.Le 2 novembre 1914, la Serbie déclare la guerre à la Turquie.Le 5 novembre 1914, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à la Turquie. Autorités turques en 1914, © Wikipedia.org Les gardes civils supprimésL’État supprime au 1er novembre, les corps spéciaux de gardes civils créés par la loi du 7 janvier 1914. Cette milice est composée de volontaires mal formés et peu efficaces pour le maintien de l’ordre. Le coût de leur équipement (armes essentiellement) mais aussi le remboursement de leurs indemnités devient conséquent. Par ailleurs, la gendarmerie se méfie de ces auxiliaires parfois zélés.À La Bastide-de-Sérou dans l’Ariège, les missions des 10 gardes nommés sur une commune de 2 528 habitants, sont nombreuses. Ils doivent assurer la surveillance des voies ferrés, la police locale, la police générale, la circulation routière, la surveillance des étrangers suspects, les arrestations des déserteurs, réfractaires et insoumis. Ils peuvent aussi dresser des contraventions, et assister aux réquisitions.Nos soldatsLes besoins de l’armée en hommes sont toujours importants. Aussi la "chasse aux embusqués", ceux qui sont dans les sections de secrétaires, d’infirmiers, de commis ouvriers d’administration et qui pourraient être sur le front, est ouverte. Le service du recrutement demanda au "chef des hôpitaux d’une grande ville au sud de la Loire", de proposer des hommes pour passer devant le conseil de révision. Le nombre de soldats désignés étant infime, tous les hommes furent envoyés devant le conseil de révision qui en retint alors 220 sur les 254 employés dans les hôpitaux. En conséquence, de nouvelles commissions médicales composées de trois médecins étrangers au régiment sont créées le 20 novembre pour envoyer au front les "embusqués" ainsi qu’une commission spéciale de subdivision : elle est chargée de contrôler la pertinence des prolongations de congés de militaires en convalescence.Par ailleurs, les réservistes et territoriaux des classes 1893 à 1910 sont rappelés le 27 novembre et les anciens officiers sont invités à reprendre du service pour servir au moins comme instructeurs dans les dépôts. Enfin, les conseils de révision de la classe 1915 terminés depuis fin novembre, le ministère de la Guerre veut préparer la classe 1916 dans le but de l’incorporer rapidement.Afin de renforcer l’enthousiasme des jeunes, une semaine de formation est organisée pour les enfants du quartier toulousain de Saint-Cyprien. Elle concerne les classes 1915, 1916 et 1917 et débute le dimanche par des activités de tirs à l’école. Puis, le lundi des marches d’entraînement sont prévues suivies le mardi de cours de topographie et les mercredi et vendredi d’exercices physiques.Le gouvernement français communique sur les efforts faits par la nation. Il informe que les armées en campagne ont reçu à ce jour, 1 736 000 couvertures, 1 100 000 tentes individuelles, 1 683 000 tricots, 1 494 000 ceintures de laine ou flanelle, 1 469 000 paires de chaussettes de laine et 904 000 paires de gants ou moufles, hors initiatives privées et qu’à partir du 20 novembre, les troupes recevront un nouvel uniforme : "la couleur est agréable et il est peu visible : le képi, la capote et le pantalon sont de la même couleur gris bleu".Par ailleurs, le courrier étant le seul lien entre les familles et les soldats, il rend compte du nombre important de lettres. Le bureau central militaire des Postes déclare qu’il a reçu le 26 novembre à destination des armées, 1 540 000 lettres et cartes postales, 158 000 lettres et objets recommandés, 4 000 journaux, 5 900 paquets ordinaires et 9 750 mandats. Il est rappelé aux familles qu’elles ne doivent pas envoyer de cartes postales se moquant des Allemands car en cas de capture, le soldat français qui a ces documents sur lui est maltraité voire fusillé.Prenant soin de ses militaires, l’État autorise par décret du 18 novembre, le mariage des sous-officiers et des soldats sans l’autorisation du conseil d’administration de leur corps. Le ministre de l’Intérieur, Louis Malvy, invite aussi les préfets à "surseoir à l’exécution des prestations en nature non encore acquittées". Les conseils municipaux doivent donc exonérer les soldats mobilisés de la taxe vicinale payée pour l’entretien des chemins. Avec le développement de l’automobile, les routes doivent être mieux entretenues. Le 9 novembre sont créées les compagnies de cantonniers "pour la durée de la guerre". Chacune d’elles est composée d’un capitaine, de deux lieutenants ou sous-lieutenants, de 14 sous-officiers et de 600 cantonniers dont 20 ouvriers maçons, charpentiers et ouvriers en fer. L’armée informe qu’un nombre important de véhicules automobiles destinés au ravitaillement des armées va être mis prochainement en service : les conducteurs et ouvriers nécessaires seront pris sur les territoriaux et même parmi les hommes âgés de plus de 47 ans. Le ministère de la Guerre fait donc appel aux officiers complémentaires et aux anciens officiers. Louis-Jean-Marc Malvy, Base de données des députés français, © www2.assemblee-nationale.fr Nos soldats disparusLes "soldats disparus" sont tous les soldats portés manquant sur le front. Certains ont été faits prisonniers, d’autres sont morts au cours de combats acharnés et d’autres enfin ont disparu, leurs corps déchiquetés par la mitraille. Quelques-uns ont probablement déserté.Comme aucune information ne paraît sur ces disparus, l’Express du Midi informe ses lecteurs de la création par ses soins, le 24 novembre, du "service des recherches des soldats disparus". Il demande aux familles d’envoyer les noms, prénoms, unité, grade, date et lieu de disparition et numéro de matricule. Ces informations