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La dendrochronologie en Midi-Pyrénées

Au-delà de la datation des arbres et des bois d’œuvre, la dendrochronologie apporte nombre d’informations sur l’histoire du climat et du paysage, l’exploitation des bois et leur commercialisation, les techniques de mise en œuvre…

01 April 2012
Auteur : Maurice Scellès et Romain Deplano

Un programme facilitant l'étude des édifices en Midi-Pyrénées

Le programme lancé en 2004 a permis de combler en partie le retard de Midi-Pyrénées en dendrochronologie et d’obtenir des datations précises sur des édifices, châteaux, hôtels, maisons urbaines ou granges, qui concourent ainsi à la constitution d’un corpus de références. Il accompagne les travaux d’inventaire conduits par le service de la connaissance du patrimoine de la Région Midi-Pyrénées et par ses partenaires.

A la fin de l’année 2011, ce sont 69 édifices qui ont fait l’objet de prélèvements et d’analyses. La courbe pour le chêne est disponible pour les années 1031 à 1784, puis pour les années 1790 à 1984. Elles ne sont qu’embryonnaires pour le châtaignier (1441-1548) et le sapin (1450-1634).

Le programme a été concentré à l’origine sur le Quercy, Lot et partie est du Tarn-et-Garonne, où les études étaient les plus nombreuses et où le chêne est le principal bois d’œuvre. Il a été étendu au Tarn et à l’Aveyron, et plus récemment au nord du Gers avec Lectoure.

Une datation précise qui permet de mieux comprendre le contexte de la construction

Quelques exemples permettent d’illustrer l’intérêt des datations obtenues.

Les techniques de construction, et en particulier les assemblages très caractéristiques des écharpes, avaient conduit à situer deux maisons à pan-de-bois de Cahors avant le 15e siècle. L’analyse des bois a montré qu’elles étaient des années 1270 : elles comptent parmi les plus anciennes maisons à pan-de-bois conservées en France.

Bourg castral longtemps considéré comme une bastide, Cordes-sur-Ciel est l’une des plus emblématiques villes neuves du Moyen Âge en Midi-Pyrénées. Deux des belles façades en grès de la Grand-rue (maison Carrier-Boyer et maison Gaugiran) ont été datées par la dendrochronologie des années 1267-1270, soit vingt ans plus tôt que la chronologie admise jusque-là. Elles ont donc été construites avant la mort de d’Alphonse de Poitiers et le rattachement de Cordes au royaume de France.

L’archidiaconé Saint-Jean, à Cahors, était daté d’après ses armoiries des années 1520-1543. On sait maintenant que l’on a préparé le chantier en 1525-1526. Les travaux ont pu commencer dès le printemps 1526 et l’hôtel était achevé deux ans plus tard, prêt pour recevoir le nouvel évêque en octobre 1528. La précision apportée à sa datation fait de l’archidiaconé un jalon précieux de la diffusion des décors de la Renaissance.

Le département du Lot conserve quelques granges à abside et à charpente à cruck des 17e et 18e siècles. La grange de Floirac a été datée de 1465, ce qui indique que les charpentes à arbalétriers courbes descendant jusqu'au sol (cruck), fréquentes en Angleterre dès le 14e siècle, ont été utilisées en Quercy et en France au moins à partir du milieu du 15e siècle.

Aller plus loin avec la dendrochronologie

Pour établir son plan d’échantillonnage, le dendrochronologue doit procéder à toute une série d’observations sur les bois : traces de remploi, marques de charpentier, traces d’outils, assemblages, modes d’équarrissage des poutres et de débitage des planches, etc. qui sont autant d’informations précieuses sur les techniques et leur histoire.

Les analyses permettent dans bien des cas de préciser les modalités d’approvisionnement des chantiers, et donnent des indications sur les aires de collecte et le commerce du bois. Elles nous renseignent aussi sur l’état des forêts, sur les essences exploitées et cultivées... Leur intérêt dépasse donc largement celui de la datation des œuvres. Elles seront de plus en plus des sources indispensables pour tous ceux qui étudient l’histoire du paysage et du climat de notre région.

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