Établissements scolaires et 1% artistique

Avec pas moins de 230 000 lycéens sur son territoire, l’Occitanie compte 355 lycées qu’elle entretien, rénove et construit. C’est presque 10 % du nombre total d’établissements du secondaire dont elle a la charge.

On raconte que c’est dans un gymnase athénien situé près d’un temple dédié à Apollon Lykeios qu’Aristote enseignait. Le philosophe aidait ainsi les adolescents à passer à l’âge adulte sous la tutelle de la divinité qui révèle les mystères et initie les musiciens et les poètes.

Si la légende a son charme, l’histoire de l’institution est plus récente puisqu’on doit sa création à Napoléon Bonaparte. L’homme d’état souhaitait former « l’élite de la nation ». A l’époque, le lycée assurait une formation en lettres et en sciences. Le programme se résumait aux langues anciennes, l'histoire, la rhétorique, la logique, aux sciences mathématiques et physiques. Les élèves (principalement des garçons) étaient internes et portaient un uniforme. Les établissements, peu nombreux, étaient intégralement pris en charge par l’État.

L’histoire est même plus complexe puisque l’Occitanie dispose de lycées qui sont parmi les plus anciens de France : 
-    à Montpellier le lycée Joffre, inauguré en 1807 en qualité de « grand lycée impérial », est considéré comme un des plus anciens de France parce qu’il prolonge la mission du collège royal, qui avait pris la suite de la faculté des arts de l’université de Montpellier fondée en 1289 par le pape Nicolas IV. 
-    à Béziers, le lycée Henri IV, créé en 1598 par une lettre patente du roi permet d’enseigner de former les adolescents dès cette époque.
-    à Cahors, le lycée Gambetta, autrefois collège des Jésuites, ouvre en 1604 en complément d’un collège Saint-Michel fonctionnant depuis le XIVe siècle.

C’est après le 21 décembre 1880, à l’initiative de Jules Ferry et de Camille Sée que sont apparus les lycées de jeunes filles et c’est encore une fois en Occitanie que le premier établissement de genre fut créé. La création du lycée Georges Clémenceau est votée par le conseil municipal de Montpellier dès le 11 octobre 1881. Il est inauguré par le président de la République Sadi Carnot 9 ans plus tard. Il accueille alors 73 filles.
La gratuité de l’enseignement dans les lycées est assez récente puisqu’elle n’est pas antérieure aux années 1930 et quelques années plus tard, la mixité sera autorisée. Cependant leurs plans sont uniformisés, leurs architectes sont désignés par l’État et les normes sont nationales.
Dans la seconde moitié du XXe siècle l’histoire de lycées s’accélère et se complique. Les lycées professionnels sont institués en 1977 et depuis 1982 la construction et les locaux des lycées sont sous la responsabilité de la Région qui a investi depuis 2016 893 millions d’euros dans les travaux. 
Ainsi à l’image standardisée qui existait s’est peu à peu substituée une grande variété. Les nouvelles constructions se sont multipliées et les modèles fournis par les catalogues sont devenus obsolètes. Désormais les chantiers des lycées sont des lieux où l’on expérimente et où l’on innove. Il est donc devenu nécessaire de les étudier et de se pencher sur 200 ans d’histoire de l’architecture.
Enfin, le patrimoine des lycées, largement méconnu, souvent sous-estimé, parfois sacrifié aux impératifs de la fonctionnalité, mérite aujourd’hui une attention qui lui a trop longtemps fait défaut.