publiées, le quotidien espère par cette initiative récolter des nouvelles sur les soldats disparus.Nos blessésLa solidarité est toujours aussi importante. Ce mois-ci, les professeurs du secondaire donnent 2% de leur traitement au "Secours national", le personnel des contributions indirectes du département du Tarn verse en faveur des blessés. Le cercle des Aveyronnais de Marseille fournit tous renseignements sur les blessés aveyronnais de cette ville. À la fin du mois, un comité départemental est créé à Rodez. Il a pour mission d’informer les aveyronnais sur les lois, les règlements nombreux et nouveaux, sur les blessés, les retours des corps, l’envoi de colis, les allocations…L’opération des "timbres de France" au profit de la Croix-Rouge est indispensable au financement des secours. Une surtaxe de 5 cts est prélevée sur les timbres de 10 cts. La Croix-Rouge établit qu’elle dépense 4 F par jour et par homme soigné. La somme rapportée de 2 000 F permet de soigner près de 500 blessés. Timbre de France au profit de la Croix-Rouge, © Wikimedia.org Nos prisonniersRecevant peu d’informations des leurs, prisonniers en Allemagne, des familles sont en plein désarroi. Aussi, l’État organise les circuits de correspondance le 16 novembre. Pour l’envoi de lettres, il faut écrire l’identité du prisonnier avec son numéro de régiment, de compagnie, et le lieu d’internement (via Pontarlier). Les enveloppes doivent être ouvertes et les lettres ne comporter que des nouvelles portant sur la famille et la santé. La franchise est accordée jusqu’à 20 gr. Pour l’envoi d’argent, les seuls mandat-postes internationaux sont envoyés au Contrôle général des Postes à Berne (Suisse). Les colis postaux pour les prisonniers sont expédiés en franchise. Le seul droit à acquitter est un droit de 0,10 F, coût de la feuille d'expédition. Les paquets doivent être enveloppés dans de la toile et l’adresse, écrite, autant que possible, directement sur la toile. Ils sont reçus, pour Paris à la gare de Lyon et aux bureaux de la ville des Chemins de fer du P.-L.-M. et dans toutes les gares de France. Les envois doivent être accompagnés de deux feuilles de douane sans déclaration de valeur. Il faut y indiquer la nature du contenu. Les paquets peuvent renfermer des vêtements, du chocolat et quelques produits pharmaceutiques non liquides (ni tabac, ni allumettes, ni charcuterie). Leur poids ne doit pas dépasser 5 kg. Ces colis doivent porter l'adresse exacte du prisonnier (nom, prénoms, régiment, compagnie, lieu d'internement) et la mention "Via Genève".Enfin, l’armée craignant que des informations puissent être données à nos ennemis, attire l’attention des familles sur le fait qu’il est interdit d’envoyer des journaux en Allemagne même sous forme d’emballage.Conseils de révisionLes autorités demandent, le 27 novembre, que les hommes invités à comparaître devant le conseil de révision, soient "dans un était de propreté convenable". Elles préviennent ceux qui se "présenteraient en état d'ivresse [qu’ils] seront arrêtés immédiatement et poursuivis en vertu de la loi du 23 janvier 1875". Ceux déclarés "BONS ABSENTS" (ceux qui ne se présenteront pas devant le conseil de révision) seront immédiatement envoyés au combat.Le 28 novembre, la feuille de route du conseil de révision est à nouveau établie car cette fois, ses membres doivent examiner les exemptés, réformés n° 4, n° 2 ou réformés temporaires des classes 1887 à 1909 "habitant le département ou y résidant actuellement comme réfugiés ou échoués d'autres départements".Conseils de guerreLe 7 novembre, le conseil de guerre permanent examine le cas d’un soldat allemand soupçonné d’avoir volé un sous-officier allemand également prisonnier. Il est condamné à 18 mois de prison. D’autres affaires sont jugées et un insoumis est condamné à 2 ans de prison, un soldat ayant volé du matériel militaire (3 kg de viande) à 1 an, un déserteur à 5 ans de prison. Un autre déserteur est puni d'un an de travaux publics et un dernier de deux ans.Au cours du mois, le conseil de guerre traite des affaires suivantes : ivresse, tapage nocturne, rébellion et outrages envers des agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions, insoumission en temps de paix, et de guerre, refus d’obéissance sur un territoire en état de guerre. L’accusé est rarement acquitté comme dans l’affaire suivante : Un maître tailleur avait ordonné à un soldat d’aller travailler en plein froid et en plein vent sur une terrasse à Agen. Devant le refus de ce dernier, le soldat passe en conseil de guerre et est acquitté.En justice civile, les affaires (délit de pêche) d’un mineur et d’un verrier sont renvoyées après les hostilités car les prévenus sont mobilisés.AgricultureEssentielle aux besoins de l’armée, l’agriculture fait l’objet de toutes les attentions. Le maire de la commune de Labatut informe son conseil de la venue de monsieur Guy, directeur des services agricoles qui parcourt le département au sujet des semailles d’automne : "la culture du blé doit avoir en ce moment la prédominance sur les autres cultures". Pour augmenter les rendements, il faut ensemencer toutes les parcelles "notamment les vieilles luzernières, les trèfles d’un an et les chaumes". Le directeur incite fortement ses interlocuteurs à faire autour d’eux "une active propagande pour cultiver en priorité du blé, nécessaire aux besoins des armées".Les maires sont alors chargés dans les huit départements de surveiller et diriger les travaux de labourage et les semailles d’automne. Ils doivent aussi ordonner aux agriculteurs qui auraient terminé leurs travaux, d’aller en effectuer chez ceux mobilisés ou dépourvus d’attelages. Ces travaux sont payés et ceux qui les refuseront, seront traduits devant les tribunaux compétents.L’État évalue et connait les quantités des récoltes grâce aux déclarations que doit faire chaque agriculteur. Les prochaines déclarations doivent être faites avant le 30 novembre à 17 h.Le 8 novembre, le Moniteur Viticole indique que la récolte de vin de 1914 s’établit à 60 millions d’hectolitres en France et de 6,5 millions d’hectolitres en Algérie. Une année moyenne représente 38 millions. Aussi, les préfets demandent aux viticulteurs de faire don des surplus de 1913 pour l’armée. Le 27 novembre, les stocks au marché des vins de Béziers (Hérault) sont épuisés.