Le patrimoine lié à l'eau #1

Paragraphe
Titre
Projet de recherche transversal de l’Inventaire du patrimoine en Occitanie (2024-2030)
Paragraphe niveau 2
Corps

L’eau est au centre des préoccupations de l’Inventaire dans plusieurs régions, principalement par le biais d’études topographiques portant sur des communes en bord de rivière ou d’estuaire, ou dans des zones marquées par la présence de marais ou d’étangs. Le patrimoine lié à l’eau est aussi largement représenté dans les études thématiques concernant la villégiature ou le patrimoine industriel, qu’on retrouve dans toutes les régions.

En région Occitanie, le patrimoine lié à l’eau est au cœur de certaines enquêtes thématiques de l’Inventaire (moulins, thermalisme dans les Pyrénées, Canal du Midi, etc.), mais il est aussi régulièrement traité au gré des études topographiques et ne fait pas alors toujours l’objet de synthèses spécifiques. En 2023, un numéro de la revue Patrimoines du Sud s’est intéressé à ce sujet dans un dossier intitulé « Ça coule de source ? L’eau et ses patrimoines en Occitanie ». Les articles ont apporté un éclairage sur des sujets variés dans différents territoires de la région, donnant une vue d’ensemble des études possibles sur le sujet.

La région Occitanie compte 74 000 km de cours d’eau, 35 500 zones humides, 40 000 ha de lagunes méditerranéennes et 124 retenues d’eau[1]. Le territoire se trouve à cheval sur trois grands bassins-versants : Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée et Loire-Bretagne. Aujourd’hui, les effets du changement climatique se font largement sentir dans la région avec une hausse des températures, une augmentation de la fréquence des épisodes extrêmes (tempêtes, canicules) et donc une pression de plus en plus forte sur la ressource en eau. La gestion de cette ressource est l’un des axes prioritaires de la politique régionale autour du Plan Régional pour l’Eau.

Média
Image
Image
Corps

Le patrimoine lié à l’eau peut être directement touché par les aléas naturels ou les effets du changement climatique. Les crues par exemple peuvent fragiliser, voire détruire, certains éléments de ce patrimoine, tout comme les épisodes de sécheresse extrême. À l’inverse, ces derniers peuvent aussi donner à voir des éléments du patrimoine habituellement submergés. Le patrimoine lié à l’eau a souvent une forte valeur d’usage et est donc beaucoup plus soumis que d’autres à des évolutions techniques. Ces améliorations ont pu entrainer des transformations importantes voire des reconstructions (ex : écluses agrandies au gabarit Freycinet sur le Canal du Midi), et c’est encore le cas aujourd’hui. Certaines politiques publiques ont parfois des conséquences importantes sur la conservation du patrimoine, comme par exemple celles liées à la restauration de la continuité écologique des cours d’eau qui peuvent notamment conduire à la destruction de seuils de moulins et d’autres usines. Dans ce contexte, les éléments du patrimoine lié à l’eau peuvent parfois être en péril et leur étude semble plus que jamais nécessaire, dans un souci de suivi et d’accompagnement des transformations lorsqu’elles sont inévitables[2].

Plus largement, une meilleure connaissance du patrimoine lié à l’eau dans la région permet d’appréhender comment les générations passées ont utilisé cette eau pour (se) nourrir, produire, se déplacer, se soigner, ou encore se divertir. La question se pose plus largement du rôle de l’eau, de son absence et/ou de son abondance, dans l’aménagement du territoire, du choix de l’implantation des agglomérations à la gestion des épisodes de crises par exemple. Le patrimoine lié à l’eau, présent dans toute la région et sous des formes variées, offre un terrain d’étude propice à des réflexions plus larges sur les usages actuels et futurs de l’eau dans le contexte du changement climatique.

L’objectif de ce projet transversal est de poursuivre ce qui avait été amorcé en 2023 dans le dossier de la revue Patrimoines du Sud et d’aller plus loin dans l’exploration du sujet. Ce projet ne vise pas un inventaire exhaustif des patrimoines de l’eau. Il s’agit d’identifier ceux sur lesquels nous travaillons déjà et ceux qui constituent un angle mort de la recherche dans notre région. L’ambition est de proposer des synthèses thématiques à l’échelle de territoires plus ou moins vastes selon les sujets traités, et de les mettre en regard les unes des autres afin de proposer des pistes de réflexion autour de problématiques plus précises. Les échanges interrégionaux sont aussi à envisager sur certains thèmes comme le thermalisme, les canaux ou encore les ports méditerranéens. L’intention est aussi de mieux faire connaître la pluralité de ce patrimoine lié à l’eau auprès du grand public, mais aussi peut-être plus spécifiquement auprès de tous les acteurs qui interviennent autour de ce patrimoine (propriétaires, décideurs, aménageurs, etc.).

Média
Image
Image
Corps

Le projet est piloté au sein du Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines (SCIP) de la région Occitanie par Anaïs Comet.

Mots-clés : patrimoine de l’eau, projet transversal

Autrice : Anaïs Comet, chercheuse, Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines, Région Occitanie ; associée au laboratoire Framespa (UMR 5136).

Pour citer ce billet : Anaïs Comet (16/09/2024). Le patrimoine lié à l’eau. Projet de recherche transversal de l’Inventaire du patrimoine en Occitanie (2024-2030). Carnet de recherches. Inventaire et valorisation des patrimoines d’Occitanie. URL :  https://patrimoines.laregion.fr/node/2687/


[2] Un groupe de travail interministériel a été constitué en 2015 afin de concilier les enjeux environnementaux et patrimoniaux. Il a abouti à la réalisation d’une grille d’analyse permettant de mieux caractériser les ouvrages et d’accompagner la prise de décision.