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Il y a quelques mois paraissait un ouvrage de synthèse intitulé « Les vitraux du Midi de la France ». Cette publication a mobilisé 4 photographes et plusieurs chercheurs pendant 5 ans. Ils ont sillonné les routes des 13 départements pour aller retrouver dans les églises, les chapelles, les réserves des musées ou encore quelques maisons privées, la trace des vitraux anciens de la région et ce ne sont pas moins de 143 verrières ou éléments de verrières qui ont été retrouvés. Chacun a fait l’objet d’une description précise et de prises de vues détaillées. Ainsi, plusieurs milliers de clichés sont aujourd’hui archivés dans la base de données.
Le vitrail est une technique en général indissociable de l’architecture. Les pièces de verre, colorées ou non, sont assemblées avec du plomb, pour les plus anciennes, des rubans de cuivre (méthode Tiffany), du béton ou de la résine pour les plus récentes. L’ensemble porte le nom de « verrière ». La France, pays de cathédrales est celui qui a la plus grande surface de vitraux dans le monde. En Occitanie, la répartition géographique est très irrégulière. L’Aude apparaît comme le département le mieux doté avec les 23 verrières de la cathédrale Saint-Nazaire de Carcassonne et les 28 vitraux encore en place à la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne. Le Gard et la Lozère en revanche sont des zones presque blanches sur la carte, tout comme le département des Pyrénées-Orientales, partie française de la Catalogne, ou l’Ariège et les Hautes-Pyrénées. Mais les départements du nord-ouest de l’Occitanie ont conservé des richesses considérables, en particulier le Gers, le Lot et l’Aveyron qui comptent une douzaine de sites chacun.
Les vitraux sont plus rares dans les demeures civiles de la région. Bon nombre de musées conservent des vitraux civils mais on ignore bien souvent d’où ils proviennent. Certaines pièces sont cependant restées en place comme à Cordes, Cahors, Figeac, Rodez, Meyrueis, Perpignan, où même dans le palais des Rois de Majorque, avant le XVIe siècle, on fermait les baies avec des toiles cirées ou des parchemins huilés.
Bon nombre de vitraux conservés, de manière fragmentaire, sont venus orner les fenêtres de châteaux et de demeures dont de riches collectionneurs avaient fait l’acquisition. Ainsi Jean Mouliérat (1845-1932), ténor de l’opéra-Comique, sauve le château de Castelnau-Bretenoux (Lot) en faisant son acquisition en 1896 et consacre les trente dernières années de son existence à restaurer et remeubler le château. A Belcastel (Aveyron), c’est l'architecte Fernand Pouillon (1912-1986) qui achète et entreprend la restauration complète du château. Il collectionne sur le marché de l’art des fragments de vitaux anciens qu’il fait remonter et placer dans la plupart des fenêtres de son château. A Fontfroide (Aude), Gustave Fayet (1865 - 1925), fera renouveler les vitraux de l’ancienne Abbaye par l’artiste Richard Burgsthal qui se fera peintre-verrier, installé à demeure, le temps du chantier.
Chaque vitrail de la région porte un double dessin. Le premier est celui du réseau de plomb qui maintient les pièces entre elles, le second est celui des verres eux-mêmes tracé avec plus ou moins de délicatesse en fonction des époques ou des techniques. Quand il était impossible pour des raisons techniques de percer les murs et d’y installer des vitraux, on les remplaçait par des peintures en trompe l'œil. Ainsi, on retrouve de procédé à Toulouse, Cahors ou encore à Perpignan. Le vitrail fait l’objet d’un dessin préalable et les cartons préparatoires sont fréquents. Arnaud de Moles les a multipliés à Auch. Les frères Mauméjean, implantés dans le Pays Basque, ont proposé des dessins préparatoires pour un décor complet à Puylaroque (Tarn-et-Garonne) qui n’a jamais été réalisé. On repère aussi parfois parmi les graffitis, le nom des ouvriers qui sont venus réparer les verrières.
L’Occitanie a hébergé une manufacture de vitraux qui a énormément produit. Il s’agit de l’usine Gesta dont le propriétaire se flattait en 1877 d’avoir réalisé des vitraux pour plus de sept mille églises. Cette manufacture a éclipsé de nombreux autres ateliers régionaux mais elle fit travailler des cartonniers de renom. Un atelier célèbre reste celui de Jean-Dominique Fleury, peintre-verrier d’exception qui exécuta non seulement les vitraux de Conques, dessinés par Pierre Soulages, mais a créé de nombreuses œuvres originales dans la région et le fonds est en cours de classement à l’Hôtel de Région de Toulouse.
Retrouvez ces vitraux et bien d'autres dans deux ouvrages :
Les vitraux du Midi de la France, paru en 2020 dans la collection du Corpus Vitraerum
et
Vitraux en Languedoc Roussillon, paru en 2017 dans la collection régionale Focus. >En savoir plus sur cet ouvrage.
Vous pouvez les consulter dans les centres de documentation de l’Inventaire de Montpellier et de Toulouse.