ÉgliseEn ce jour de Toussaint 1914, "les églises sont pleines". Le culte des morts, les évènements, les incertitudes et les difficultés ravivent la foi. À Toulouse, après la grande messe, une cérémonie rassemble la foule autour du monument des Mobiles dédié à ceux de 1870. Le 3 novembre, l’association des dames françaises du Tarn fait célébrer une messe à la mémoire des soldats.Le même jour, un des sous-lieutenants du 151e régiment d’infanterie, indique, dans une lettre aux parents d’un soldat mort, l’emplacement de sa tombe : marquée d’une croix à son nom, "elle se trouve à 200 m en amont du pont de La Neuville à l’est du canal de l’Aisne à la Marne". "Sachant les sentiments de votre fils, j’ai fait bénir la tombe par l’aumônier du régiment" écrit-il. Face à l’ampleur des pertes humaines, des cimetières collectifs sont créés près du front et la fosse commune est souvent une pratique courante. Des soldats mécontents de telles pratiques, enterrent eux-mêmes leurs compagnons lorsqu’ils le peuvent. Répondant au mécontentement, la loi 29 décembre 1915 impose les sépultures individuelles, bien difficiles à réaliser sur le champ de bataille.La question de la laïcité reste délicate mais le ministre de la Guerre rappelle au respect de la liberté de conscience. Il ne peut pas y avoir de cérémonies cultuelles collectives dans les salles d’hôpitaux. Parce que l’État est le garant de la liberté de culte, par circulaire, le ministre indique que ceux qui le souhaitent peuvent suivre les messes dans les chapelles ou des salles spécialement dédiées. Mais la liberté de culte a parfois du mal à être appliquée localement. À Saint-Gaudens, vers la fin de novembre, la caserne ayant été transformée en établissement sanitaire, l’aumônier militaire demande l’autorisation de célébrer une messe dominicale. Elle lui est refusée au motif que la "circulaire Millerand n’est pas arrivée". En appel, le commandant militaire de Toulouse accorde l’autorisation. Mais, le prêtre subit ensuite de nombreux refus dus au même motif.Se pose aussi la question des ecclésiastiques. Ceux territoriaux, trop vieux pour combattre, officient dans les hôpitaux. Pour ceux qui ne veulent pas porter les armes, le ministre de la Guerre décide vers le 15 novembre de les affecter aux sections d’infirmiers militaires ou dans les services auxiliaires (secrétariat…).La loi de séparation des Églises et de l’État étant applicable sur le territoire français, les chefs de l’Islam d’Algérie, de Tunisie et du Maroc renouvellent leur loyalisme au gouvernement français ainsi que les grands marabouts de l’ordre religieux de Tedjana qui écrivent le 13 novembre qu’ils restent "fidèles au drapeau français et à la noble France".Vie quotidienneLa région manquant encore de "petite monnaie" - de plus en plus de plaintes sont enregistrées – le 18 novembre, la chambre de commerce de Toulouse édite des billets de 1 F et 0,50 F échangeables avec de vrais billets, opération qui sera seulement pratiquée sur le département de la Haute-Garonne.Ce n’est pas l’unique problème rencontré. Les ouvriers se plaignent de l’augmentation significative du prix de la viande et dénoncent certains commerçants qui trompent leurs clients sur le poids. Ils souhaitent que le prix de la viande soit encadré ainsi que celui des œufs qui comptent parmi les denrées de première nécessité. À Figeac, le prix des œufs est limité à 1,20 F alors qu’à la foire de Villefranche-de-Rouergue, le 21 novembre, libre, il est à 1,85 F.À cette foire, à cause des réquisitions de l’armée, il y a moins de bœufs et de vaches. Les prix affichés sont les suivants : poules 0,60 F la livre, lapins 0,35 F, oies et canards gras 0,90 F, blé 22,50 F l’hectolitre, avoine 10,50 F les 50 kg, pommes de terre 4,50 F l’hectolitre. Châtaignes, noix et pommes sont également vendues ainsi que les veaux et les moutons 0,70 F le kg, les bœufs à 42 F et les porcs à 38 F les 50 kg.Le 28 novembre, le marché aux canards et oies gras a commencé dans notre région car la période de froid sévit. Il s’est alors vendu 35 oies et 30 canards au marché de Gaillac à des prix variant de 1,80 F à 2 F le kg.L’État est soucieux du ravitaillement et de l’approvisionnement de chaque département. Les autorités rassurent les consommateurs car, disent-elles alors, "le sucre ne manquera pas". Elles annoncent le 15 novembre, l’arrivée de 10 000 tonnes de sucre étranger au Havre et l’achat à New-York de 50 000 tonnes. Dans le Gers, le prix du sucre est toujours élevé : 56-59 F les 100 kg et raffiné, il coûte 18,5 sous le kg.Le transport de marchandises doit être amélioré. Aussi, afin de le rendre plus efficace, un seul modèle de sauf-conduits temporaires ou permanents est appliqué en France à partir du 10 novembre et les horaires permettant la circulation automobile sont étendus de 4 h à 21 h. Les "autos Bonneville" situées au 54 boulevard Carnot à Toulouse rappellent alors qu’elles vendent de superbes véhicules de marque De Dion Bouton et Renault.Par ailleurs, la navigation fluviale, notamment sur la Garonne et le canal du Midi reprend. Malgré ces mesures, le chômage persiste toujours et le 17 novembre, le comité central de placement des chômeurs et réfugiés chargé d’aider à l’emploi est créé. Il y a pourtant du travail car le nombre de plaintes concernant les nombreuses défaillances dans les distributions d’eau ou de gaz en ville, du courrier dans les campagnes est important. La passerelle Négreneys sur le canal du Midi, © Wikipedia.org Enfin, contrairement aux années précédentes, le syndicat de la Boucherie informe qu’il n’y aura ni calendriers, ni bonbons, ni d’objets d’aucune sorte. Il réserve les sommes destinées à l’achat de ces objets aux soldats sur le front.Vie associative et démocratiqueLes habitants de Midi-Pyrénées s’informent des événements nationaux et internationaux par les actualités qui paraissent, après censure, dans les cinémas. Le prix des places est alors de 0,3 à 0,75 F. Les mouvements du front peuvent aussi être suivis sur des cartes sur lesquelles sont placés des petits drapeaux. Des feuilles contenant 250 drapeaux à double face assortis de nationalités différentes sont mises en vente au prix de 0,70 F la feuille. La publication des "pages d’histoire 1914", petits livres écrits au fur et à mesure des événements permet aussi de suivre la guerre.Les sociétés de Géographie, d’Agriculture, d’Astronomie populaire se réunissent à nouveau depuis le milieu de novembre ce qui témoigne de l’activité de la vie associative. Mais ce n’est pas le cas de la vie démocratique. La révision des listes électorales est ajournée par le gouvernement jusqu’à la fin du conflit ainsi que les élections aux prud’hommes. D’ailleurs, 21 sièges sont vacants au parlement alors que trois députés et un sénateur sont morts sur le champ de bataille. Les autres sièges ne sont pas pourvus à l’exemple de celui de l’Aveyron parce que le député Alfred Cibiel est décédé et à l’exemple célèbre de Jean Jaurès assassiné, ces parlementaires ne sont pas remplacés. Les élections sont repoussées à des temps meilleurs.Bonnes œuvresLe mois de novembre 1914, le froid est intense sur le front, le temps est très mauvais. "Il neige là-bas" écrit le chef de bataillon du 133e régiment d’infanterie territoriale lorsqu’il demande plus de vêtements chauds car "les besoins sont urgents". "Les conditions actuelles de la guerre sont rudes à cause des rigueurs de l’hiver" écrivent des soldats.La mobilisation locale pour envoyer les "paquets d’hiver des soldats" ne faiblit pas malgré le froid qui règne aussi en Midi-Pyrénées : la neige tombe à Toulouse le 21 novembre. Le même jour, la mairie de Gaillac reçoit 50 kg de laine et fait appel aux volontaires pour tricoter chandails et écharpes. Les listes des personnes participant aux œuvres sont publiées dans la presse. Et les nombreux produits envoyés sont divers : chaussettes, gants, sabots, chemises, passe-montagnes, mitaines, manchettes, serviettes, moufles, cache-nez, plastrons, bandes tricotées, caleçons, cravates en laine, mouchoirs, gilets-tricots, chaussons, bandes de pansements, livres, cahiers de papier à cigarettes, savons, boîtes de sardines, saucissons, boîtes bruleur Sécuritas… Le capitaine Thalamas remercie au nom de ses hommes le maire de Gaillac pour les passe-montagnes, chaussettes, cache-nez et gants reçus et le colonel Taurignac fait de même pour les colis de vêtements pour ses soldats subissant le froid intense et les pluies glaciales.Les associations caritatives demandent aux personnes libres de leur temps d'assister aux obsèques des soldats morts dans les nombreux hôpitaux locaux : par exemple celles du 28 novembre concernent le soldat Bénazeth, du 280e régiment d’infanterie, décédé à l’hôpital du Caousou.SportLa vie sportive reprend et, le 7 novembre, le Comité national d’éducation physique de la jeunesse française est créé par le ministre de l’Instruction publique. Ce comité est sous la haute direction du baron Pierre de Coubertin.Localement, le Stade toulousain, par suite de l’absence de calendrier cette saison, informe qu’il n’y aura pas de guichets ouverts et qu’il offre la gratuité de l’entrée du stade aux militaires. Le match de football-rugby entre les deux clubs toulousains, l’Harlequin club universitaire toulousain et le stade toulousain est amical et les prix des places s’étalent de 0,55 à 1,10 F selon qu’on soit au bord du terrain ou confortablement assis sur les planches des tribunes.RéquisitionsLe 11 novembre, l’armée informe du parcours de la remonte (la fourniture de chevaux pour la cavalerie). La commission viendra prendre les chevaux de 5 ans et plus dans les communes du Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne et de l’Aude. Les réquisitions toujours plus nombreuses, se succèdent et les autorités décident de payer en totalité, vers la fin de novembre, celles concernant les mules, chevaux et mulets.Les étrangersLa déclaration de guerre de la France à la Turquie a pour conséquence locale, la chasse à l’ennemi. Un commerçant toulousain, Turc, s’installe comme tous les jours sur sa place au marché du Capitole. Son étal est alors renversé, les produits jonchent le sol. Il "a dut lever l’ancre et transporter ailleurs ses babouches". Les habitants se plaignent aussi des austro-hongrois internés aux anciennes usines de la Maladrerie qui maraudent dans les vergers voisins en quête de nourriture.Les biens des étrangers sont mis sous séquestre. Le 14 novembre, le président du tribunal ordonne la saisie d’une voiture appartenant à la maison allemande Krup avec toutes ses marchandises puis trois colis postaux de cuir adressés en Allemagne par la maison allemande Adler et Openheimer de Graulhet sont mis sous séquestre.À la fin du mois, neuf jeunes filles allemandes sont renvoyées dans leur pays par la Suisse et les prisonniers allemands retenus en France doivent, pour certains, travailler. À Lisle, une cinquantaine d’entre eux "sera occupée à l’extraction du gravier nécessaire à l’entretien des routes".Les réfugiésLe 14 novembre, 1 350 réfugiés arrivent en gare de Saint-Sulpice et sont aussitôt répartis par les commissaires de police et les maires dans les communes voisines. Pour le seul arrondissement de Gaillac, 682 ont été logés : dont 79 à Grazac, 35 à Loupiac, 38 à La Sauzière-Saint-Jean, 77 à Lisle-sur-Tarn, 20 à Parisot, 31 à Peyrole, 100 à Gaillac, 27 à Cadalen, 36 à Montmiral, 24 à Larroque, 21 à Saint-Beauzile, 60 à Le Verdier, 63 à Vieux, 56 à Montans et 21 à Sénouillac.Des représentations artistiques sont organisées pour les réfugiés comme celle à Toulouse, au Théâtre des Variétés. Le 27 novembre, des artistes belges se produisent devant leurs compatriotes.Trafics et escrocsLe 19 novembre la presse rapporte le trafic de denrées via la Suisse à l’Allemagne. Nos ennemis se ravitaillent en contrebande grâce à des intermédiaires sans scrupules. Ils auraient reçus ces derniers temps 300 wagons de châtaignes, blé et pommes de terre provenant d’Italie malgré les autorités italiennes qui interdisent ce trafic.Le 27 novembre, des vols de "paquets d’hiver de nos soldats" se sont produits dans notre région. L’affaire fait grand bruit car les quatre voleurs arrêtés, sont tous employés de la compagnie des Chemins de fer du Midi. Ils sont déférés en conseil de guerre et le 30 novembre suivant, les cheminots se désolidarisent de ces malfaiteurs.Une deuxième affaire défraie la chronique car le seul voleur arrêté d’une bande de quatre est bien jeune, il a dix ans. Avec ses comparses, ils se présentaient dans les différents magasins de la ville de Toulouse, mendiaient en se faisant passer pour des réfugiés belges pour mieux apitoyer les victimes et volaient des marchandises. Les complices de ce garçon sont activement recherchés. TItre Décembre 1914 Corps En décembre 1914, les familles préparent avec difficultés les premières fêtes de Noël et du jour de l’An de la Grande Guerre. Elles se dérouleront au front pour nombre de soldats, sous la mitraille.Le 8 décembre, le gouvernement français est de retour dans la capitale sauf le ministère de la Guerre qui reste pour un temps encore à Bordeaux. La Bourse de Paris ouvre le même jour et un retour à une vie normale semble s’opérer. Le conseil des ministres se tient le 16 décembre à Paris et le parlement est convoqué le 22 décembre dans la ville.Le pape entreprend le 14 décembre des démarches pour établir une trêve de Noël. En vain. Mais pour Benoit XV, "l’amour de la religion et de la patrie sont indissolubles […] et il ne faut jamais séparer dans son esprit ces deux affections".Nos soldatsLes passe-montagnes sont avec les lainages, les protections les plus demandées dans les "paquets d’hiver de nos soldats". Les auteurs de monuments aux morts n’oublieront pas ces indispensables accessoires comme en témoigne la sculpture du monument de Lavercantière (Lot). Mais le 4 décembre, l’armée demande de ne plus envoyer de cache-nez ni de passe-montagnes de couleur vive trop visible. Le pantalon rouge ayant vécu, il faut alors adopter le bleu gris. Lavercantière : monument aux morts, détail du soldat portant un passe-montagne, © Conseil régional Midi-Pyrénées L’armée rappelle tout de même les quantités importantes de vêtements chauds qu’elle fournit aux soldats. Elle rend compte des efforts du service de fabrication qui a envoyé aux escadrilles une moyenne de deux fourrures par aviateur. Elle indique également que les militaires affectés au service de l’aviation touchent la solde afférente à leur rang et que les soldats aviateurs reçoivent un franc par jour lorsqu’ils sont légalement en service et deux francs dans le cas contraire.Les autorités françaises préparent le réveillon du Nouvel An pour les soldats : l’intendance doit distribuer un menu composé de jambon, saucisson, pommes, oranges, un demi-litre de vin et un cigare pour chaque homme et une bouteille de Champagne pour quatre. Tous les soldats devraient ainsi être comblés même le plus petit d’entre eux, qui serait d’après la presse régionale, originaire de Grisolles dans le Tarn-et-Garonne. Incorporé au 7e régiment d’infanterie avec la classe 1914, il mesurerait 1,48 m.Le lien entre les soldats et leurs familles passe par le courrier et l’administration des Postes informe que le 2 décembre, le bureau central a eu à gérer 1 620 000 lettres. Le nombre de colis postaux envoyés aux militaires est, à la mi-décembre, "tellement considérable" que plus de 100 wagons par jour (200 000 paquets) sont nécessaires au transport. La Poste rappelle que les colis ne doivent pas contenir de liquide, de denrées comestibles ou périssables.Enfin, un évêque du Sud-Ouest exhorte les prêtres à aller au front car "là-bas, vous gagnez même ceux qui avant la guerre étaient séparés de nous, nous combattaient peut-être". "L’opinion publique s’émeut" écrit-il lorsqu’elle voit les ecclésiastiques partager la vie des soldats, donnant ainsi une bonne image de la religion.Nos blessésD’après une étude du professeur H. Harmann publiée au début du mois, les plaies produites par l’artillerie sont les plus nombreuses : 160 sur 268 cas, 90 fois par balles et la fréquence des fractures est importante, 112 sur 311 blessés.Les convois de blessés arrivent toujours en grand nombre dans des hôpitaux. Les blessés ont froid car les couvertures sont chères aussi les associations font une fois encore appel aux dons de plumes d’oies, canards, volailles et d’étoffes leur permettant de confectionner des édredons et des couvre-pieds. Deux militaires alités. Photographie Meurisse, 2 place du Peyrou à Toulouse, © Archives municipales de Toulouse, cote 9 Fi 5707 Le 18 décembre, les autorités prennent la décision de mettre "autant que possible" les blessés musulmans dans les mêmes hôpitaux que les autres blessés, métropolitains et indigènes, afin qu’ils constatent qu’ils sont tous soignés de la même manière.Une permission d’une semaine est accordée aux militaires convalescents qui devront ensuite rejoindre leurs dépôts et une assistance par le travail est proposée à ceux qui le souhaitent.Mais tous attendent Noël et ils sont nombreux ceux qui vont aux concerts organisés à leur intention. Les "dames de la Croix-Rouge" de Lectoure organisent un Arbre de Noël offert aux blessés de l’hospice ; des oranges pendent aux branches du sapin et un paquet est donné à chaque blessé. Il contient ½ kg de chocolats et de dragées, des figues, des dattes et des raisins glacés, du tabac et un flacon de liqueur, rhum ou armagnac. Une tombola suit et les lots sont des cigares, des pipes, des blagues à tabac, des canifs, des peignes etc…Nos morts et disparusLes familles sont dans la plus grande inquiétude. À Saint-Lizier, nombreuses sont celles sans nouvelles des leurs depuis le début du mois d’août. Et lorsque les nouvelles arrivent, elles sont parfois trompeuses : le 17 décembre, une famille demeurant à Lectoure apprend le décès d’un de ses fils. Quelques jours après celui-ci envoie de ses nouvelles en écrivant qu’il est blessé à un genou.Parfois, la famille apprend par un tiers que le soldat porté disparu est en réalité prisonnier dans un camp en Allemagne.Mais le plus souvent l’information est fiable et les familles sont nombreuses à demander au ministre de la Guerre la restitution des corps des leurs. L’autorité militaire rappelle alors la circulaire du 17 novembre : aucune exhumation n’est autorisée dans la zone des armées pour des raisons sanitaires et par "l’égalité de traitement à conserver entre les familles plus ou moins fortunées". L’armée précise que des instructions ont été données pour localiser et relever dans la mesure du possible l’emplacement des tombes des malheureux.Conseils de révisionLa mise en route du contingent de la classe 1915 doit être effective au 20 décembre. Aussi, les conscrits préparent leur départ. Ceux de Villefranche-de-Rouergue se réunissent le dimanche 6 décembre. Après la messe de 10 h, ils font une quête qui rapporte 56,20 F et après le déjeuner offert par l’archiprêtre, ils parcourent les rues de la ville en chantant des refrains patriotiques. Puis ils déposent une gerbe de fleurs au pied du monument de 1870 et vont à 6 h du soir au café Roustan et à l’hôtel Oustin où leur est servi un excellent dîner.En ce début de mois, les réformés et exemptés des classes précédentes sont également convoqués pour repasser en conseil de révision. Parce que le préfet redoute des insoumissions ou des désertions, il rappelle les conséquences que de telles décisions entraînent. Il précise aussi que ne seront réformés que "ceux qu’il est absolument impossible d’[…]utiliser".Le besoin en hommes est important. Aussi le ministre de la Guerre lance l’incorporation des jeunes gens nés entre le 1er janvier et le 31 décembre 1896. Il demande à chacun de rapidement s’inscrire en mairie et décide ensuite que les conseils de révision débuteront dès le 4 janvier 1915 pour la classe 1916 et devront être terminés au 7 février suivant. Mais certains jeunes s’inquiètent pour leurs études et ils demandent de passer le baccalauréat en session spéciale.Conseils de guerreLes conseils de guerre sont très actifs en cette fin d’année. Ils jugent des affaires concernant les vols notamment d’effets militaires, les escroqueries et les abus de confiance. Un infirmier est accusé d’avoir volé les affaires d’un blessé qu’il soignait et un militaire est inculpé car il a vendu une bicyclette qui ne lui appartenait pas.Les actes d’insoumission, de désertion avec parfois quelques complicités sont signalés ainsi que les outrages à un supérieur, les refus d’obéissance et parfois les refus d’obtempérer aux réquisitions. Plus rarement, certains militaires sont accusés de port illégal d’insignes ou voies de fait envers un supérieur. La plus grande publicité sur ces jugements est alors faite.La censure est également toujours active et le 28 décembre, la France de demain est interdit de parution.Vie quotidienneÀ cause du froid, on assiste à de nombreux feux de cheminée. Aussi, comme chaque année, la ville de Toulouse informe ses habitants qu’au 21 décembre, les agents de police accompagnés d’un ramoneur ou d’un couvreur visiteront toutes les maisons. Les ramoneurs – ceux qui auront pris la précaution de se faire inscrire au commissariat de police pour pouvoir travailler – interviendront sur les cheminées qui n’auront pas été nettoyées et les propriétaires paieront une amende.C’est un incendie qui détruit en grande partie le 10 décembre l’usine Nougayrol boulevard Riquet à Toulouse. Cette usine confectionne 400 paires de chaussures par jour pour l’armée et 300 ouvriers vont être au chômage. Ils partageront probablement le sort de ceux de plus en plus nombreux, qui vivent dans la misère. La mendicité étant interdite, les mendigots sont arrêtés et des procès-verbaux leur sont dressés.Les municipalités sont attentives aussi à l’entretien des chemins et routes. En décembre, les propriétaires des terrains situés en bordure de voies doivent, à la demande des maires, élaguer les arbres et tondre les haies.Les habitants de Midi-Pyrénées se plaignent face aux difficultés rencontrées pour se ravitailler. Ils demandent que les boulangers mobilisés reviennent faire le pain indispensable : d’après les statistiques de 1913 publiées par l’historien Alain Prost, une famille composée de quatre personnes mange alors 2 kg de pain par jour.Les habitants dénoncent alors ceux qui les trompent sur le poids du pain et certains professionnels sont poursuivis pour défaut de taxes et de balances. Le maire de Gaillac fixe le 19 décembre, le prix du pain bis à 0,30 F le kg et exige que les boulangers vendent des pains ronds de 5 kg et de 2,5 kg. D’autres personnes reprochent à une laitière d’additionner d’eau le lait, à un boucher de tromper ses clients sur la marchandise et de ne pas payer ses taxes sur les produits. Aussi, les commissaires parcourent villes et villages effectuant de nombreux contrôles.Les nombreuses plaintes – elles concernent aussi l’absence de médecins en Midi-Pyrénées car ils sont réquisitionnés au front – témoignent du mécontentement grandissant de la population qui adhère pourtant encore aux efforts demandés notamment la partie la plus jeune. Elle participe avec entrain aux sociétés de préparation militaire comme celle de la Haute-Garonne qui organise toutes les semaines des cours d’apprentissage. Et, depuis le 23 décembre, dans un but patriotique, les jeunes font l’objet d’une attention particulière de l’armée : le capitaine Javogues inaugure une série de "conférences destinées aux jeunes gens des classes 1916 et 1917 désireux de perfectionner leur instruction et leur éducation militaires".La population s’habitue aux difficultés de circuler et à la règlementation de plus en plus rigoureuse. Les sauf-conduits deviennent personnels et sont de deux sortes : sauf-conduits temporaires sur papier blanc, et sauf-conduits permanents sur carton vert. Le commissaire de police, ou à défaut le maire, délivre les documents temporaires pour se rendre à une distance inférieure ou égale à 150 kilomètres, aller ou retour. Le général commandant la subdivision délivre les sauf-conduits temporaires pour se rendre à une distance supérieure à 150 kilomètres, ainsi que les sauf-conduits permanents.En cette fin de décembre, la situation de la ville de Toulouse décrite dans un de ses conseils municipaux est celle de nombreuses communes : "l’état du budget [est] difficile à mettre en œuvre" et "Les dépenses ont augmenté les recettes diminué". À l’exemple des "fourneaux économiques dont le nombre est monté de 5 à 14 qui a servi au début de la guerre 20 000 portions par jour et actuellement ramenées à 10 000", l’assistance aux plus défavorisés pèse sur le budget communal. Les traitements des employés mobilisés sont toujours versés et il faut, de plus, payer leurs remplaçants pour assurer une continuité dans les services de l’octroi, dans la police (57 policiers sont engagés) et chez les pompiers (25 pompiers temporaires). L’augmentation de la dépense de la Ville est alors de 68 627 francs. De plus, les rentrées de l’octroi ont fléchi significativement, les recettes de droits de place aussi car des marchés ont été réduits ou supprimés comme la foire annuelle de novembre sur les allées Lafayette, et les droits de voiries ont diminué avec la fermeture de magasins ou la suppression d’étalages sur la voie publique. Dans ce climat économique incertain, la Ville décide de prévoir la somme 200 000 francs pour les dépenses extraordinaires de la guerre.Enfin, le conseiller municipal Albert Bedouce signale la nécessité d’agrandir le cimetière de Terre-Cabade et propose qu’une partie des terrains acquis soit affectée à l’association "le Souvenir français" pour inhumer dans un même coin de terre les soldats.Les finances locales sont affectées par le conflit mais aussi par l’occupation par l’armée de locaux municipaux : le maire d’une commune du Tarn, monsieur Bro, indique le 19 décembre que les réparations aux locaux scolaires occupés par la troupe s’élèvent à 790 francs.Malgré les difficultés économiques, le premier Noël de la guerre est fêté. La municipalité de Mazamet dans le Tarn rend compte du Noël de la commune. Sur les tables situées de part et d’autre du sapin, sont, à gauche les poupées pour les filles, à droite les petits soldats de bois pour les garçons. Les poupées des filles représentent "l’Alsacienne", la "dame de la Croix-Rouge" et la "Fille de charité des champs de bataille".Pour le Nouvel An, les grandes villes autorisent exceptionnellement l’ouverture des cafés jusqu’à 22 h.Sport et spectacleLe 3 décembre 1914, le match qui oppose le Stade Toulousain au Football association Section perpignanaise est annoncé et nombreux seront les spectateurs. Aussi nombreux sont ceux qui occupent sous un vent glacial les bancs en bois des tribunes et qui s’appuient aux lisses du terrain de Figeac le 6 décembre : la rencontre oppose le Stade figeacois au Collège Club villefranchois.Les différentes structures enseignantes et associatives annoncent leur fermeture pour les vacances de Noël. À l’exemple de l’école des Beaux-Arts de Toulouse, les cours sont suspendus du 23 décembre à 17 heures au 4 janvier au matin. Seuls sont maintenus dans certaines municipalités les cours du soir pour adolescents et adultes les mardis et vendredis de 20 h à 21 h 30.Le 19 décembre, "afin d’aider les musiciens qui souffrent du chômage" les concerts symphoniques reprennent au Grand café Barrié et le 24 décembre, le théâtre du Capitole annonce les représentations de Rigoletto puis de Carmen en spectacles de fin d’années.Foires et marchésLe premier décembre, des trains spéciaux sont organisés pour faciliter l’accès à la grande foire du lendemain à Saint-Sulpice sur Lèze. Les foires sont d’excellents témoins des activités et échanges commerciaux. Lorsque le prix des veaux et des cochons gras est élevé comme à la foire du 22 décembre dans le Tarn, il fait le bonheur des vendeurs. Attirés par les affaires, ils sont alors plus nombreux. Sur les marchés toulousains, les prix véritables indicateurs de la vie économique sont les suivants et semblent stables : Blé de 21 à 22 F, avoine, de 10 à 11 F, maïs, de 17 à 19 F, oies grasses, de 0,90 à 1 F le demi-kilo, canards gras, 1,05 F le demi-kilo et les œufs, 1,40 F la douzaine.Enfin, à la fin du mois, la direction des contributions indirectes publie les résultats complets de la récolte des vins non compris les résultats de la partie du territoire envahie : 56 134 159 hl en 1914 contre 41 053 832 hl en 1913. Les départements à plus fort rendement sont l’Hérault, l’Aude, la Gironde, le Gard, les Pyrénées-Orientales, la Charente Intérieure, le Var, l’Indre-et-Loire….Bonnes œuvresUne kyrielle d’associations fondées sur l’initiative privée interviennent dans le domaine de l’assistance. La Croix-Rouge est la plus connue et le comité d’Auch de cet organisme informe à la fin du mois que sont seules autorisées à porter le brassard et à quêter au nom de la Croix-Rouge, les personnes munies :1° de la carte d'identité du personnel appartenant à l'hôpital auxiliaire n° 13, signée par le délégué régional et par le directeur du service de santé de la 17e région ;2° de l'autorisation de Mme la présidente. Il est vrai que les quêtes et demandes de dons en nature, en argent en faveur des blessés, prisonniers, disparus, réfugiés, familles nécessiteuses deviennent quotidiennes depuis quelques mois mais les listes des généreux donateurs sont publiées dans les journaux.À côté des habituels "paquets d’hiver de nos soldats" de multiples œuvres abondent. Le "vin aux soldats" fonctionne bien dans le Tarn-et-Garonne, à Auch, les bénévoles lancent l’opération du "tricot du soldat", réalisant des lainages qu’ils envoient au front. Les "œuvres des mutilés" et la "fondation de l’œuvre des orphelins de guerre" sont créées en décembre ainsi que le "Noël des soldats". Cette opération consiste à préparer des colis contenant des victuailles à envoyer aux soldats.Enfin, pour répondre aux premiers besoins, la mairie de Villefranche-de-Rouergue informe les habitants qu’elle mettra en paiement l’allocation des soutiens de famille tous les lundis, mercredi et vendredis matin à partir du 5 décembre. Le 12 décembre suivant, les maires demandent aux plus démunis qui sont pris en charge par l’assistance médicale gratuite, qu’ils fassent connaitre le médecin qu’ils ont choisi pour 1915. Et la mairie de Tarbes supprime à partir du 15 décembre toutes les subventions aux associations autres que les œuvres de bienfaisance.RéquisitionsLe 12 décembre, l’armée réceptionne à Tarbes les bestiaux qu’elle a réquisitionnés. Au petit matin, les nombreux propriétaires se présentent par communes et amènent leurs animaux à la commission mixte composée des autorités civiles locales et militaires. Ce jour-là, les bêtes réceptionnées seront payées 0,90 F le kg pour les bœufs, 0,85 F le kg pour les vaches. Les déclarations pour les chevaux et les mules doivent être faites en ce mois. Réquisition des bestiaux dans le Nord rassemblés par les militaires, Agence Rol, © Gallica.bnf.fr Les réquisitions portent encore sur tous les tombereaux et les brouettes de la région que les propriétaires doivent rapidement présenter. À Gaillac, le 19 décembre, l’autorité militaire demande à la mairie de recenser toutes les automobiles et leurs conducteurs.La commission de Ravitaillement ayant réquisitionné l’usine de chocolats Saint-Bernard à Toulouse, l’entreprise informe le public le 30 décembre qu’elle ne peut livrer qu’en quantité très restreinte les chocolats en tablettes de 125 gr et qu’elle a supprimé pour cette année la fabrication de boules crème, Praliné et bonbons au chocolat, fournissant exclusivement les soldats.Les réfugiésLes réfugiés arrivent toujours en grand nombre dans la région, plus de 750 débarquent le 19 décembre à la gare de Gaillac ou à la fin du mois à celle de Castres. Les associations appellent aux dons de vêtements pour "nos amis belges" car les précédents dons sont déjà épuisés. Elles organisent des ventes du "drapeau belge" et la "journée du drapeau belge" qui s’est déroulée le dimanche a rapporté la somme de 720 F, montant témoignant "du mouvement de générosité qui dans la France entière s’est manifesté ce jour-là en faveur de nos braves amis belges".Les étrangers et les prisonniersLa chasse aux entreprises et aux produits allemands se poursuit activement. Des colis de marchandises sont tous les jours mis sous séquestre. À Galan, dans le Tarn, en ce milieu de décembre, c’est le cas d’une propriété allemande mais la décision est annulée lorsque l’enquête démontre que cette propriété rapporte des revenus perçus par des Français. Le 8 décembre, un groupe d’Allemands est exclu de la région, extradé en Suisse.Quelques jours plus tard, à Lourdes, des prisonniers alsaciens et allemands sont réunis dans le même camp. Une rixe assez grave éclate après que les Alsaciens ont entonné la Marseillaise. Les Lourdais demandent à l’armée de "traiter les Alsaciens-Lorrains non pas en Allemands mais en français" ou du moins qu’ils soient séparés des Allemands.À Trèbes, dans le Tarn, les 150 prisonniers employés sur la ligne ferroviaire Albi – Saint-Affrique sont d’origine alsacienne ou polonaise. Les 50 autres qui travaillent sur la même ligne à la limite du département sont allemands. L’entreprise qui les emploie écrit que "tous travaillent très activement et très docilement". Des dépôts situés à Cordes, Monestiès et Carmaux sont aménagés pour loger les prisonniers qui devront construire la ligne Carmaux-Vindrac.